« Internet pose la question du choix de société » (Treppoz)

En fait. Le 3 décembre, les 1ères Assises Médias/Entreprises étaient organisées par l’Association des journalistes économiques et financiers (AJEF). Un des intervenants, Stéphane Treppoz, ex-PDG d’AOL France et aujourd’hui PDG de Sarenza dans le e-commerce, a fait part de ses doutes à propos d’Internet.

En clair. Au risque d’apparaître comme schizophrène, ce pionnier français de l’économie numérique qu’est Stéphane Treppoz a émis de sérieux doutes sur la finalité de l’Internet. « Toutes les questions que l’on se pose au sujet d’Internet reviennent à une seule : quel choix de société voulons-nous ? ». Si tout le monde s’accorde à dire qu’Internet est « génial » et permet d’acheter moins cher, des questions de fond se posent néanmoins, selon le PDG de la société de e-commerce Sarenza.com (1).
« Internet est un choix entre le consommateur et l’emploi. Structurellement, les e-commerçants n’ont pas à payer de loyer, ni de vendeurs, et ils peuvent vendre tous les jours moins chers que dans les boutiques [physiques]. Cela veut dire que lorsque vous êtes dans une petite ville de province, vous allez voir des rideaux de fer fermés à vie… On a donc là un vrai problème de fond, un vrai choix de société : est-ce qu’il faut laisser les e-commerçants casser les prix ou est-ce qu’il faut réguler cela ? », a expliqué Stéphane Treppoz.

C’est la première fois qu’un acteur du Net en appelle à une régulation, au regard de la destruction d’emplois que provoquent l’Internet et le e-commerce. « Attention, je ne suis pas en train de dire que je suis contre cette évolution de fond mais je pense que les choses doivent être organisées », a précisé le PDG qui est en outre cofondateur de ISAI, fonds d’investissement dans des start-up du Net (2).
Autre question que soulève Internet : « Rentabilité versus emplois ». Pour Stéphane Treppoz, elle est illustrée par la société Foxconn, fabricant chinois des iPhone d’Apple, qui va passer dans ses usines de 500.000 emplois à… 20.000, en généralisant l’automatisation et les robots. « Le vrai enjeu est de savoir où l’on met le curseur entre la rentabilité des entreprises et le remplacement des employés », met-il en garde.
Autre problème induit par Internet : la fin des frontières et la concurrence entre les pays, notamment de la part de « ceux comme le Luxembourg et l’Irlande qui subventionnent la fiscalité ». A ces risques socio-économiques s’ajoute le problème de la vie privée numérique : « 100 % de ce que vous faites sur un terminal est enregistré à vie ; il faut le savoir… La vie privée n’existe plus ! ». En d’autres termes, conclut Stéphane Treppoz, « le choix de société que l’on veut déterminera l’avenir de notre civilisation ». @