L’action d’Amazon en Bourse a franchi la barre des 1.000 dollars : plus dure sera la chute ?

Mais où va Amazon ? Ce géant du Net est devenu en 22 ans un conglomérat, dont l’action boursière dépasse aujourd’hui les 1.000 dollars pour une capitalisation record supérieure à 490 milliards de dollars. Mais la firme du milliardaire Jeff Bezos ressemble à une bulle prête à éclater.

l’heure où nous bouclons ce numéro de EM@, le 20 juillet 2017, le cours de Bourse de l’action Amazon s’est installée audessus de la barre des 1.000 dollars, à environ 1.030 dollars. Il a un an, l’action « AMZN » en était encore à 744 dollars (soit une hausse de près de 30 % sur les douze derniers mois) et à 228 dollars il y a cinq ans (soit un bond de 350 % sur ce quinquennat). Dans le même temps, la capitalisation boursière d’Amazon est passée en cinq ans d’à peine 100 milliards de dollars à 490,8 milliards aujourd’hui.
Ce qui correspond à une envolée de 390 % depuis juillet 2012 (voir graphiques ci-dessous).

Jeff Bezos, bientôt le plus riche du monde
Depuis qu’il a fondé en 1994 Amazon et l’année suivant lancé le site web de e-commerce Amazon.com, Jeff Bezos a fait fortune pour être aujourd’hui à la seconde place mondiale des multimilliardaires de la planète – derrière Bill Gates qu’il pourrait bientôt détrôner. Son patrimoine, évalué en temps réel par Forbes, était au 20 juillet 2017, de 87,4 milliards de dollars (contre 72,8 milliards de dollars lors de la publication du classement 2017 en mars dernier où il était alors en troisième position). D’ailleurs, à 54 ans, Jeff Bezos se demande ce qu’il pourrait faire de sa fortune colossale. Le 15 juin dernier, il a posé la question à ses 292.000 fellowers sur Twitter : « Si vous avez des idées, répondez simplement à ce tweet avec l’idée », avait-il lancé à la cantonade.
Le patron fondateur d’Amazon a surtout investi sa fortune dans l’exploration spatiale, via son entreprise Blue Origin, et a par ailleurs subventionné la « Bezos Family Foundation » gérée par ses parents et destinée à soutenir l’éducation d’enfants défavorisés. Il est aussi propriétaire du Washington Post depuis 2013. Elevé par sa mère et son beau-père Miguel Bezos, lequel est un Cubain immigrant qui l’a adopté, Jeffrey Preston Bezos, né le 12 janvier 1964 sous le nom de Jeffrey Preston Jorgensen (son père l’abandonna à la naissance), est marié et père de quatre enfants. Il est aujourd’hui à la tête d’une entreprise de e-commerce mondiale qui s’est diversifiée
au point d’être devenue un conglomérat, allant de la vente en ligne de livres à la production de films, en passant par l’informatique dématérialisée dans le cloud et bien autres activités très différentes les unes des autres (les entrepôts, le fret aérien, la vidéo à la demande, l’intelligence artificielle, …). Mais ce géant du Net soulève des interrogations quant à sa cohérence, sa croissance et à sa valorisation. Et ce, au moment où les investisseurs se méfient désormais des conglomérats. Alors, Amazon en fait-il trop et faudraitil envisager des spin-off de certaines de ses activités ? Professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine, Jean- Hervé Lorenzi, a cosigné un livre intitulé « L’Avenir de notre liberté » où il se demande s’il ne faudrait pas démanteler Amazon et les autres GAFA (1).
Certains investisseurs se posent des questions sur l’intérêt d’un tel conglomérat dont la valorisation boursière ressemble plus à une bulle financière. L’une des rares activités rentables de la firme de Seattle est la filiale AWS spécialisée dans le cloud. Il a fallu attendre vingt et un an pour voir Amazon gagner enfin de l’argent avec, en 2015, non seulement un chiffre d’affaires franchissant la barre des 100 milliards de dollars (à plus de 107 milliards), mais aussi un résultat net pour la première fois positif à 596 millions de dollars. Et l’année 2016 fut une année encore plus faste pour Amazon : bénéfice net de 2,3 milliards de dollars pour un chiffre d’affaires de 135,9 milliards. De quoi alimenter une certaine spéculation autour du titre en Bourse et à constituer ainsi une bulle financière. @

Charles de Laubier