Fortune faite en vingt-cinq ans d’Iliad, Xavier Niel poursuit son odyssée à la conquête du monde

Alors que le groupe Iliad a tenu son assemblée générale le 20 mai, Xavier Niel – premier actionnaire à hauteur de 55 % du capital – s’enrichit encore un peu plus grâce aux performances de son groupe et à ses récentes acquisitions internationales. Le milliardaire autodidacte est aussi copropriétaire du Monde
et de L’Obs. Et après ?

Xavier NielIl y a près de vingt-cinq ans, Xavier Niel (photo) rachetait la société Fermic Multimédia, un éditeur de services de Minitel rose créé dans les années 1980, et la rebaptisait Iliad. Il y a quinze ans, il développait un accès à Internet gratuit : Free. Et c’est en novembre 2002 qu’il introduisait en France le concept de triple play – où le téléphonie, l’Internet et la télévision devenaient accessibles à partir d’un boîtier unique, la « box ». La Freebox était née.
Puis, il y a dix ans, Free se mettait à proposer – en partenariat avec Canal+ – la première offre de vidéo à la demande (VOD) en France. Free Mobile, lancé il y a plus de trois ans et atteignant aujourd’hui 15 % de parts de marché, est venu compléter les actifs de Xavier Niel, qui est resté depuis le début de l’odyssée d’Iliad l’actionnaire majoritaire – 54,7 % du capital et 69,19 % des droits de vote.

Vers un patrimoine de 10 milliards d’euros
Free compte, au 31 mars, 16,5 millions d’abonnés, dont 10,5 millions dans le mobile
et plus de 5,9 millions dans le haut débit fixe. Aujourd’hui, son groupe pèse autant en Bourse que le groupe Bouygues (incluant les activités BTP, TF1 et son grand rival Bouygues Telecom) : soit plus de 12,5 milliards d’euros !
Sa valorisation boursière a même dépassé un temps celle de Bouygues après la publication, mi-mai, de bons résultats au premier trimestre et d’un objectif confirmé de croissance (1) de 10 % en 2015. L’action a été multipliée par 13 depuis son introduction en 2004. Bien qu’il soit rémunéré seulement 180.000 euros sans aucune partie variable, l’autodidacte milliardaire tire de cette part du lion au capital du groupe qu’il a fondé l’essentiel de sa fortune personnelle.
L’assemblée générale des actionnaires du groupe Iliad a décidé, le 20 mai dernier, de verser aux actionnaires du groupe Iliad a décidé, le 20 mai dernier, de verser aux actionnaires 0,39 euro par action, soit 22,9 millions d’euros après avoir approuvé les comptes de l’année 2014 : pour la première fois, le chiffre d’affaires a dépassé les 4 milliards d’euros (+ 11,2 % sur un an), tandis que le bénéfice net s’est amélioré à 278,4 millions (+ 4,9 %). Selon nos calculs, Xavier Niel devrait empocher en juin la coquette somme de 12,5 millions d’euros en tant que principal actionnaire (détenteur de 32 010 913 actions au 31 décembre 2014). Il est la neuvième fortune de France en 2014 avec un patrimoine de 8,5 milliards d’euros – en progression de 44,5 % en un an (2). Sa fortune personnelle pourrait atteindre les 10 milliards d’euros cette année. Si Free en constitue la grosse partie, Monaco Telecom – racheté l’an dernier à hauteur de 55 % du capital (3) pour 322 millions d’euros via sa holding personnelle NJJ Capital – est venu grossir les avoirs du milliardaire.

Business angel : start-up et médias
Mais c’était sans compter une autre acquisition intervenue en toute fin de l’an dernier : Orange Suisse, racheté en décembre 2,6 milliards d’euros – toujours par NJJ Capital – et rebaptisé Salt. Xavier Niel était même prêt à mettre 15 milliards de dollars sur la table – via cette fois son groupe Iliad – pour s’emparer de T-Mobile aux Etats- Unis auprès de Deutsche Telekom, mais cette tentative de prise de contrôle a échoué l’été dernier. Son appétit pour les télécoms à l’international s’est affirmé dès 2011, lorsqu’il lance avec Michaël Golan – alias Michaël Boukobza, ancien directeur général d’Iliad (jusqu’en 2007) – le 5e opérateur mobile en Israël : Golan Telecom.
Sur le marché français des télécoms en pleine consolidation, le patron de Free se verrait bien acquéreur de son rival Bouygues Telecom, mais ses relations exécrables avec Martin Bouygues n’ont pas facilité les discussions il y a un an – après que Vivendi ait préféré vendre SFR au groupe Altice-Numericable du Franco-Israëlien Patrick Drahi. Et le patron du groupe Bouygues, Martin Bouygues, a très vite fait savoir qu’il ne comptait pas se défaire de son activité télécoms (4). Ironie de l’histoire, Michaël Boukobza a la double nationalité franco-israélienne comme Patrick Drahi, aux côtés duquel il a travaillé pour ses débuts en Israël après avoir quitté la direction d’Iliad… Parallèlement, Xavier Niel investit dans des start-up Internet. En mars 2010, il a créé Kima Ventures, son propre fonds d’investissements via lequel il investit dans 50 à 100 start-up par an dans différents pays (à raison de 125.000 à 250.000 euros par dossier). En outre, il a annoncé en septembre 2013 la création du « plus grand incubateur de start-up au monde », baptisé « 1000 start-up @la Halle Freyssinet », qui ouvrira ses portes fin 2016 à Paris (5). Xavier Niel a obtenu le soutien total de la mairie de Paris grâce à Jean-Louis Missika qui fut administrateur d’Iliad à partir de 2004, puis vice-président de la maison mère de Free en janvier 2007, avant de démissionner en avril 2008 lorsqu’il devint conseiller de Paris et adjoint au Maire de Paris (6) – pour éviter tout conflit d’intérêt…
Quelque 200 millions d’euros y sont investis, dont 5 % à 10 % pris en charge par la Caisse des dépôts. « Moi, d’abord j’adore ce pays [la France]. Je pense que c’est le plus merveilleux pour créer une entreprise. C’est parce que j’ai investi dans des entreprises du monde entier que je le sais, pas parce que c’est là où j’ai réussi. Bien sûr, le système français n’est pas parfait », avait déclaré Xavier Niel le 22 octobre dernier (7), le jour où François Hollande a posé la première pierre de ce projet sans précédent. Par ailleurs, en mars 2013, le patron de Free a créé une école informatique baptisée 42 – qu’il a souhaitée pour former « en grand nombre » les informaticiens
dont les entreprises innovantes ont besoin. Gratuite et ouverte à tous (de 18 à 30 ans), la formation repose sur le concept du « peer-to-peer learning » qui est une sorte d’apprentissage collaboratif entre élèves.
Xavier Niel, qui a toujours été dans des relations de « Je t’aime, moi non plus » avec les médias, s’est par ailleurs personnellement investi dans la presse française en manque de capitaux. En novembre 2010, il est devenu coactionnaire du journal Le Monde avec Pierre Bergé et Matthieu Pigasse – via leur holding Le Monde Libre (LML) qui a pris le contrôle de la Société éditrice du Monde, dont Xavier Niel est un des membres du conseil de surveillance. Ensemble, les trois propriétaires du journal ont apporté 100 millions d’euros. Actuellement, le trio « BNP » – Bergé-Niel-Pigasse – est confronté à une crise avec la rédaction du quotidien qui a écarté leur candidat Jérôme Fenoglio – ex-rédacteur en chef de LeMonde.fr – pour devenir directeur du « Monde » (il n’a pas obtenu les 60 % des votants le 13 mai). Les actionnaires rencontrent à nouveau la rédaction le 27 mai prochain.
En fait, depuis leur arrivée à la tête du groupe Le Monde, la défiance s’est installée entre eux et la rédaction, non seulement sur la réorganisation entre le papier et le numérique mais aussi sur l’indépendance éditoriale de la rédaction (8). Il y a un an,
la directrice du Monde Natalie Nougayrède – qui avait succédée à Erik Izraelewicz – démissionnait pour être remplacée par Gilles van Kote en tant que directeur par intérim.

Le Monde et L’Obs « libres »
Outre le groupe Le Monde (Le Monde, Télérama, Courrier International, La Vie Catholique), la holding LML a aussi jeté son dévolu il y a un an sur le groupe Nouvel Observateur (L’Obs, Rue 89) en s’emparant de 65 % du capital pour 13,4 millions d’euros (son fondateur Claude Perdriel gardant 35 %). Le nouveau groupe de presse
« Le Monde Libre » ainsi constitué du Monde et de L’Obs aura son futur siège près de la Gare d’Austerlitz à Paris. Déménagements prévus au cours de l’été 2017. Xavier Niel n’est pas prêt de s’arrêter en si bon chemin. @

Charles de Laubier

Vidéo en ligne : le cord-cutting menace la télévision traditionnelle, et en France ?

« Couper le cordon » avec la télévision traditionnelle payante par câble ou satellite pour consommer directement sur Internet – et à moindre coût – films, séries ou programmes audiovisuels : tel est le souhait de la jeune génération.
Les Etats-Unis sont les premiers impactés. L’Europe n’y échappera pas.
Mais en France, difficile de s’affranchir du triple play.

Quatre-vingt dix pourcent des consommateurs se disent favorables à une rupture en matière d’accès aux vidéos, quitte à être « prêts à résilier leurs abonnements de réseau câblé et de télévision payante pour adopter les services de vidéo OTT [Over-The-
Top] ». C’est ce qui ressort d’une étude réalisée en avril 2015 auprès de 1.200 consommateurs à travers le monde. « Les consommateurs s’éloignent de plus en plus de l’expérience télévisuelle traditionnelle, pour adopter la vidéo en ligne », affirme Jason Thibeault, directeur sénior chez Limelight Networks et auteur de ce rapport (1).

Digital Native et OTTV
Cette tendance est observée aussi par le cabinet Deloitte aux Etats-Unis, où 3 % des Américains interrogés déclarent avoir résilié leur abonnement à la télévision par câble ou par satellite, et 7 % disent l’envisager. La jeune génération – celle du « Y », également appelée « jeunesse du millénaire », suivie de celle du « Z » ou Digital Native – est à l’origine de ce changement. Elle regarde en moyenne entre 4 et 7 heures de vidéos en ligne par semaine, soit près de deux fois la quantité visionnée par toutes les autres classes d’âge interrogées. Le phénomène est mondial et devrait s’accroître au fur et à mesure que se développent les services de vidéo sur Internet.
Aux Etats-Unis, le groupe Time Warner a lancé en avril dernier HBO Now qui marque l’incursion de la première chaîne payante américaine sur le marché de l’OTTV (Over-The-Top Video). HBO Now, qui ne cache pas ses ambitions à l’international où il n’est pas encore accessible, est aussi diffusé sur l’Apple TV. La marque à la pomme prépare aussi de son côté un bouquet de service de vidéo en streaming, en partenariat avec des chaînes américaines. La chaîne CBS a aussi lancé son propre service de vidéo en ligne. Elle fait partie du groupe Viacom qui va aussi lancer un service en ligne pour sa chaîne Nickelodeon pour enfants. Sony vient de lancer « PlayStation Vue », un service de télévision en ligne sur ses consoles de jeux vidéo, qui non seulement proposera des vidéos à la demande mais aussi diffusera des programmes en direct – comme les événements sportifs qui étaient jusque-là la chasse gardée des chaînes sur le câble
et le satellite. L’opérateur de télévision par satellite américain Dish Network a lui aussi lancé Sling, son offre de vidéo en ligne.
Tous ces nouveaux entrants promettent une bataille autour de la vidéo face aux plateformes existantes telles que YouTube ou Yahoo, mais aussi Hulu ou Amazon Prime. YouTube préparerait même le lancement d’un service par abonnement sans publicité. Et ce n’est pas un hasard si Verizon – menacé de cordcutting aux Etats-Unis – a décidé de s’emparer d’AOL pour répondre à la forte demande de vidéos et de chaînes sur Internet (lire p. 3).
Mais l’Europe n’est pas en reste : Netflix et Amazon Prime commencent à convaincre,
y compris en France pour le premier qui concurrence la chaîne payante Canal+ (voir encadré page suivant). Quant au suédois Spotify, leader européen de la musique en ligne, il a annoncé le 21 mai une offre de streaming vidéo par abonnement sur le modèle de CanalPlay ou de Netflix.
Dans de paysage audiovisuel en cours de délinéarisation, les internautes souhaitent de plus en plus se procurer le contenu vidéo (films, séries, émissions, etc) directement sur l’Internet auprès de la chaîne ou du service de VOD ou de SVOD, plutôt que par un fournisseur de services de télévision payante. Quant aux abonnements à des réseaux câblés ou à des chaînes de télévision payantes, ils sont perçus comme onéreux, surtout lorsque que leur prix augmente. A cela s’ajoute le manque de flexibilité des offres traditionnelles.

Vidéo et TV en streaming
En termes d’usage, le téléviseur n’a plus le monopole de la réception audiovisuelle :
les ordinateurs portables sont devenus aujourd’hui le premier écran pour la consommation de vidéos en ligne, mais les plus jeunes « télénautes » sont plus susceptibles de regarder les vidéos sur un smartphone que leurs aînés. L’étude
de Deloitte aux Etats-Unis montre que plus de la moitié des Américains – 56 % – regardent désormais des films ou des programmes télévisés en streaming sur Internet : les programmes télévisés ne sont plus regardés en direct que 45 % du temps aux Etats-Unis, à l’heure où les chaînes les mettent à l’antenne en fonction de leur grille
de diffusion. Et plus le téléspectateur est jeune, moins il regarde la télévision linéaire : seulement 35 % dans la tranche 26-31 ans regardent les chaînes diffusées à l’antenne, et 28 % chez les 14-25 ans.
Le reste du temps, ces programmes sont consommés à la demande, en streaming ou en time-shifting (programmes enregistrés et regardés en différé par le téléspectateur grâce aux magnétoscopes numériques ou aux box avec enregistreur numérique).

La liberté du télénaute
Le téléspectateur assis dans son salon à regarder la télévision laisse la place, notamment chez les plus jeunes, à des télénautes utilisant différents terminaux à l’intérieur ou à l’extérieur du domicile, et à l’heure choisie.
Etre abonné à Netflix, c’est aussi l’assurance de pouvoir regarder une oeuvre cinématographique ou audiovisuelle (films ou séries) dans son intégralité sans être interrompu par des coupures publicitaires intempestives (fini les contrariétés des interruptions).

Regarder des services de vidéo en ligne se traduit immanquablement par moins d’audience pour les chaînes traditionnelles et, in fine, des recettes publicitaires en recul. Une autre étude, émanant cette fois de Leichtman Research, montre que les grandes télévisions payantes outre-Atlantique commencent à perdre des abonnés. Ce que confirme le cabinet d’études américain Forrester : 38 % des 18-32 ans aux Etats-Unis ne regardent pas assez la télévision classique pour justifier le prix de l’abonnement aux chaînes de télévision par câble.
Selon une analyse de Frost & Sullivan, la grande majorité des programmes audiovisuels seront – d’ici dix à vingt ans – regardés en différé ou à la demande,
et non plus de façon linéaire. Les consommateurs posent de plus en plus un lapin à la
« télévision sur rendez-vous » ! Ils lui préfèrent la souplesse et la liberté des offres à la demande, quitte à devenir boulimique de vidéos, de séries ou de films sur Internet. Selon l’étude Deloitte déjà citée, 31 % des personnes interrogées reconnaissent faire du binge-watching, pratique qui consiste à regarder à la suite plusieurs épisodes d’une série ou d’un programme. Ce taux atteint même 80 % chez les 14-25 ans. @

Charles de Laubier

ZOOM

En France, le triple play des FAI empêche le cord-cutting
La particularité du marché français est que 43,9 % des foyers – soit plus de 15,7 millions d’abonnés – reçoivent la télévision par ADSL (ou pour une toute petite partie d’entre eux par fibre optique), via des « box » triple play proposées par les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) que sont Orange, Numericable- SFR, Bouygues Telecom ou encore Free. Alors que, selon le Guide des chaînes numériques publié fin avril, la télévision par satellite (24,7 %) ou par câble (8,4 %) reste minoritaire. Seule la télévision par voie hertzienne (TNT) fait mieux que l’ADSL avec 59,1 % des accès à
la télévision, mais cela fait souvent doublon avec la box des FAI.
Les abonnés au triple play à la française peuvent-ils envisager de « couper le cordon » avec leur FAI pour ce qui est de la réception des chaînes de télévision ? A priori, non. Car, à part Free qui est le seul à proposer l’offre TV (IPTV) en option pour 1,99 euro
par mois, tous les autres FAI l’incluent dans l’abonnement triple play. C’est en quelque sorte une vente liée. Illégale ? La question reste posée. Quoi qu’il en soit, difficile
– voire impossible jusqu’à preuve du contraire – de ne s’abonner qu’à Internet par exemple, sans bouquet de télévisions traditionnelles, pour se contenter de la vidéo
en ligne et des services de VOD, SVOD ou de catch up TV. Qu’à cela ne tienne : les services OTTV (Over-The-Top Video) fleurissent en France, bien que plus ou moins contraints de composer avec les « gatekeepers » que sont les FAI et leurs box. Netflix
y est présent depuis l’automne dernier, se présentant non seulement comme un concurrent de la chaîne cryptée Canal+ proposée via notamment les box mais aussi des autres chaînes traditionnelles également proposées dans l’offre triple play. Le champion américain de la SVOD a ainsi rejoint sur le marché français : Videofutur (Netgem), Filmo TV (Wild Bunch), CanalPlay (Canal+/Vivendi) ou encore Jook Video (AB Groupe), sans oublier Wuaki (Rakuten), Nolim Films (Carrefour), iTunes (Apple)
et bien d’autres.
De son côté, TF1 (Bouygues) a lancé le 19 mai son label « eCinéma » qui propose à l’acte ou à l’abonnement des films uniquement sur Internet et via les plateformes de VOD (MyTF1VOD, Orange TV, CanalPlay, …). Ces films étrangers, dont TF1 a acquis les droits exclusifs, ne sont ni projeté en salles de cinéma (pas de chronologie des médias…), ni diffusé à l’antenne. Face à cette multiplication de services vidéo directement sur Internet, les consommateurs en France restent pourtant pieds et poings liés avec la box de leur FAI, dont le prix de l’abonnement ne cesse d’augmenter depuis les 29,90 euros par mois initiaux. @

Martin Bouygues ne veut pas sacrifier sa filiale Bouygues Telecom sur l’autel de l’oligopole

Un an après avoir tenté – en vain – de racheter SFR, la filiale télécoms de Bouygues est devenue au fil des mois une proie pour ses concurrents (Free, Orange, Altice/Numericable-SFR) qui, pour la plupart, veulent un passage de quatre à trois opérateurs – un triopole – sur un marché français devenu très oligopolistique.

Par Charles de Laubier

C’était il y a un an maintenant. Le 6 mars 2014, Bouygues présentait aux analystes financiers « un projet industriel qui donnerait naissance à un acteur majeur du numérique en France » : la fusion Bouygues Telecom-SFR. En chiffre d’affaires annuel, le nouvel ensemble aurait pesé 15 milliards d’euros et serait devenu le septième plus grand opérateur télécoms en Europe dernière, Deutsche Telekom, Telefonica, Vodafone, Orange, Telecom Italia et British Telecom, mais plus gros que Telenor, Telia Sonera et Swisscom. Le rapprochement de la filiale télécoms de Bouygues de celle (à l’époque) de Vivendi aurait aussi capitalisé sur les relations historiques de Bouygues Telecom et SFR pour le partage des investissements : coopération dans l’ADSL depuis 2008, co-investissement dans la fibre depuis 2010 et projet de mutualisation dans les réseaux mobiles.

Numericable-SFR, Free et Orange sont en embuscade
Et pour que ce rapprochement de ces deux opérateurs télécoms matures du marché français puisse être accepté par l’Autorité de la concurrence, Martin Bouygues (photo), PDG du groupe éponyme, s’était arrangé – par avocats interposés – avec Xavier Niel, patron de Free, pour que ce dernier lui rachète son infrastructure mobile et ses fréquences dans le cas où la fusion Bouygues Telecom-SFR aboutirait.
On connaît la suite : Vivendi a préféré le mois suivant vendre SFR à Altice-Numericable ; Bouygues Telecom s’est retrouvé Gros-Jean comme devant. Et malgré la tentative qui s’en est suivie de Xavier Niel pour s’en emparer, la filiale télécoms du groupe Bouygues s’est résolue à poursuivre seule son chemin. « Bouygues Telecom poursuit la mise en place de son plan de transformation (…) visant à lui garantir un avenir autonome. De plus, le groupe n’a reçu à ce jour aucune offre de rachat pour sa filiale Bouygues Telecom », avait indiqué Martin Bouygues dans un court communiqué, le 4 août dernier, en réponse aux velléités du fondateur de Free et son rival de toujours (1) (*) (**). Un an et quelques marques d’intérêt d’Orange (au printemps) et d’Altice (à l’automne) après, la situation n’a pas changé, ou presque, et les rumeurs courent toujours : Numericable-SFR, le nouveau groupe constitué par Patrick Drahi et sa holding Altice (2), étudie le rachat de Bouygues Telecom (3), tandis que Free et Orange seraient en embuscade.

France : de quatre à trois opérateurs ?
Comme il y a un an, Martin Bouygues a dû faire taire les rumeurs lors de la présentation des résultats financiers du groupe familial le 25 février dernier :
« Nous sommes beaucoup courtisés, comme tous les opérateurs du monde.
Mais il n’y a aucune négociation en cours. Le choix, c’est le stand alone ; on a
été très clairs là-dessus. Bouygues Telecom dispose d’un portefeuille de fréquences exceptionnel et peut donc parfaitement poursuivre son chemin seul ».
Le magnat du BTP et de la communication, qui aurait même lancé un « Vous vendriez votre femme, vous ? » (4), ne veut pas que sa filiale télécoms fasse les frais de la consolidation du secteur, laquelle est bien engagée avec la constitution du groupe Numericable-SFR (Virgin Mobile compris). Orange est aux avant-postes pour exiger un passage de quatre à trois opérateurs télécoms en France. « Nous avons toujours dit qu’une consolidation du secteur en France serait positive et nous sommes disponibles pour des initiatives qui auraient du sens », a rappelé Ramon Fernandez, directeur financier de l’ex-France Télécom. Le PDG d’Orange, Stéphane Richard, qui présentera le 17 mars son plan stratégique à horizon 2020, en appelle depuis un an – à qui veut bien l’entendre – à un marché à seulement trois opérateurs et non plus quatre comme actuellement. « Sur le marché français, on ne pourra pas rester durablement à quatre opérateurs ; la taille du marché ne le justifie pas », avait-il encore affirmé sur France 24, en prenant en exemple l’Allemagne qui est passé l’été dernier de quatre à trois opérateurs avec le rachat de E-Plus, filiale du néerlandais KPN, par O2, filiale de l’espagnol Telefonica. Selon lui, la constitution d’un triopole non seulement ferait baisser la pression concurrentielle (donc la baisse des prix susceptibles alors de repartir à la hausse) mais aussi du même coup de renforcer ses marges financières afin de poursuivre ses investissements dans les réseaux très haut débit de nouvelle génération (4G et fibre optique).
Qu’en pense le régulateur des télécoms ? « Comme Bruno Lasserre [le président de l’Autorité de la concurrence, ndlr], je pense qu’il n’y a pas de chiffre magique à trois ou quatre opérateurs. Mais il y a un chiffre maudit, c’est deux ! Un duopole est difficile à réguler, tous les exemples à travers le monde montrent que c’est la pire situation pour l’investissement et les prix », a affirmé Sébastien Soriano le 22 février dans une interview au Figaro. Le nouveau président de l’Arcep connaît bien Bruno Lasserre, avec lequel il partage les mêmes vues sur la consolidation du marché français des télécoms, pour avoir été durant trois ans rapporteur permanent à l’Autorité de la Concurrence (2001 à 2004), puis rapporteur général adjoint (2009 à 2012). Bruno Lasserre s’opposera à toute concentration d’opérateurs télécoms qui présentera un risque de basculement à terme dans un duopole. Ainsi à deux reprises, en 2012 puis en 2014,
il s’est opposé à ce que Free rachète SFR car cela aurait provoqué la disparition inéluctable de Bouygues Telecom.
Mais le président de l’Autorité de la concurrence n’est pas contre un retour à un triopole, à la condition indispensable à ses yeux qu’il y ait « un Maverick de type Free » (5) : Qui de Free ou de Bouygues Telecom restera ce franc-tireur indépendant capable d’animer la concurrence en cas de « troïka » dans les télécoms ? « Lorsque le Maverick est un opérateur indépendant de type Free, on voit que le niveau des prix dépend beaucoup de la présence de ce Maverick. Ce sont des gens qui ont faim et qui vont gagner coûte que coûte des parts de marché en pratiquant des prix agressifs »,
avait expliqué le 11 juin 2014 le président de l’Autorité de la concurrence, devant l’Association des journalistes économiques et financiers (AJEF). Dans le mobile,
avant l’arrivée de Free en février 2012, c’était Bouygues Telecom qui faisait office
de Maverick, d’aiguillon ou de lièvre pour la concurrence. Près de vingt ans après l’invention par Bouygues Telecom du forfait mobile (en mai 1996) et plus de douze ans après l’invention par Free du forfait triple play (à 29,99 euros), Bruno Lasserre entend bien garder un « trublion des télécoms » dans l’Hexagone, lui qui fut directeur général des PTT dans les années 1990 et qui a « brisé le monopole de France Télécom et SFR à l’époque » (selon ses propres termes).

Bouygues Telecom est bien vivant !
En tous cas, Martin Bouygues ne veut pas sacrifier ses télécoms sur l’autel de la concentration à trois opérateurs. « Nous avons été en enfer durant quatre ans ; on a voulu nous tuer, mais ça a raté ! », a-t-il ironisé le 25 février. Bouygues Telecom est bien vivant… Martin aussi (6). D’autant que l’entreprise dirigée par Olivier Roussat, son PDG depuis avril 2013, va finaliser cette année son plan d’économies de 300 millions d’euros (7) présenté il y a trois ans, avec notamment à la clé plus de 1.400 départs volontaires de salariés (sur 9.000), pour un retour au vert espéré dès 2016. Pour cela, l’opérateur mise sur sa box Miami lancée en janvier, sur les « bonus » pour mobile tels que Spotify, CanalPlay et Gameloft, et une 4G plus puissante prévue cette année, tout en voulant continuer à être « le price maker » (dixit Martin) dans le fixe. @

Charles de Laubier

Après leur « coup de foudre », Xavier et Martin vont-ils faire dans le « Je t’aime… moi non plus » ?

Alors que Vivendi est en négociations exclusives jusqu’au 4 avril avec Altice-Numericable pour lui vendre SFR, Bouygues a relevé son offre sur ce dernier
le 20 mars en rappelant l’accord signé avec Free le 9 mars. Grâce à Xavier Niel, Martin Bouygues espère l’emporter. Sinon, seraient-ils capables de faire un mariage de raison ?

Par Charles de Laubier

Xavier Niel et Martin BouyguesXavier Niel et Martin Bouygues (photo) ont eu début mars un « coup de foudre », alors qu’ils étaient auparavant des ennemis jurés. Mais les deux milliardaires des télécoms se retrouvent Gros-Jean comme devant, depuis que Vivendi a préféré Altice – maison mère de Numericable – comme repreneur potentiel de sa filiale SFR. Du coup, le « petit poucet » (Bouygues Telecom) et le « trublion » (Free) se retrouvent isolés chacun
de leur côté face à ce qui deviendrait un duopole dominant sur le marché français des télécoms : Orange et Numericable-SFR.
A moins qu’en relevant son offre sur SFR à 13,15 milliards d’euros, Bouygues ne réussisse à convaincre Vivendi. C’est ce qui pourrait lui arriver de mieux… Car difficile, face à un Numericable-SFR, d’imaginer que Xavier Niel et Martin Bouygues, aux personnalités antinomiques et aux relations épidermiques, puissent enterrer la hache
de guerre et faire leur vie ensemble, même dans le cadre d’un mariage de raison.

Querelles du « coucou » et du « parasite »
Rappelons que les deux protagonistes ont encore croisé le fer pas plus tard qu’en février dernier : Bouygues Telecom a en effet lancé un pavé dans la marre avec une offre triple play à 19,99 euros par mois. « Dans l’Internet fixe, la fête est finie. Nous allons faire faire 150 euros d’économie par an aux abonnés du fixe qui choisiront ce service, ce qui fait une économie de 12,5 euros par mois. Qui dit mieux ? Que Xavier Niel fasse la même chose s’il en est capable ! », avait prévenu Martin Bouygues dès le mois de décembre.
Une véritable déclaration de guerre au patron de Free (1). Bouygues Telecom, déjà mis à mal depuis l’arrivée de Free Mobile début 2012, n’avait pas supporté que ce dernier se mettent à offrir à partir de Noël la 4G sans augmentation de ses forfaits mobiles. Mais Iliad a aussitôt répliqué en lançant sous la marque Alice une offre triple play à… 19,98 euros par mois, soit un centime de moins que l’offre de Bouygues Telecom !

Querelles du « coucou » et du « parasite »
Le patron du groupe Bouygues ne supporte pas non plus l’arrogance de Xavier Niel qui déclarait en décembre dans Le Journal du Dimanche : « J’admire rarement les héritiers, mais Martin Bouygues a souvent un vrai bon sens paysan et c’est un très bon dirigeant. Mais il fait un travail de lobbying exceptionnel, n’hésitant pas à utiliser le 20 Heures sur TF1 comme un outil [de communication en faveur de Bouygues Telecom]. Sur ce point,
j’ai bien évidemment une conception différente de la liberté de la presse… ». Et de traiter au passage ses concurrents avec une certaine insolence qui se le dispute au mépris : « Ils étaient très riches, ils le sont un tout petit peu moins. J’ai beaucoup de peine pour eux, je vais pleurer » (2). Ce que Martin Bouygues n’avait pas apprécié du tout. La réponse du berger à la bergère ne s’était pas faite attendre, toujours courant décembre, avec ce sens de l’à-propos : « S’agissant de TF1, il cherche à me diffamer. En 26 ans, jamais le CSA ne m’a fait de tels reproches. Ce n’est pas moi, mais Xavier Niel qui dit ‘’quand les journalistes m’emmerdent je prends une participation dans leur canard et après ils me foutent la paix’’. (…) Il n’a aucune leçon de liberté de la presse
à donner à qui que ce soit ». Les relations houleuses entre Xavier Niel et Martin Bouygues ne datent pas d’hier. En mars 2012, après le lancement de Free Mobile, le patron du groupe de BTP affirme que « Free fait le coucou sur le réseau d’Orange ». Le sang de Xavier Niel ne fait qu’un tour et poursuit même le journal ayant laissé dire cela pour diffamation (3). Il faut dire que Martin Bouygues avait fait des pieds et des mains – notamment du temps de son ami Nicolas Sarkozy, alors chef de l’Etat – pour empêcher l’arrivée d’un quatrième opérateur mobile en France. Depuis les deux rivaux n’ont eu de cesse d’avoir régulièrement des prises de becs, allant jusqu’à être chacun condamné le 22 février 2013 par le tribunal de commerce de Paris pour « dénigrement et concurrence déloyale ». Xavier Niel, qui aurait fait appel, avait été « violent et injurieux ». Free a été condamné à verser 25 millions d’euros de dommages et intérêts à Bouygues Telecom et à payer 100.000 euros d’astreinte pour chaque allégation de type « pigeons » et « vaches à lait » pour qualifier les clients des opérateurs télécoms concurrents, ainsi que « arnaque », « racket » et « escroquerie ». Quant à Bouygues Télécom, il a été condamné à 5 millions d’euros pour avoir notamment traité Free de
« coucou » n’ayant pas son propre réseau. Le quatrième opérateur mobile bénéficie jusqu’en 2018 d’un accord d’itinérance avec Orange dans la 2G et la 3G. Les deux petits derniers du marché français avaient déjà ferraillé en justice fin 2010 lorsque Martin Bouygues avait attaqué, toujours devant le tribunal de commerce de Paris, Xavier Niel pour propos injurieux tenus sur BFM TV : « Malheureusement, nos concurrents ne sont pas capables d’inventer. (…) Je qualifie ces acteurs de parasites » ! Le patron de Free n’avait jamais apprécié que Martin Bouygues déclare dès décembre 2008 : « Déployer un réseau 3G pour 1 milliard d’euros, comme l’affirme Free, me paraît impossible, sauf à faire le coucou sur le réseau des opérateurs en place » (4). Cela s’était terminé en août 2011 par une condamnation des deux à se verser chacun
1 euro de dommages et intérêts… Après avoir fragilisé Bouygues Telecom en lançant Free Mobile début 2012, Iliad aurait bien souhaité la mort de Bouygues Telecom en songeant à s’emparer de SFR mis en vente par Vivendi. Mais le « trublion » en a été dissuadé.
« L’Autorité de la concurrence nous a dit en privé en novembre 2012 et l’a redit il y a quelques jours que ce n’était pas possible. Si nous rachetions SFR, c’était la disparition de Bouygues Telecom », a relaté Xavier Niel le 10 mars dernier.

Difficile dans ces conditions, après ces passes d’armes et ces noms d’oiseaux, de croire que le « coup de foudre » de début mars soit sincère. En fait, Xavier Niel et Martin Bouygues sont tombés sous le charme par conseils interposés ! « Maxime [Lombardini, directeur général d’Iliad] a passé un coup de fil à un avocat et cela a déclenché un certain nombre de choses… », a relaté Xavier Niel, lors de la présentation des résultats annuels du groupe Iliad. Maintenant que Bouygues Telecom n’a plus de raison de vendre son réseau mobile et ses fréquences à Free, ce dernier
se retrouve le plus isolé. « Si Altice rachetait SFR, on se retrouverait dans un scénario dans lequel Numericable, SFR et Bouygues Telecom – grâce à l’accord de mutualisation entre les deux derniers – feraient une seule et même entité », avait mis en garde Xavier Niel. C’est en effet le 28 février que SFR et Bouygues Telecom avaient annoncé un accord de mutualisation d’une partie de leurs réseaux mobiles via la création d’une co-entreprise, afin de couvrir ensemble 57 % de la population française d’ici 2017.

Quatre opérateurs mobile : un de trop ?
Que Vivendi décide dans quelques jours de céder SFR à Altice-Numericable ou d’introduire SFR en Bourse, le résultat pour Martin Bouygues et Xavier Niel sera le même : il y aura toujours quatre opérateurs mobile en France. « Et au final, soit Free soit Bouygues, sera à ramasser à la petite cuillère avec des milliers d’emplois perdus »,
selon les propos d’Arnaud Montebourg dans Le Parisien dès le 9 mars. A moins que le coup de poker de Martin Bouygues, associé à la Caisse des dépôts (lire p. 3), JCDecaux et Pinault, sur fond d’accord avec Free, ne rafle la mise… @

Charles de Laubier

Des opérateurs devront choisir entre IPTV et OTT

En fait. Le 15 octobre, l’Institut de l’audiovisuel et des télécoms en Europe (Idate) a fait un point sur ses prévisions à 2025 – à un mois du DigiWorld Summit 2013. Et en attendant ses études Telecom 2025 fin octobre, Internet 2025 d’ici janvier, Télévision 2025 étant parue en septembre.

En clair. « A court ou moyen terme, c’est la stratégie d’opérateur intégré qui va être jouée – au sens intégration verticale entre infrastructure, contenu et OTT (1). Cela ne veut pas dire que les opérateurs télécoms vont se désintéresser de l’accès, pour lequel leur priorité va être de retrouver de la valeur », nous a expliqué Yves Gassot, DG de l’Idate.
Si les plus grands opérateurs télécoms, tel Orange en France, peuvent envisager une telle intégration verticale (2), il n’en irait pas de même pour les autres. Il leur faudra notamment choisir entre IPTV et OTT, comme nous l’a expliqué Gilles Fontaine, auteur
du rapport Future TV 2025 : « En France, les opérateurs de second niveau – c’est-à-dire ceux qui ne sont pas leaders sur leur marché (Bouygues Telecom, SFR et Free…) – sortiront de la distribution des contenus, donc de l’IPTV (3). La VOD est un foyer de pertes pour ces opérateurs. Et les services de catch up TV ne sont pas financés par la publicité et ne vivent que par les reversements des opérateurs télécoms aux chaînes de télévision. Le maintien d’un réseau IPTV est très lourd et le marché n’est plus dans une phase d’acquisition d’abonnés ». Lancé il y a plus de dix ans en France avec les offres triple play proposées depuis autour de 30 euros par mois seulement, l’IPTV commence
à être remis en question par certains. C’est le cas de SFR qui vient de se délester de la VOD en externalisant ce service auprès de VOD Factory et qui s’interroge sur son bouquet TV. L’IPTV coûte cher, d’autant que les FAI perçoivent 30 % environ du prix
de vente de ce qu’ils distribuent. L’absence de marge sur l’IPTV s’explique aussi par le coût élevé de R&D que représente une box innovante. Quelle alternative s’offre à ces opérateurs télécoms ? « Ces acteurs-là valoriseront la qualité de leur accès en ouvrant les vannes de l’accès aux services OTT ; ils signeront des accords à la manière du deal entre Netflix et Virgin Media en Grande-Bretagne. Ces opérateurs valoriseront leur pas-de-porte auprès des consommateurs comme gage de super qualité d’accès à des contenus et obtiendront [des fournisseurs de contenus] une contribution à la bande passante. Ce schéma va arriver assez vite », poursuit Gilles Fontaine.
Cela suppose à terme, pour certains opérateurs télécoms, d’abandonner une coûteuse stratégie IPTV au profit d’une ouverture vers la distribution d’OTT. @