Netflix déclare sa flamme au cinéma français, tout en espérant beaucoup de la future loi sur l’audiovisuel

« On aime profondément le cinéma ; on veut travailler avec vous ! », a lancé Marie-Laure Daridan, directrice des relations institutionnelles de Netflix France, lors des 29es Rencontres cinématographiques de Dijon. La première plateforme mondiale de SVOD, aux 6 millions d’abonnés en France, fait « une lecture très positive » de la future loi audiovisuelle.

Il y a cinq ans, tout juste après le lancement de Netflix en France, intervenait Janneke Slöetjes aux 28es Rencontres cinéma-tographiques de Dijon (RCD). Mais la directrice des affaires publiques de Netflix Europe avait à l’époque botté en touche sur les intentions du géant mondial de la SVOD envers le cinéma français. Cette fois, lors des 29es RCD qui se sont déroulées du 6 au 8 novembre, c’est Marie-Laure Daridan (photo), directrice des relations institutionnelles de Netflix France depuis dix mois, qui a fait le déplacement à Dijon à l’invitation de L’ARP, société civile d’auteurs, de réalisateurs et de producteurs (1), organisatrice de cet événement annuel. Pour la première fois, la firme de Reed Hastings – disposant à nouveau de bureau en France depuis un an (2) – s’est déclarée prête à coopérer avec le cinéma français dans la perspective de la future loi sur l’audiovisuel. « Nous faisons une lecture très positive de la loi (audiovisuelle) française, car elle va parfaitement dans le sens de nos objectifs et de la réalité de Netflix en France. La France occupe une place particulière pour Netflix, de par la diversité et la richesse de ses talents, de par sa créativité et son exception culturelle », a assuré Marie-Laure Daridan devant les professionnels du 7e Art français.

Une quinzaine d’œuvres françaises financées en 2019, autant en 2020
« Il y a dix ans, notre métier était la location de DVD par la poste : on évolue, on s’adapte, on apprend en marchant, et on veut travailler avec vous ! », a-t-elle lancé. Netflix dépasse aujourd’hui les 6 millions d’abonnés en France, conquis depuis son lancement en septembre 2014. « La raison d’être de Netflix en France est claire, a-t-elle expliqué. Il s’agit de développer des contenus locaux, avec des talents locaux, au plus près de notre audience locale, et d’offrir à ces contenus une fenêtre d’exposition assez inédite sur le monde auprès de nos 158 millions d’utilisateurs dans plus de 190 pays. Notre investissement en France est déjà significatif puisqu’en 2019 nous aurons commissionné une quinzaine de projets originaux ». Il y a bien sûr beaucoup de séries comme « Marianne » ou « Mortel » cette année et « La Révolution » ou « Arsène Lupin » l’an prochain, mais aussi des films tels que « Braqueurs », « Banlieusards » ou « Le Chant du loup ».

Final cut : Netflix dit respecter le droit moral
Netflix coproduit aussi, notamment la série « La Bazard de la charité » avec TF1, qui la diffuse en première exclusivité à partir du 18 novembre. La série « Mortel », en ligne à partir du 21 novembre, est écrite par un jeune diplômé de la Fémis et coproduite par Netflix associé à Mandarin Télévision. « Ce sont des investissements importants qui ont vocation à croître. Les contenus locaux sont immédiatement traduits en 30 langues et mis à disposition sur Netflix sur l’ensemble des territoires. Ce qui contribue de manière significative à les exporter et à les faire rayonner, tout en valorisant la création française dans le monde », a insisté Marie- Laure Daridan. Exemple : sept jours après sa mise en ligne le 12 octobre, le film « Banlieusards » été vu par plus de 2,6 millions de foyers à travers le monde. Et « Le Chant du loup » est l’un des films internationaux non anglais qui a le mieux marché dans le monde. « Notre ambition éditoriale est forte : nous voulons prendre des risques, explorer de nouveaux genres, de nouvelles formes d’écriture, travailler avec de nouveaux talents. Nous voulons aussi donner toute sa place à la diversité de la société, devant et derrière la caméra », a-t-elle poursuivie, en recitant la série « Mortel ». La directrice des relations institutionnelles de Netflix France a aussi voulu dissiper tout malentendu sur le droit moral des auteurs. Le réalisateur, scénariste et acteur français Pierre Jolivet, président de L’ARP, a amené le problème sous un angle polémique : « Netflix a fait beaucoup de productions en France sur des contrats où Netflix disposait du final cut, a-t-il reproché. Alors qu’en France, le droit moral prévoit – le cinéma étant à cheval entre l’industrie et l’art – que le film est terminé lorsque le producteur et le réalisateur se sont mis d’accord. Netflix n’a pas suivi cette disposition car vous aviez un rapport un peu léonin (3) avec les réalisateurs, jeunes pour la plupart, qui ne se voient pas faire un procès à Netflix parce qu’ils ont signé un contrat contre la loi française ». Marie-Laure Daridan a joué l’apaisement en laissant entendre que là aussi Netflix avait évolué en France : « Il n’y a pas de renonciation au droit moral dans nos contrats pour des productions de Netflix en France. C’est important de le souligner. Parce que les choses vont très vite et que Netflix – où je suis depuis dix mois – évolue ; la perception a un petit retard sur la réalité aujourd’hui ». Le projet de loi sur l’audiovisuel, qui sera présenté en conseil des ministres le 4 décembre puis débattu à l’Assemblée nationale à partir de février 2020, prévoit la protection de ce droit moral. Concernant cette fois les taux d’investissement dans la création, qui seront inscrits dans les conventions signées avec la future Arcom (4), un décret fixera les planchers. « On veut que ce taux ne soit pas endessous de 16 %, en souhaitant que cela soit largement au-dessus », avait indiqué le ministre de la Culture, Franck Riester, le 3 septembre dernier (5). « Nous avons choisi d’investir en France avant d’être obligé, car on croit à la création française, a déclaré Marie-Laure Daridan. La loi va dans le sens de l’intention qui est la nôtre en France. On paie par ailleurs la taxe de 2 % du CNC et on prend note de l’augmentation de cette taxe à partir du 1er janvier 2020 à 5,5 % ». Et de poursuivre : « Nous avons bien compris le sens de la loi qui nous invite à une négociation interprofessionnelle, et Netflix est prêt à engager cette négociation avec les professionnels du cinéma ». A défaut d’accord, la loi prendrait le relais.
Reste à savoir quelle part du chiffre d’affaires de Netflix France sera pris en compte pour calculer la quote-part destinée au financement du cinéma français, étant donné que la plateforme de SVOD propose un catalogue essentiellement composé de séries relevant de l’audiovisuel. « Nous [à L’ARP, ndlr], nous considérons que le visionnage n’est pas un bon point d’encrage pour dispatcher les obligations d’investissement dans la création. A partir du moment où une plateforme fait du cinéma, elle doit participer au financement du cinéma, même si elle dit que le visionnage n’est pas aussi fort sur les films que sur les séries », a estimé Pierre Jolivet. Le président de L’ARP fut rejoint par Aurore Bergé, députée (LREM) pressentie pour être rapporteure de la loi audiovisuelle : « Je ne suis convaincu que la question du visionnage soit la bonne porte d’entrée, a-t-elle abondé. C’est vrai que le cinéma est un produit d’appel extrêmement puissant, y compris pour Netflix. C’est plutôt le catalogue et sa profondeur qui doit déterminer ensuite la contribution des acteurs ».

Mesurer le catalogue plutôt que le visionnage
Pour la directrice des relations institutionnelles de Netflix France, « cela doit faire typiquement partie des discussions que l’on doit avoir dans les prochains mois ». Netflix espère aussi beaucoup de la loi pour amener le 7e Art français à réviser la chronologie des médias en faveur des plateformes de SVOD, lesquelles doivent encore attendre dix-sept mois après la sortie du film en salle. @

Charles de Laubier

Xilam Animation fête ses 20 ans en se propulsant sur les plateformes de streaming telles que YouTube ou Netflix

Fondée par Marc du Pontavice en juillet 1999, la société Xilam Animation – aux succès comme « Oggy et les cafards » et « Zig & Sharko » – s’est hissée en tête de la production de dessins animés en France. Son catalogue est diffusé dans le monde sur des chaînes de télévision et des plateformes vidéo, YouTube dépassant les 10 % de son chiffre d’affaires.

Pour l’année de ses vingt ans, Xilam Animation s’offre une diffusion mondiale sur Netflix avec « J’ai perdu mon corps », son premier film d’animation pour un public adulte, et sur Disney+ en produisant pour la major « Chip’n’Dale », une série reprenant ses personnages Tic et Tac. Ces deux plateformes de SVOD américaines vont ainsi renforcer la visibilité outre-Atlantique du premier producteur français de dessins animés et donner une nouvelle impulsion à sa stratégie de diffusion numérique. Riche d’un catalogue de plus de 2.000 épisodes et de quatre longs métrages, la société de Marc du Pontavice (photo), dont il est le PDG et premier actionnaire (avec 36,4 % du capital et 53,8 % des droits de vote), diffuse partout dans le monde sur des chaînes de télévision et sur des plateformes de streaming. Ces dernières ont généré en 2018 environ 40 % des ventes du catalogue. Mais c’est sur YouTube que Xilam Animation est pour l’instant le plus exposé, cumulant par mois plus de 600 millions de vidéos vues. Rien qu’en 2018, son audience sur la plateforme vidéo de Google a totalisé plus de 4 milliards de vues. Ce qui a contribué à franchir la barre des 10 milliards de vues sur YouTube au bout de cinq ans de présence. Xilam y édite aujourd’hui une trentaine de chaînes vidéo pour toute la famille, comme « Zig & Sharko » qui compte plus de 5,7 millions d’abonnés ou « Oggy » plus de 5 millions d’abonnés – sur un total dépassant aujourd’hui les 15 millions d’abonnés (1).

YouTube et YouTube Kids, tremplins pour l’Amérique
Résultat : YouTube – dont sa déclinaison pour enfants avec l’application YouTube Kids (2) – a contribué à hauteur de 13 % du chiffre d’affaires total de l’entreprise qui était de 28 millions d’euros l’an dernier. Pour un producteur indépendant d’animation, ce sont là des recettes non négligeables ; elles sont en plus récurrentes et proviennent de l’Europe à 36 %, de l’Amérique du Nord à 31 %, de l’Asie à 25 % et du reste du monde à 8 %, le tout grâce à la publicité sur laquelle Xilam touche 55 %. Les applications, elles, ont été téléchargées 20 millions de fois. Le revenus « YouTube » sont appelés à croître, malgré les craintes sur les conséquences que pourrait avoir la condamnation aux Etats-Unis de YouTube début septembre (170 millions de dollars d’amende) pour collecte et utilisation commerciale illicites de données personnelles d’enfants de moins de 13 ans.

Netflix, Amazon Prime Video, Disney+, …
La filiale vidéo de Google a promis de limiter cette collecte auprès des mineurs et de ne pas les utiliser pour de la publicité ciblée. Certains plaignants exigent encore que toutes les vidéos pour enfants soient basculées sur YouTube Kids. Les producteurs de contenus concernés ont quatre mois – jusqu’à fin 2019 – pour s’adapter. Xilam pourrait cependant profiter du fait que YouTube va créer un fonds de 100 millions de dollars pour financer des contenus originaux pour enfants sur YouTube et YouTube Kids dans le monde entier. La société de Marc du Pontavice mise non seulement sur les plateformes vidéo financées par la publicité, que les Anglo-saxons appellent l’AVOD (Advertising Video On Demand), mais aussi sur les plateformes de streaming par abonnement, la SVOD (Subscription Video On Demand). Xilam a signé des accords dès 2016 avec Netflix et Amazon Prime Video.
Avant d’acquérir en mai les droits de distribution du film « I Lost My Body » (3) pour le reste du monde (dans des salles de cinéma en France à partir du 6 novembre), Netflix avait déjà co-préacheté pour l’international « Paprika », la première série périscolaire de Xilam, la cinquième saison d’« Oggy et les Cafards », ainsi que « Si j’étais un animal », série documentaire animalière. Amazon Prime Video n’est pas en reste, quoique se faisant plus discret chez Xilam, avec la diffusion d’« Oggy et les Cafards » et « Zig & Sharko » (accord signé en 2017), ainsi que le co-préachat de la deuxième saison de « Magic ». Dernier accord en date, annoncé en juin dernier lors du Festival international du film d’animation d’Annecy (4) : Xilam livrera fin 2020 la production créée pour Disney de la série d’animation « Chip’n’Dale », reprenant les personnages Tic et Tac de la major. Cette série de 11 demi-heures (39 épisodes de sept minutes) sera diffusée sur Disney+. The Walt Disney Company avait déjà co-préacheté l’an dernier « Paprika », et diffusé en 2017 avec succès sur Disney Channel « Oggy et les Cafards » et « Zig & Sharko ». La plateforme Disney+ sera lancée le 12 novembre, devancée par sa concurrente Apple TV+ le 1er novembre. Marc du Pontavice s’estime être « en position idéale pour profiter de la guerre du streaming entre diffuseurs américains », notamment aux Etats-Unis – premier marché mondial de l’animation. Viendront ensuite l’an prochain HBO Max (WarnerMedia) et NBC Universal (Comcast). Xilam a prévu de livrer 180 demi-heures de programmes sur la période 2019-2020, dont 80 demi-heures rien que cette année. Comme la demande augmente, les prix de vente à la demi-heure aussi, plusieurs séries de Xilam dépassant même le chiffre d’affaires de 300.000 euros la demi-heure. Bien que le premier semestre 2019 ait été « très actif » avec six séries en fabrication (5) pour « un volume record de 182 demiheures », les résultats semestriels communiqués le 25 septembre sont en baisse (- 25 % pour le chiffre d’affaires et – 38 % pour le bénéfice net) en raison d’« un faible volume de livraisons ». Les revenus sont enregistrés en fin de livraison ; or « une seule série est arrivée en fin de livraison (“Mr. Magoo”) » au premier semestre. Ce qui n’a en rien pesé sur le titre à la Bourse de Paris où la société Xilam est cotée depuis 2002 et aujourd’hui valorisée 186,6 millions d’euros (au 26-09-19). Selon une analyse financière d’Euroland Corporate, le chiffre d’affaires 2019 ne devrait pas dépasser les 35 millions d’euros (6). Fondée en 1999 à partir des actifs de Gaumont Multimédia que Marc du Pontavice avait créé en 1995 (après avoir été cofondateur de Gaumont TV en 1991), la société est devenue le numéro un français de la production d’animation (devant Method Animation, en termes de chiffre d’affaires) et emploie plus de 400 personnes, dont 300 artistes, répartis sur ses quatre studios : à Paris, Lyon, Angoulême et Hô-Chi-Minh Ville au Vietnam.
Son développement se fait aussi par croissance externe, notamment par l’acquisition de « boutiques studio » telles que la société parisienne spécialisée dans l’image de synthèse Cube Creative (prise de contrôle en cours de 50,1 % de son capital par Xilam). « Nous avons en projet l’acquisition d’ici fin 2020 de participations majoritaires, financées sur fonds propres, dans deux autres boutiques studio en Europe », précise Marc du Pontavice à Edition Multimédi@. Sa société dispose d’une trésorerie disponible proche de 14 millions d’euros « pour poursuivre sa croissance et la réalisation de ses objectifs ». Il compte aussi sur les effets de la directive SMA qui va obliger les plateformes vidéo à proposer au moins 30 % d’œuvres européennes et à préfinancer en France des films et séries à hauteur de 16 % minimum de leur chiffre d’affaires.

Recrues, dont un ex-financier de Dailymotion
Pour renforcer son état-major, Xilam Animation a annoncé le 19 septembre la nomination de Fabrice Cantou au poste de directeur financier et stratégie, après avoir été pendant près de dix ans chez Dailymotion – notamment pour piloter la vente de cette société à Orange en 2011 et à Vivendi en 2015. François Bardoux, lui, est nommé directeur des opérations adjoint, en charge des budgets du groupe où il est entré en 2016 chez Xilam (il assurait auparavant les fonctions de directeur financier). Tandis que Charles Courcier (ex-Millimages/Amuse) devient directeur de production numérique. @

Charles de Laubier

La réforme de l’audiovisuel passera aussi par une énième renégociation de la chronologie des médias

Les professionnels du cinéma et de l’audiovisuel viennent d’être prévenus par le ministre de la Culture, Franck Riester : comme les plateformes Netflix, Amazon Prime Video et autres Disney+ devront financer des films et des séries français, il faudra aussi que la chronologie des médias leur soit plus favorable.

« J’ai dit aux différents acteurs du secteur [du cinéma et de l’audiovisuel français] qu’ils ont eux aussi intérêt à ce que cela se passe bien avec les plateformes [numériques]. Et qu’il faut réfléchir à une modernisation de la chronologie des médias. Car si l’on demande beaucoup à ces plateformes, il faut qu’elles puissent en avoir un retour », a fait savoir le ministre de la Culture, Franck Riester (photo), lors d’un déjeuner avec l’Association des journalistes médias (AJM) le 3 septembre. Le matin-même, il venait de rencontrer des responsables de Netflix. La veille, il avait présenté le projet de réforme de l’audiovisuel aux producteurs français. « L’idée, bien évidemment, est d’inciter les acteurs du secteur à renégocier la chronologie des médias. Car à partir du moment où l’on oblige des acteurs nouveaux à investir, à exposer (les œuvres) et à payer une fiscalité au CNC (1), il faut leur donner aussi la possibilité de pouvoir mettre à disposition de leur public leurs oeuvres plus rapidement », a prévenu Franck Riester. La chronologie des médias actuellement en vigueur, qui fut laborieusement modifiée en partie il y a tout juste un an (2), réserve toujours l’exclusivité des nouveaux films aux salles de cinéma durant quatre mois, avant que la VOD à l’acte ou à la location ne puisse s’en emparer, et bien avant la SVOD par abonnement (Netflix, Amazon Prime Video, …) ramenée à dix-sept mois au lieu de trente-six mois auparavant – voire à quinze mois s’il y a un accord d’investissement avec le cinéma.

Clause de revoyure : renégociations à l’été 2020
Pour arriver au bout d’un an de tergiversations à cet accord de fin 2018, il avait fallu céder à la fois à la Fédération nationale des cinémas français (FNCF) exigeant la sanctuarisation des quatre mois des salles de cinéma, et à la chaîne cryptée Canal+ du groupe Vivendi/Bolloré obtenant de son côté que sa fenêtre de diffusion soit avancée à huit mois après la salle au lieu de dix ou douze mois auparavant. Mais ni le Syndicat des éditeurs de vidéo à la demande (SEVAD) ni le Syndicat de l’édition vidéo numérique (SEVN) n’ont voulu signer une telle chronologie des médias jugée obsolète et favorisant le piratage (3). « L’accord sur la chronologie des médias est d’abord un accord entre professionnels, a rappelé Franck Riester. Il y a une clause de revoyure qui a été prévue à dix-huit mois [après la signature de l’avenant du 21 décembre 2018, ndlr], soit à l’été 2020. Prenons le temps dans les mois qui viennent pour voir comment les choses peuvent évoluer, pas forcément dès l’été 2020 mais peut-être dix-huit mois plus tard ».

Chaque plateforme devra signer une convention
Pour le locataire de la rue de Valois, la réforme de l’audiovisuel voulue par Emmanuel Macron est une « formidable opportunité » pour les producteurs français et européens de saisir de nouveaux débouchés pour leurs créations, « à condition que cela soit dans une logique gagnant-gagnant pour les acteurs privés, les acteurs publics, les chaînes et les plateformes ». Le projet de loi – que Franck Riester transmet mi-septembre au CSA et à l’Hadopi, puis fin septembre au Conseil d’Etat, avant de le présenter début novembre en conseil des ministres en vue de sa discussion à l’Assemblée nationale en janvier 2020 – aura trois parties. L’une d’entre elles est justement consacrée au financement de la création. « Le cœur du projet de loi » (dixit le ministre de la Culture) consiste à imposer aux plateformes numériques et aux nouveaux acteurs de l’Internet des obligations d’investissement dans la production pour qu’« eux aussi » contribuent au financement de la création, à l’exposition des œuvres, ainsi qu’à la fiscalité du CNC. « C’est pour cela que l’on s’est battu, ma prédécesseure et nos prédécesseures (4) pour qu’il y ait une directive SMA (5), une directive “Droit d’auteur” et une directive “CabSat”transposables très rapidement », a rappelé Franck Riester.
Concernant les taux d’investissement dans la création, un décret fixera les planchers et – « cela reste à définir » – les marges de négociation données à la future « autorité de régulation des communications audiovisuelles et des communications numériques » (ex-CSA-Hadopi) et aux acteurs du secteur (éditeurs de chaîne, plateformes numériques). Ces taux d’investissement seront fixés dans le cadre de conventions signées avec le nouveau régulateur. « On a constaté que grosso modo le minimum donné en taux d’investissement à une chaîne de télévision était de 15,7 % de son chiffre d’affaires en France, cinéma et audiovisuel confondus. On veut que ce taux ne soit pas en-dessous de 16 % – en souhaitant que cela soit largement au-dessus en fonction du modèle éditorial de la chaîne ou de celui de la plateforme. La chaîne, ou la plateforme, signera donc une convention avec le [régulateur] », a expliqué le ministre de la Culture (6).
Il précise que ces conventions distingueront une ligne spécifique d’investissement dans les productions cinématographiques (films) et une ligne dans les productions audiovisuelles (séries) – comme l’exigeait le 7e Art français. « Il n’y aura pas une seule ligne globale, car on veut continuer d’avoir une ambition forte pour le cinéma. C’est un point très important », a-t-il souligné. Mais de préciser : « Une chaîne qui ne met pas de films à l’écran n’aura pas d’obligation de financer le cinéma. Une plateforme (de SVOD) dont le visionnage se fait en grande majorité sur des fictions ou des productions audiovisuelles en ligne aura une obligation d’investir majoritairement dans des fictions audiovisuelles ».
Il s’agit pour la France de préserver le modèle de production indépendante – « car on y est très attaché », insiste le ministre –, de préserver le modèle du droit d’auteur à la française, du modèle de production déléguée plutôt que de production exécutive, « tout en permettant aux chaînes de télévision de mieux valoriser leurs investissements en capitalisant sur des programmes représentant leur marque ». Cela passera par le renforcement de la part « indépendante », à savoir : pas de participation capitalistique des chaînes dans les entreprises, pas de mandat de distribution, des durées de droit limitées, … « Concernant les règles de répartition entre production indépendante et dépendante, il faudra un accord avant tout, en incitant les acteurs à négocier et en commençant à y travailler rapidement. Cet accord sera homologué par l’Etat, pour s’assurer qu’il n’y ait pas une rupture d’égalité ou d’abus de position dominante d’un acteur par rapport à un autre », a encore prévu Franck Riester. Mais si les professionnels du secteur ne parvenaient pas à un accord, il y aurait alors un « décret faute d’accord », lequel sera rédigé dans les semaines ou mois à venir après des discutions avec les éditeurs de chaînes, les plateformes, les producteurs, ainsi que les auteurs et les artistes-interprètes. Pour éviter d’en arriver là, cela incitera les producteurs et les éditeurs de télévision à négocier un accord plus adapté aux spécificités de tel éditeur de télévision ou de telles plateforme (numérique) », espère-t-il.

Fermer Netflix en cas de non-respect
Si d’aventure Netflix ne respectait pas loi française, la plateforme de SVOD ne pourrait plus mettre à disposition du public français son service. « S’il n’y a pas le respect des obligations, on pourra en arriver là », a prévenu le ministre de la Culture. Aujourd’hui, une chaîne de télévision ne peut plus émettre si elle ne respecte pas les règles fixées dans sa convention. Pour les plateformes, cela relèvera aussi d’une décision du juge administratif, c’est-à-dire de l’autorité de régulation des communications audiovisuelles et des communications numériques. @

Charles de Laubier

Après Netflix, Disney est désigné comme le nouvel épouvantail du cinéma et de l’audiovisuel français

La veille de l’ouverture du 72e Festival de Cannes, le président de la République
a reçu à l’Elysée les industries culturelles pour lesquelles est créé un fonds
« Bpifrance » de 225 millions d’euros. Emmanuel Macron les a surtout exhortés
à « s’organiser collectivement » face à Netflix mais aussi Disney.

Il n’y a pas que Netflix qui fait trembler « l’exception culturelle » chère au cinéma et à l’audiovisuel français, lesquels ne s’estiment plus protégés par la ligne Maginot réglementaire nationale devenue obsolète face ces acteurs globaux. The Walt Disney Compagny est aussi perçue comme une menace pour le 7e Art et le PAF (1) de l’Hexagone. Netflix et Disney ont été les deux épouvantails américains les plus évoqués lors du déjeuner culturel de l’Elysée le 13 mai dernier.

« Face aux grands champions américains » (Macron)
La presque centenaire major d’Hollywood, dirigée avec succès par Robert Iger (photo), « Bob » pour les intimes, inquiète de plus en plus en France le cinéma et la télévision, jusqu’au plus haut sommet de l’Etat. « Si nous n’arrivons pas à nous organiser, nous Français, la bataille est perdue. Face aux défis du numérique, c’est un engagement collectif dont nous avons besoin. Je suis convaincu que si nous restons divisés, nous ferions une erreur face aux grands champions américains », a lancé Emmanuel Macron à plus d’une centaine de convives venus de toutes les industries culturelles (y compris musique, jeu vidéo, médias, livre, etc.). A la veille de l’ouverture du 72e Festival de Cannes et de son 60e Marché du Film (2), le propos présidentiel visait plus particulière Netflix mais aussi Disney (3).
Le géant hollywoodien du divertissement et des médias est lui aussi montré du doigt, tant il a repris du poil de la bête depuis quinze ans que Bob Iger en a les rênes (4). Aujourd’hui, ne faudrait-il pas accoler le « D » de Disney pour parler désormais de GAFAD comme on le fait avec le «N» de Netflix pour faire GAFAN (ou avec le « M » de Microsoft pour GAFAM) ? Une chose est sûre : la Walt Disney Company se positionne plus que jamais comme le principal rival de Netflix, dont il veut damer le pion avec Disney+, sa plateforme de vidéo à la demande par abonnement (SVOD). Elle est annoncée pour novembre 2019 et sera « moins cher que Netflix », à 6,99 dollars par mois, avec des contenus pour toute la famille. Disney+ sera d’abord disponible à la fin de l’année aux Etats-Unis, avant son lancement en Europe prévu pour 2020. C’est que les dommages collatéraux pourraient toucher en France l’écosystème du cinéma et
de la télévision, déjà impacté par l’arrivée de Netflix en septembre 2014. Pour des programmes plus adultes, Disney vient de prendre le contrôle opérationnel de Hulu – autre plateforme de streaming vidéo – après avoir racheté le 20 mars dernier la participation de Fox – la 21st Century Fox (de Rupert Murdoch), dont la plupart des actifs ont été dans le même temps acquis par Disney pour plus de 71 milliards de dollars. Disney est maintenant l’actionnaire majoritaire de Hulu avec 60 % des actions (contre 30 % auparavant), avec la possibilité de monter à 100 % à partir de 2024. L’opérateur télécoms AT&T avait cédé en avril aux deux actionnaires restants de Hulu (Disney et Comcast) les 9,5 % qu’il détenait dans le capital de cette plateforme de SVOD (5) valorisée 27,5 milliards de dollars. Aux Etats-Unis, Disney a en outre lancé
il y a un an sa plateforme de streaming de programmes sportifs ESPN+.
Intégrant les actifs issus de Fox, la Walt Disney Company est tout de même devenue
le plus grand groupe de médias et de divertissement au monde ! Il faut dire qu’en cinq ans, le groupe dirigé par Bob Iger s’était emparé de studios de cinéma et d’animation indépendants, et non des moindres : Pixar en 2006 (dont « Toy Story»), Marvel en 2009 (dont « Spider-Man »), et Lucasfilm en 2011 (dont « Star Wars »). En rachetant les studios Marvel il y a dix ans, Disney profite de leurs blockbusters. Le dernier-né des films aux superhéros sorti cette année, « Avengers: Endgame » (22e et dernier film de la saga des Avengers), pourrait dépasser le record des recettes mondiales en salles de cinéma détenu par « Avatar » coproduit par Lightstorm Entertainment (2,79 milliards de dollars) – après avoir coiffé au poteau « Star Wars-Le réveil de la fore » de Disney (2,07 milliards) et « Titanic » coproduit lui aussi par Lightstorm Entertainment (2,18 milliards). Le catalogue de films et d’animations de Disney, aux budgets dépassant parfois chacun les 100 millions de dollars (350 millions de dollars pour le dernier « Avengers »), n’a rien à envier au catalogue de séries de Netflix.

Après DisneyLife en Europe, Disney+ et Hulu ?
L’exception culturelle à la française se retrouve ainsi prise en étau entre une presque centenaire du film (Disney, valorisé en Bourse 238,8 milliards de dollars au 24-05-19), multimilliardaire du box-office, et un jeune conquérant de la série d’une vingtaine d’année (Netflix, valorisé 153,9 milliards après avoir dépassé un temps Disney en 2018). En Europe, Disney a lancé en novembre 2015 au Royaume-Unis un service
« jeunesse » de SVOD baptisé DisneyLife (6), qui a vocation à s’étendre à toute l’Europe. @

Charles de Laubier

Frédérique Bredin arrive en juin au bout de son mandat de présidente du CNC, mais se projette déjà en 2022

Emmanuel Macron aurait bien voulu la nommer en janvier dernier présidente du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), mais Frédérique Bredin – dont le deuxième mandat à la tête du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) s’achève fin juin – lui aurait signifié qu’elle préférait en briguer un troisième.

La présidence du CNC n’est pas à prendre, bien que très convoitée. Frédérique Bredin (photo) a déjà fait savoir qu’elle comptait rempiler pour un troisième mandat de trois ans – jusqu’en juillet 2022. Alors que le 72e Festival de Cannes s’est achevé le 25 mai au bout de douze jours sous les projecteurs, avec en parallèle le Marché du Film qui a fêté cette année ses 60 ans, l’inspectrice générale des finances ne donne aucun signe de fin de règne.
Sur « la plage du CNC », celle du Gray d’Albion à Cannes où le grand argentier du cinéma français a organisé événements et rencontres durant cette grand-messe du 7e Art sur la Croisette, sa présidente s’est bien gardée d’évoquer son sort. « La reconduction de Frédérique Bredin à la présidence du CNC semble plausible », nous confie un professionnel du cinéma français alors présent à Cannes. Mais il faudra attendre courant juin l’arbitrage du président de la République – lequel nomme les président(e)s de cet établissement public administratif sur proposition du ministre de
la Culture (sa tutelle) – pour que son troisième mandat de trois ans soit confirmé. Nommée en juillet 2013 par François Hollande, qui l’avait renouvelée dans ses fonctions fin juin 2016, Frédérique Bredin (62 ans) devrait être reconduite d’ici fin
juin. Parce que féminine, la quinzième présidence du CNC le vaudrait bien ?

Elle fut pressentie pour le CSA et le Festival de Cannes
Certes, depuis sa création il y a soixante-treize ans, l’établissement du financement
du cinéma français n’a compté que… trois présidences de la gent féminine : Catherine Colonna (2004-2005), Véronique Cayla (2005-2010) et aujourd’hui Frédérique Bredin.
Mais en réalité, n’aimant clairement pas les « femmes alibis », l’actuelle présidente du CNC est demandeuse d’un troisième mandat. Alors que son nom circulait dès l’automne dernier pour succéder à Olivier Schrameck à la présidence du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), encouragée pour cela par Emmanuel Macron d’après Le Canard enchaîné l’an dernier, elle aurait aussitôt décliné. Le groupe public France Télévisions, dont elle est depuis octobre 2013 administrateur représentant de l’Etat (1) en sa qualité d’actionnaire unique, aurait sûrement apprécié mais pas forcément les chaînes privées qui s’estiment moins bien traitées par le CNC pour les aides à la production audiovisuelle.

« On peut tout à fait augmenter ces taxes » (Bredin)
Plus récemment, en février, son nom avait à nouveau circulé – via Challenges – pour remplacer… Pierre Lescure, l’actuel président du Festival de Cannes ! Fake news, selon L’Express : l’ancien fondateur-PDG de Canal+, actuel président du conseil de surveillance de Mediawan (2) et cofondateur de Molotov, ne serait pas sur le départ – son mandat de président de l’Association française du festival international du film (AFFIF) courant jusqu’en 2020.
Le CNC, dont la nouvelle dénomination de « Centre national du cinéma et de l’image animée » aura dix ans en juillet (3), a sans doute besoin d’un peu de stabilité dans
un monde en pleine mutation. Le « grand débat politique », organisé le 19 mai par l’influente SACD (4) sur cette fameuse « plage du CNC » donnant sur la mer Méditerranée, a une nouvelle fois montré que l’écosystème du cinéma et de l’audiovisuel français tangue plus jamais aux passages des Netflix  et autres Amazon. Le problème : « Quel avenir pour le cinéma dans le monde des plateformes ? ». Frédérique Bredin y intervenait deux jours après une tribune publiée dans Le Monde daté du 17 mai par des cinéastes du monde entier pour appeler la France au « maintien d’une régulation forte » et à une « régulation des plateformes numériques ». Car, selon eux, « toute réforme qui reviendrait à abattre le modèle français d’exception et de diversité culturelles signifierait la mort de notre cinéma, de son financement et de son exposition dans le monde » (5).
En direct de Cannes, sur France Inter ce jour-là (6), Frédérique Bredin a tenté de les rassurer : « Il y a l’arrivée des plateformes (numériques) qui chamboulent forcément l’ensemble du système audiovisuel et cinématographique. Et il y a ce point d’entrée, ce point de référence que représente la France qui se bat pour cette exception culturelle depuis des années ». Mais pas question d’en rester là. La présidente du CNC a donné le cap d’un troisième mandat : « La France et l’Allemagne ont été pionnières en Europe pour mettre une taxe sur Netflix d’abord et sur YouTube ensuite. Demain, il faut aller plus loin. (…) On peut tout à fait augmenter ces taxes pour rééquilibrer davantage entre les acteurs historiques – les chaînes de télévision – et les plateformes ». Les plateformes de VOD basées à l’étranger – payantes comme Netflix ou gratuites comme YouTube – sont assujetties à cette taxe depuis le 1er janvier 2018 et les recettes correspondantes permettent de compenser en partie la baisse de la vidéo physique. Mais elles auraient rapporté au CNC moins de 10 millions d’euros. En France, le cinéma, l’audiovisuel et le multimédia sont en grande partie aidés par les fonds de soutien du CNC financés à 99,5 % par les taxes sur les services de télévision (500 millions d’euros en 2018), sur les entrées en salles de cinéma (146 millions), ainsi que sur la vidéo physique et la vidéo à la demande (25,7 millions) – soit un total pour l’an dernier de 671,7 millions d’euros (7). Pour autant, malgré son faible rapport, c’est cette dernière taxe sur les DVD/Blu-ray et la VOD qui est en forte hausse (+ 58,7% sur un an), alors que les deux autres taxes historiques sont en recul. Il y a aussi une inquiétude de la filière sur le récent rapport Boutonnat de décembre 2018, mais seulement rendu public juste avant le Festival de Cannes. Intitulé « financement privé de la production et de la distribution cinématographiques et audiovisuelles », ce rapport prépare le 7e Art français à plus de privatisation et de libéralisme dans les investis-sements avec le préalable d’« accroître la rentabilité des actifs (les œuvres) ». Autrement dit : que les films et les séries gagnent de l’argent. Là aussi, Frédérique Bredin a voulu apaiser les craintes : « Le rapport de Dominique Boutonnat [producteur de films] dit qu’à côté du financement des œuvres existant aujourd’hui, il faut aider d’avantage les entreprises à se structurer et à affronter la concurrence mondiale.
C’est plutôt un rapport très positif pour le cinéma français car cela signifie de trouver
les fonds privés. Ces investisseurs privés vont bien évidemment regarder la rentabilité ;
ce n’est pas un gros mot », a-t-elle justifié sur France Inter. Mais la président du CNC s’inquiète tout de même sur les droits d’auteur: « Le souci aujourd’hui des plateformes numériques dans leurs pratiques commerciales, c’est qu’elles essaient de garder tous les droits. Il y a un problème autour (…) des droits des producteurs puisqu’elles veulent capter les droits le plus longtemps possible et sur le plus de territoires (dans le monde) possibles. C’est la fonction même des métiers, leur indépendance – auteurs, réalisateurs, producteurs – qui peut être en cause ». Pour autant, Frédérique Bredin s’est félicitée de la nouvelle directive européenne dite SMA sur les services de médias audiovisuels, promulguée au JOUE du 28 novembre 2018. Bientôt transposée en droit français par la prochaine loi sur l’audiovisuel, elle impose que Netflix, Amazon Prime Video et d’autres SMA « proposent une part d’au moins 30 % d’œuvres européennes dans leurs catalogues et mettent ces œuvres en valeur » (8).

Festival international aux règles hexagonales
Toujours en direct de Cannes, elle a confié : « Ce qui m’a frappée et c’est quand même triste pour l’oeuvre : “Roma” sur Netflix [producteur de ce film en noir et blanc d’Alfonso Cuaron, ndlr] n’a pas été du tout un succès, alors que la Palme d’or de Cannes a permis 800.000 spectateurs pour “Une affaire de famille” [film de Hirokazu Kore-eda, ndlr] ». Il faut dire que le Festival de Cannes, lui, a décidé de ne pas mettre en compétition des films qui ne sortent pas en salles de cinéma dans l’Hexagone. @

Charles de Laubier