Fleur Pellerin confie que la fiscalité numérique est devenue pour elle « un cauchemar »

La ministre de la Culture et de la Communication était l’invitée de l’Association des journalistes médias (AJM) le 8 juillet. Elle réfléchit toujours à la manière de faire contribuer les plateformes vidéo telles que YouTube au financement de la création. « C’est juste un cauchemar ! », a-t-elle confié.

Comment faire contribuer les plateformes numériques de type YouTube au financement de la création, c’est-à-dire à la production cinématographique et audiovisuelle, comme le sont
en France les chaînes de télévision et les fournisseurs d’accès
à Internet (FAI) ? Telle est la question à laquelle Fleur Pellerin (photo) essaie de répondre depuis trois ans maintenant, depuis ses débuts au gouvernement en juin 2012 en tant que ministre déléguée à l’Economie numérique, jusqu’à aujourd’hui dans ses fonctions de ministre de la Culture et de la Communication.

Taxer Google : « On y arrive pas »
« Dans le financement de la création, faire contribuer les plateformes comme YouTube est la dernière marche. Mais cette marche est assez haute. On n’y arrive pas. C’est juste un cauchemar ! Cela touche l’économie des réseaux, l’économie des données,
le droit européen, les règles fiscales internationales, … C’est très compliqué d’avancer et de résoudre ce problème complexe », a-t-elle déploré devant l’Association des journalistes médias (AJM) dont elle était l’invitée. Le problème est qu’il est interdit à
un Etat de l’Union européenne de taxer le chiffre d’affaires ou les bénéfices des entreprises qui ne sont pas situées sur son propre sol. « Faut-il taxer leurs revenus au niveau européen ? Cela supposerait une décision unanime des Vingt-huit. Cela me déprime ! », s’est encore plainte Fleur Pellerin, qui attend de voir si la « Google tax » décidée unilatéralement par le gouvernement britannique en décembre dernier va marcher. L’Australie a elle aussi pris des mesures contre l’évasion fiscale de la part
des multinationales du Net.
Le cauchemar de Fleur Pellerin pourrait prendre fin en octobre prochain, lorsque l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) – dont sont membres 34 pays, de l’Amérique du Nord et du Sud à l’Europe, en passant par la région Asie- Pacifique – rendra son plan de « coopération fiscale » dans le cadre du projet BEPS (Base Erosion and Profit Shifting, comprenez « érosion de l’assiette fiscale et déplacement des profits »). La solution que préconisera l’OCDE, qui a d’ailleurs son siège à Paris (ce qui peut facilité la coopération avec Bercy…), devrait être de modifier – au niveau international – le cadre juridique applicable à toutes les multinationales, qu’elles soient françaises ou étrangères, qu’elles soient dans le numérique ou dans d’autres secteurs. En attendant, la France ronge son frein et Fleur Pellerin fait des cauchemars, lorsqu’elle ne déprime pas… Après les rapports « Marini » d’avril 2010
et de juin 2012, « Blandin/Morin-Desailly » de janvier 2012, puis « Collin & Colin » de janvier 2013, « CNNum » de septembre 2013, ou encore le rapport « France Straté-
gie » de mars dernier, tous consacrés à la fiscalité numérique (sans oublier le rapport
« Muet- Woerth » de juillet 2013 sur l’optimisation fiscale internationale), aucune nouvelle taxe n’a été mise en place. Au grand soulagement des plateformes du Net – pour l’instant.
Le dernier rapport en date, celui de France Stratégie (alias le Commissariat général à
la stratégie et à la prospective, dépendant du Premier ministre), a incité l’Etat français
à taxer sans attendre les acteurs du Net en instaurant par exemple une taxe sur les revenus publicitaires ou la collecte de données personnelles (plus facilement rattachables à un territoire). Ce qui n’avait pas plu du tout aux acteurs du Net présents en France (1). Malgré ce brainstorming « fiscalité du numérique » qui dure en fait depuis plus de cinq ans maintenant, sans résultat, l’idée de quand même taxer des YouTube (filiale Google), les Dailymotion (passé d’Orange à Vivendi) et autres plateformes vidéo en France continue de faire son chemin au sein du gouvernement. Car, selon Fleur Pellerin, cela n’a que trop duré : « Notre exception culturelle est en train d’être dépecée par ces plateformes », s’est-elle inquiété. La « taxe Google » qui tient actuellement la corde est celle de la taxe sur la bande passante ou sur le peering payant. Bercy (ministère de l’Economie et des Finances) et la rue de Valois (ministère de la Culture et de la Communication) ont demandé à l’Arcep de lui rendre – d’ici fin juillet – un avis sur la faisabilité d’une telle taxation sur la bande passante.

Bande passante : avis de l’Arcep
« Il s’agit de définir cette taxe sans qu’elle puisse brider l’innovation », a assuré Fleur Pellerin. Lors du colloque NPA-Le Figaro du 2 juin dernier, Sébastien Soriano a confirmé que l’Arcep – dont il est le président – avait été sollicitée par Emmanuel Macron, ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique : « Nous devons répondre à la faisabilité technique : quelles sont les possibilités de mesurer le trafic sur Internet à différents endroits du réseau, dans le plein respect de la neutralité du Net et du secret des correspondances », a indiqué le premier. @

Charles de Laubier

Le manque d’interopérabilité des écosystèmes de l’Internet mobile à nouveau pointé du doigt

L’Internet Society (Isoc), association qui est à l’origine de la plupart des standards ouverts du Net, dénonce le verrouillage des plateformes mobiles
telles que celles d’Apple, de Google ou de Microsoft. Ce qui limite les choix
des consommateurs et augmente les coûts de développement des applications.

Michael Kende« Aujourd’hui, nous associons l’Internet mobile à un appareil intelligent qui tourne sur une plateforme spécifique et qui permet d’accéder aux applications que nous utilisons. Bien que cela ait généré des avantages extraordinaires pour les utilisateurs et toute une économie des applications pour les développeurs, les utilisateurs sont prisonniers d’une plateforme et cela limite au final les choix d’une manière inédite pour l’Internet », déplore Michael Kende (photo), chef économiste de l’Internet Society (Isoc) et auteur du rapport « Global Internet Report 2015 » dévoilé le 7 juillet dernier.
Le problème est que la grande majorité des applications mobiles sont « natives », c’est-à-dire qu’elles sont développées pour une plateforme mobile telle que Android de Google, iOS d’Apple, Windows Phone de Microsoft ou encore Blackberry du fabricant éponyme (ex-RIM).

Dépendance OS-App Store
Cela augmente les coûts pour les développeurs, lesquels doivent concevoir des applications pour chacune de ces plateformes, tandis que les consommateurs sont pieds et poings liés par ces écosystèmes verrouillés, dans l’impossibilité de passer d’une plateforme à une autre. Ce qui limite et le choix des mobinautes et la concurrence entre ces plateformes. Le rapport de l’Isoc constate ainsi une « dépendance croissante aux applications mobiles ».
Cette association internationale pionnière du Net, regroupant une communauté de concepteurs, d’opérateurs, de fournisseurs de réseau et de chercheurs (2), s’en prend ainsi à ces walled gardens. Alors que l’on compte aujourd’hui plus de 1,3 million d’applications mobiles dans le monde, l’inconvénient est qu’elles ont été pour la plupart d’entre elles développées pour des plateformes dites « propriétaires ». Le mobinaute se retrouve non seulement dépendant de l’OS (Operating System) sous-jacent mais aussi de l’App Store correspondant. Par exemple : l’iOS d’Apple est associé uniquement à iTunes et Android à Google Play. Comparée à l’accès au Web avec un navigateur Internet sur un ordinateur, l’expérience de l’internaute est largement plus ouverte que celle du mobinaute dans sa prison dorée (3). « Sur les terminaux intelligents utilisant des applis natives, c’est complètement différent. D’abord, les utilisateurs ne peuvent pas facilefacilement chercher parmi les applications, ou facilement se déplacer entre elles comme sur des sites web. De plus, ils ne peuvent pratiquement télécharger que ce qu’il y a dans l’App Store, et il ne leur est pas possible de changer de boutique. Finalement, s’ils changent de système d’exploitation, ils auront à ré-accéder à toutes leurs applis, pour peu qu’elles soient aussi disponibles sur la nouvelle plateforme », souligne le rapport de l’Isoc.

A cela s’ajoute le fait que bon nombre d’applis mobiles sont des outils standalone :
elles n’ont pas d’adresses web ni d’hyperliens dit « profonds » (ou deep link) permettant de pointer vers une autre appli ou vers une de ses ressources précises. Résultat : les informations trouvées sur une appli ne peuvent pas être facilement partagées et les utilisateurs ne peuvent pas passer d’une appli à l’autre. Il faut donc encourager les développeurs à adopter ces liens profonds, en assignant à chaque application une URI (Uniform Resource Identifier) sur le modèle des URL du Web. « Cependant, malgré des progrès, il y a toujours des pierres d’achoppement sur l’adoption du deep linking », regrette Michael Kende.
En plus de ce manque d’interopérabilité mobile, qui génère de la confusion chez les mobinautes, il y a le problème du contrôle exercé par les propriétaires des App Stores qui peuvent « limiter l’expression et le choix des consommateurs ». Les Apple, Google et autres Microsoft peuvent en tant que gatekeepers se transformer en censeurs de contenus, ayant le droit de vie ou de mort sur les applis qu’ils publient sur leur boutique en ligne. Leur pouvoir peut potentiellement restreindre l’innovation.

Problème identifié en Europe
Le manque d’interopérabilité des applis et de leur écosystème a aussi fustigé par la Commission européenne sur la base d’un rapport commandité à Gigaom et intitulé
« Sizing the EU App Economy ». Publié en février 2014, il assimile les non-interopérabilités à des « goulets d’étranglement technique » que Bruxelles voient comme une cause de « morcellement » du marché unique numérique (4). En France, le 10 décembre 2014, Tim Berners-Lee – l’inventeur du World Wide Web il y a 25 ans – a lui aussi dénoncé les environnements fermés et verrouillés des applis mobiles (5), tout en se posant en garant de l’ouverture et de l’interopérabilité du Net avec HTML5. @

Charles de Laubier

Après la presse et la radio, Matthieu Pigasse veut investir la télévision et la musique

Le directeur général délégué de la banque Lazard (vice-président Europe), Matthieu Pigasse, est propriétaire du magazine Les Inrockuptibles depuis 2009, co-actionnaire du groupe Le Monde depuis 2010, du Nouvel Observateur depuis 2014, et acquéreur de Radio Nova en mai 2015. Et après : musique et télévision.

Par Charles de Laubier

Matthieu PigasseSa holding personnelle s’appelle « Les Nouvelles Editions indépendantes » (LNEI) et a été constituée il y aura six ans le
31 juillet. Après des négociations exclusives, qui ont été annoncées le 21 mai, elle est en passe de racheter le groupe Nova Press, propriétaire de Radio Nova, de Nova Records ou encore de Nova Production.
C’est la dernière acquisition en date de Matthieu Pigasse (photo), banquier et homme d’affaire, fils de Jean-Daniel Pigasse, lequel fut journaliste à La Manche Libre, et neveux de Jean-Paul Pigasse, ancien directeur général adjoint du groupe Les Echos (1) et de la rédaction de L’Express dans les années 1980. Matthieu Pigasse (47 ans) a hérité de la fibre média.
Avec Radio Nova, il enrichit son portefeuille média déjà constitué du magazine culturel Les Inrockuptibles qu’il a acquis en juin 2009, du groupe Le Monde dont il est co-actionnaire depuis juin 2010 en tant que « P » du trio « BNP » (aux côtés de Pierre Bergé
et Xavier Niel), lequel trio est aussi propriétaire – via la holding « Le Monde Libre » – du Nouvel Observateur depuis juin 2014.

Son ombre plane sur l’affaire « Numéro 23 »
Le prochain investissement de Matthieu Pigasse dans les médias pourrait être dans la télévision, comme il l’a indiqué dans une interview parue le 5 juillet dernier dans L’Est Républicain : « Notre objectif est de continuer à construire un groupe de médias, sur tous les supports possibles d’aujourd’hui : papier, radio, scènes, mais peut-être aussi demain télévision. On verra si l’occasion se présente… ».
Cela fait en réalité plus de trois ans que Matthieu Pigasse cherche à investir dans la télévision. Il a été un temps, en 2012, présenté comme étant l’un des co-investisseurs – aux côtés de Xavier Niel, François-Henri Pinault, Bernard Arnault, Jean- Charles Naouri et Pascal Houzelot (Pink TV) – du projet de chaîne sur la TNT gratuite baptisée initialement « TVous La Télédiversité », devenue « Numéro 23 ». Axée sur la diversité et les aspects sociétaux (culture, parité, modes de vie familiaux, sexualités, handicap, etc), cette chaîne fait partie des six nouvelles chaînes de la TNT gratuite lancées en décembre 2012 et affiche aujourd’hui une part d’audience modeste de 0,6 % à 0,7 % – avec l’ambition de dépasser 1 % cette année.

Des vues sur LCI pour Le Monde
Encore récemment, David Kessler – ancien directeur des Inrocks et ex-conseiller pour la culture et la communication du président de la République, François Hollande (2) –
a expliqué dans Le Monde du 16 juin qu’il a défendu avec Pascal Houzelot (par ailleurs membre du conseil de surveillance du Monde) le dossier de candidature de « Numéro 23 » devant le CSA « en tant que représentant de Matthieu Pigasse qui envisageait de devenir actionnaire de Numéro 23 aux côtés d’autres investisseurs minoritaires, dont Xavier Niel, le patron de Free (tous deux sont actionnaires du Monde) ».
Cette sortie agacerait au plus haut point Matthieu Pigasse qui n’a finalement jamais été actionnaire de la société éditrice Diversité TV France, bien que lui et Pascal Houzelot se connaissent très bien puisque ce dernier est devenu aussi (en plus du Monde) administrateur de la société éditrice des Inrocks, Les Editions Indépendantes, aux côtés de Louis Dreyfus…

Matthieu Pigasse n’a donc rien à voir directement avec la vente controversée – mais légale – de la chaîne Numéro 23 et de sa fréquence TNT obtenue gratuitement il y a moins de trois ans, à NextRadioTV (BFM TV) pour près de 90 millions d’euros. Mais son ombre plane bien indirectement sur cette affaire. L’opération est maintenant suspendue à la décision du CSA qui, depuis la loi du 15 novembre 2013 sur l’indépendance audiovisuelle, doit donner son agrément – ou pas – à cette vente après une étude d’impact (3). Cette spéculation autour d’une fréquence relevant du bien public « choque » en tout cas la ministre de la Culture et de la Communication, Fleur Pellerin, comme elle l’a dit devant l’Association des journalistes médias (AJM) le 8 juillet.
Sans doute Matthieu Pigasse aurait-il préféré se faire connaître autrement dans
le paysage audiovisuel français… Comme, par exemple, en s’emparant de LCI, la chaîne d’information en continu du groupe TF1. Il y a un an, en juillet 2014, les trois actionnaires du Monde – dont Matthieu Pigasse – avaient en effet fait savoir au PDG
de TF1, Nonce Paolini, qu’ils étaient intéressés par le rachat de LCI. Les trois co-prétendants au rachat ont fait valoir – par la voix de Louis Dreyfus, président du directoire du groupe Le Monde – de possibles synergies entre le journal Le Monde et cette chaîne LCI. Et ce, après que le CSA ait refusé de basculer cette dernière sur la TNT gratuite et que TF1 ait décidé en conséquence de prévoir à terme sa fermeture. Mais Nonce Paolini n’a pas donné suite aux messages du trio « BNP », estimant qu’il était trop tôt pour négocier. En juillet 2014, le CSA avait refusé la demande de passage sur la TNT gratuite des chaînes payantes LCI (TF1), Paris Première (M6) et Planète+ (Canal+), expliquant que le marché publicitaire était trop faible. LCI et Paris Première avaient alors saisi le Conseil d’Etat, lequel a finalement invalidé la procédure le 17 juin dernier. Le régulateur de l’audiovisuel va donc devoir réexaminer les dossiers et les actionnaires du Monde – Matthieu Pigasse avec – devront patienter s’ils ont encore
des vues sur LCI. Mais si TF1 décidait de ne pas se défaire sa chaîne d’information continue payante, il leur faudra aller voir ailleurs.

Les velléités de Matthieu Pigasse de mettre un pied dans la télévision se manifestent aujourd’hui dans un contexte où le marché de l’audiovisuel est confronté à une baisse des recettes publicitaires (même si l’année 2014 reste stable, après un recule de -3,5 % en 2013, selon l’Irep). De plus, la loi Macron – une fois qu’elle sera promulguée à la fin de l’été – prévoit désormais une taxe de 20 % au lieu de 5 % précédemment en cas de revente d’une fréquence (initialement délivrée gratuitement dans l’audiovisuel en contrepartie d’obligations) dans les cinq ans suivant son attribution (voire 10 % entre cinq et dix ans, 5 % au-delà de dix ans).
En attendant de faire de la télévision, Matthieu Pigasse se console avec la scène. Il est devenu le 5 juillet dernier président de l’association Territoire de musiques, laquelle gère les Eurockéennes – « les Eurocks » pour les habitués. « J’ai accepté par passion absolue pour la musique, le rock et ce festival où je viens depuis huit ans et par tous
les temps », a-t-il déclaré ce jour-là, en indiquant être prêt à « investir dans le milieu musical » et pourquoi pas en créant un label de production commun aux Inrocks et à Radio Nova. Ce festival de musiques actuelles a lieu chaque année à Belfort et a dépassé cette année les 100.000 visiteurs, mais l’homme d’affaires veut aller plus loin pour le développer malgré la crise que traversent les festivals en France (subventions en baisse).

Le rock comme passion
C’est la première fois qu’il prend la présidence d’une association culturelle, étant par ailleurs depuis 2010 vice-président du Théâtre du Châtelet à Paris. Mais superviser un festival n’est pas une nouveauté pour lui, car sa société Les Editions Indépendantes organise le Festival Les Inrocks (du 10 au 17 novembre cette année). « Plutôt que de pleurer en glosant sur l’exception française, mieux vaut être fier de ce que l’on fait,
être forts, et partir à la conquête du monde », a dit dans sa récente interview l’auteur
de « Eloge de l’anormalité » (4) paru l’an dernier. A suivre… @

Charles de Laubier

Parallèle entre neutralité du Net et TV connectée : c’est plus qu’une affaire de gestion de réseau

Convergence oblige, les problématiques économiques et concurrentielles ainsi que les questions de régulation entre la neutralité du Net et la TV connectée devraient se rejoindre. La « gestion du trafic » pourrait céder le pas à des arbitrages plus sophistiqués de partage de valeur.

Par David Abecassis, Analysys Mason, et Winston Maxwell, Hogan Lovells

Traditionnellement, la neutralité du Net a été principalement perçue et présentée par ses supporteurs comme une garantie « technique » de la liberté d’expression et d’innovation en ligne. En particulier, la majeure partie du débat et de la régulation s’est centrée sur les aspects de « gestion du trafic » des fournisseurs d’accès à Internet (FAI), plutôt que sur les aspects commerciaux de partage de valeur de la consommation
de contenus en ligne, en dépit des souhaits de certains opérateurs de réseaux.

Le « compromis » du 30 juin 2015
Le compromis politique trouvé le 30 juin dernier entre le Conseil européen et le Parlement européen en matière de neutralité du Net reflète une volonté de préserver
la neutralité du Net tout en donnant aux opérateurs une marge de manoeuvre opérationnelle élargie. D’un côté, il s’agit de garantir qu’un même type de contenu en ligne (par exemple streaming vidéo) provenant de sources différentes sera traité par le réseau de manière identique. D’un autre côté, cette définition de la neutralité du Net reconnaît qu’il existe des motifs légitimes de gestion du trafic adaptée aux contenus basés sur des raisons objectives (1), tout en cherchant à s’assurer que tout fournisseur de contenu peut accéder à tout utilisateur d’Internet sans subir de discrimination.

Cette définition quelque peu « technologique » est de plus en plus mise en cause par
la réalité des relations stratégiques et commerciales entre différents acteurs du Net. En effet, ces relations tendent à se focaliser désormais sur les points d’interconnexion (2) entre réseaux, et la gestion de ces relations d’interconnexion n’est a priori pas couverte par la législation sur la neutralité du Net. Ces relations sont en revanche dans le champ du droit de la concurrence, comme en témoigne l’affaire Cogent contre France Télécom. Certains fournisseurs de contenu Internet, tels que Netflix, ont conclu des accords très médiatisés aux termes desquels ils paient certains FAI afin que ceuxci leur fournissent une bande passante d’interconnexion suffisante pour assurer la bonne distribution de leurs contenus vidéos aux utilisateurs finaux (3). Les FAI y voient un moyen de faire participer les fournisseurs de contenus à leurs coûts de réseau. Cependant, ce schéma ne fait pas l’unanimité – tandis que tout le monde s’accorde
à dire que cela ne relève pas de la définition usuelle de la neutralité du Net (car il
est plus question de capacité d’interconnexion que de gestion du trafic).
Netflix et d’autres parties prenantes ont fait valoir que ce n’était qu’une subtilité technique, car en pratique l’effet est le même : les FAI seraient en mesure de facturer les fournisseurs de contenus en échange d’une garantie de qualité durable de l’expérience offerte à leurs clients finaux. Certains FAI ont tenté de justifier ces paiements par le déséquilibre dans la direction des flux de trafic, et cet argument a
été reconnu par la Cour d’appel de Paris dans l’affaire Cogent contre France Télécom.

Mais, selon le patron de Netflix, la direction de trafic n’est pas pertinente : Reed Hastings fait remarquer qu’il suffirait de paramétrer le service Netflix pour que le consommateur renvoie autant de paquets qu’il ne reçoit (4). Certains fournisseurs
de contenus estiment que ces accords reflètent la capacité des FAI à prélever un
« péage » pour l’accès à leurs clients, qui peut être significatif et indépendant de tous coûts. Ils soutiennent que les FAI ont une relation privilégiée avec leurs clients existant, à qui ils sont seuls en mesure de livrer les contenus Internet, et en tant que tels qu’ils devraient être empêchés de monétiser cette relation en facturant les fournisseurs de contenu.

Relations commerciales en question
Des fournisseurs de contenus affirment, de plus, que les FAI devraient utiliser les revenus perçus de leurs clients pour veiller à ce que leur réseau ait la capacité nécessaire. Ces arguments semblent suggérer que la neutralité du Net doive s’étendre aux relations commerciales entre les fournisseurs de contenu et les FAI, et non pas s’arrêter à la seule neutralité du trafic, en particulier en interdisant les FAI de facturer les fournisseurs de contenu, du moins dans certains cas. Il est intéressant de faire un parallèle entre la « neutralité du Net », dans le contexte de l’Internet, et la relation entre le contenu et le réseau dans le contexte de la télévision linéaire « classique ». Au fil des années, les fournisseurs de contenu et les diffuseurs ont adopté plusieurs plateformes de distribution de télévisions – terrestre, satellite, câble, IPTV (5) – afin d’atteindre les consommateurs potentiels avec leurs offres de télévision linéaires.

Distribution TV : pas de neutralité
Les accords de distribution de télévision linéaires commerciaux englobent une très grande variété de modèles, dont la plupart ne sont en aucune façon « neutres » : en l’absence de régulation, ils impliquent généralement un équilibre entre la valeur que les opérateurs de plateformes donnent à la présence d’un contenu télévisuel spécifique sur leur plateforme, la valeur que les radiodiffuseurs allouent à la capacité d’atteindre les abonnés de la plateforme, et les coûts associés à l’infrastructure nécessaire (6). Souvent, les tarifs de distribution (payés par les fournisseurs de contenu aux opérateurs de réseau) ou les tarifs de retransmission (payés par les opérateurs de télévision à péage aux fournisseurs de contenu), ne sont pas uniquement dus au jeu des forces du marché : ils sont influencés par les obligations must carry et must offer, ainsi que par d’autres lois et régulations qui déterminent ou influencent ce que chaque partie prenante peut facturer à l’autre.
Le droit de la concurrence joue un rôle important, notamment lorsque la plateforme de distribution, ou la fournisseur des contenus, occupe une position dominante (7). Dans de nombreux cas, cette combinaison de valeur de marché et de régulation a conduit
à des accords de « libre transmission » (c’est-à-dire sans flux financiers).

Mais au cours des dernières années, il y a eu des pressions afin d’augmenter les tarifs de retransmission payés par les opérateurs de télévision à péage aux radiodiffuseurs des deux côtés de l’Atlantique (aux Etats-Unis et dans certains pays européens), ainsi que pour supprimer la régulation du tarif des « plateformes techniques » que les radiodiffuseurs paient aux opérateurs de plateformes (par exemple, en Allemagne et au Royaume-Uni). Des situations et des débats similaires commencent à se poser dans de multiples domaines de la chaîne de valeur de la télévision connectée, où de nombreux nouveaux accords se concluent pour soutenir le rythme rapide de l’innovation. Pour les régulateurs et les décideurs politiques, cela soulève des questions importantes sur les modèles économiques, l’impact sur les consommateurs, et les objectifs politiques. Par exemple, si les plateformes de télévision connectée avaient une capacité de facturation illimitée envers les fournisseurs de contenu en échange de la présence de leurs « applications » dans leurs terminaux, cela pourrait affecter les marges des fournisseurs de contenu, et même poser un problème d’accès aux contenus pour les consommateurs. Pour les fournisseurs de contenu qui ont le devoir de commander et de préfinancer les contenus audiovisuels (par exemple, les radiodiffuseurs de service public dans l’UE), cela pourrait se traduire par la réduction du financement pour la production de contenu original. Inversement, si les fournisseurs de contenu pouvaient facturer les plateformes, cela pourrait réduire les incitations à l’innovation pour ces derniers. Les consommateurs peuvent également être touchés : si les litiges commerciaux menaient à l’indisponibilité des contenus clés sur certaines plateformes, le choix du consommateur (et potentiellement la pluralité des médias) s’en verrait réduit.
Si les désaccords aboutissaient à des arrêts de diffusion des contenus (plutôt que des facteurs commerciaux), cela pourrait soulever des inquiétudes relatives à la liberté d’expression.
On voit que la question de la « neutralité » des plateformes de distribution de la télévision n’est pas simple ! Ces questions nécessitent une étude minutieuse par les régulateurs et les décideurs politiques, afin de s’assurer que les objectifs de politique audiovisuel restent réalisables dans un environnement
convergent (8).

Coopération accrue des régulateurs
Plusieurs questions politiques recoupent ces trois contextes (l’accès à Internet, la télévision à péage et la télévision connectée), dont : l’accès des producteurs de contenu aux consommateurs, l’accès des consommateurs au contenu, l’importance
du contenu, la pluralité des médias, le pouvoir de négociation des opérateurs de plateformes par rapport aux fournisseurs de contenu, et l’investissement dans le contenu, les réseaux et l’innovation des plateformes. Ces questions portent sur les domaines politiques traditionnellement distincts que sont la politique d’Internet, des télécoms et des médias, et la politique industrielle. Ce qui soulève des interrogations économiques, technologiques et culturelles, ces domaines étants de plus toutes liées. En France, ces débats recoupent les compétences de l’Arcep, du CSA et de l’Autorité de la concurrence, lesquels devront de plus en plus travailler ensemble. @

A 40 ans, Microsoft lance Windows 10 fin juillet : un nouvel « OS » devenant écosystème multimédia

C’est en juillet 1975 que Bill Gates et Paul Allen ont créé Microsoft. Quarante
ans après, le groupe dirigé par Satya Nadella cherche un nouveau souffle avec Windows 10, le mobile et le cloud – sur fond de déclin des PC. Son objectif est d’atteindre 20 milliards de dollars de chiffre d’affaires d’ici trois ans, pour l’année fiscale se terminant le 30 juin 2018.

Microsoft devient un fournisseur de services de télécommunications et de contenus. D’éditeur de logiciels, la firme de Redmond (Etat de Washington aux Etats- Unis) opère sa mue à 40 ans. Le groupe fondé en 1975 par Bill Gates et Paul Allen abandonne progressivement la vente de Windows en boîte pour miser sur les logiciels et services en ligne jusque dans le nuage informatique (cloud).

1 milliard de Windows 10 d’ici 2018
La nouvelle version de son système d’exploitation – Windows 10 – va étendre plus
que jamais l’écosystème de Microsoft – jusqu’alors très OS (Operating System) et bureautique – au divertissement, aux communications et au multimédia. Multi-terminaux, Windows 10 sera lancé le 29 juillet au niveau mondial pour les ordinateurs
et tablettes, puis par la suite sur les smartphones, les consoles de jeu Xbox et autres appareils. Microsoft, dont la campagne marketing commence dès le 20 juillet, table sur 1 milliard de terminaux dotés de Windows 10 d’ici 2018. Cette nouvelle version sera proposée gratuitement sur une période limitée aux centaines de millions d’utilisateurs de Windows 7 et Windows 8.1 dans 190 pays. Windows 10 sera censé tourner la page de Windows 8 qui avait déçu après son lancement en 2012.
Windows 10 sera le « tout-en-un » online de cette mutation. Skype y sera intégré,
tout comme un nouveau navigateur Internet baptisé Edge, la reconnaissance vocale Cortana (concurrent de Siri d’Apple) ou encore la reconnaissance faciale et de mouvement de type Kinect (pour notamment être identifié sans mot de passe). La nouvelle version du système d’exploitation intègrera aussi non seulement un nouveau Minecraft mais aussi d’autres jeux en ligne, ainsi que de nouvelles applications (Hello, Continuum, …). Groove (ex-Xbox Music) et Movies & TV (ex- Xbox Video) seront intégrés au nouvel OS (Operating System), comme l’a annoncé le 6 juillet dernier Brandon LeBlanc, responsable de la communication marketing chez Microsoft, sur le blog officiel de l’entreprise (1). Pour la musique, l’écoute et la gestion des titres comme des playlists sont simplifiées. Et le mélomane peut aussi adapter la musique en fonction de son humeur. Les musiques téléchargées en MP3 pourront être stockées et réécoutées facilement à partir du cloud OneDrive. L’abonnement mensuel (Groove Music Pass) donne accès à plus de 40 millions de titres et permet en outre de créer sa radio en fonction de ses préférences. Quant au service Movies & TV, il offrira un catalogue de films et séries. Que cela soit pour la musique ou le cinéma, des achats pourront être faits en connexion avec la boutique en ligne Windows Store. Microsoft, dirigé par Satya Nadella (photo) depuis février 2014 (après avoir succédé à Steve Ballmer), s’est fixé deux objectifs ambitieux : que le chiffre d’affaires global du groupe atteigne les 20 milliards de dollars à l’issue de son année fiscale se terminant le 30 juin 2018. Pour y parvenir, le géant américain doit séduire un plus grand nombre de développeurs d’applications afin de rivaliser avec les écosystèmes Android de Google et iOS d’Apple. Depuis l’annonce de Windows 10 en septembre 2014, Microsoft a mis en place le programme « Windows Insider » qui permet aux développeurs, experts informatiques et créateurs numériques (5 millions d’inscrits à ce jour) de contribuer à l’amélioration et aux avant-premières du nouveau système (bêta, build ou preview) – y compris pour la version mobile depuis février. Ce sont ceux-là qui seront prioritaires à partir du 29 juillet, suivis progressivement par les autres qui se sont déjà pré-inscrits à la mise à jour vers Windows 10.

Applis compatibles Android et iOS
Lors de sa conférence des développeurs « Build », qui s’est tenue en avril dernier, Microsoft leur a même promis de fournir les outils pour rendre compatibles leurs applications conçues initialement sur Android et iOS. « Windows est le seul écosystème qui vous permet de porter vos applications sur tous les appareils », martèle depuis la firme de Redmond, afin de se démarquer des autres environnements plus walled gardens. Il va sans dire que les applications développées pour Windows 10 s’adapteront automatique aux différentes tailles d’écran sans lignes de codes supplémentaires à faire par la suite, ainsi qu’aux lunettes de réalité augmentée HoloLens. Par ailleurs, un adaptateur est prévu cette année pour pourvoir jouer avec une nouvelle manette « Xbox One » sur ordinateur.
Toujours par souci de pragmatisme, Microsoft a en outre prévu de permettre d’ici la fin de l’année d’installer sur ses propre smartphones Lumia sous Windows le système d’exploitation Android de son rival, lequel est plébiscité par les mobinautes – via notamment les smartphones Samsung. Le sud-coréen détient plus de 80 % de parts de marché du téléphone mobile multimédias dans le monde, contre 15 % pour Apple et seulement 3% pour Microsoft (selon le cabinet d’étude Strategy Analytics). Microsoft peine à imposer sur le marché ses smartphones Lumia, lesquels sont issus de la gamme du même nom qui appartenait au finlandais Nokia avant que celui-ci ne lui cède cette activité mobile en octobre 2014.

L’heure de vérité pour Satya Nadella
Satya Nadella joue avec Windows 10 sa crédibilité. Le 8 juillet, Microsoft a annoncé
la suppression de 7.800 emplois qui viennent s’ajouter aux 18.000 décidés il y a un
an – soit près de 22 % des effectifs qui étaient de 118.000 employés au 31 mars (2).
Ce « dégraissage » s’accompagne d’une simplification de l’organigramme et d’un changement de culture de l’entreprise en pleine crise de la quarantaine face aux biens plus jeunes GAFA – mis à part Apple qui a un an de moins que Microsoft. Face à Google, la firme cofondée par Bill Gates a pris un coup de vieux. Has been Microsoft ? Victime du déclin des PC (personal computer) qui lui assuraient une rente de situation, grâce notamment à la vente liée « ordinateur- système d’exploitation », le géant de l’informatique doit faire face aux géants de l’Internet (Google en tête) et des mobiles (dont Samsung et Apple) – deux virages qu’il n’a pas su prendre à temps.
Pris au piège de l’immobilisme et du confort de ses lauriers, l’éditeur de Windows s’est réveillé avec un nouveau patron décidé à rattraper son retard. Quitte à se raccrocher
à ses rivaux : au-delà de ses smartphones Lumia qui s’ouvriront à Android, la suite bureautique Office va de son côté être proposée sur l’iPad d’Apple et l’écosystème de Google.

C’est historique : Microsoft capitule dans la guerre des systèmes d’exploitation. Tandis que ses lunettes de réalité augmentée HoloLens vont directement concurrencer Oculus de Facebook, tout en attirant de jeunes développeurs. C’est dans cette optique qu’a été racheté à prix d’or (2,5 milliards de dollars) en septembre 2014 le jeu vidéo massivement multijoueurs (3) Minecraft (cédé par la société suédoise Mojang), très prisé des adolescents séduit par le free-to-play (jouez gratuitement et ne payez que
des options). Microsoft renforce ainsi sa division jeux vidéo et console Xbox (4). Côté musique et vidéo, Microsoft est bousculé par Apple Music et YouTube – au point de rebaptiser Xbox Music et Xbox Video qui deviennent respectivement « Groove » et
« Movies & TV ».
Satya Nadella, qui aura 48 ans le 19 août prochain, était – avant de devenir directeur général – vice-président de l’activité cloud de Microsoft. C’est sur ce terrain là que le numéro un mondial du logiciel doit continuer à se développer. Le cloud est devenu le mantra de cet Indo-américain (né à Hyderabad en Inde). Avec lui, les revenus de cette division ont franchi en 2013 la barre des 20 milliards de dollars. Fini la vente de logiciels sur CD en boîte ; place à l’abonnement logiciel en ligne. Mais le succès de la plateforme Azure, nuage informatique pour entreprises présent à l’échelle mondial, n’est pas suffisant. Et le cloud grand public One Drive n’a pas encore la notoriété souhaitée. Il faut aller plus loin dans la dématérialisation des logiciels et des services, avec le risque de voir les revenus baisser – car tout coûte moins cher sur le cloud – et devenir irréguliers.
Financièrement, Microsoft dispose d’environ de 8 milliards d’euros de trésorerie qui lui permettrait de faire de nouvelles acquisitions (après celle de Minecraft). A cela s’ajoute le fait que la firme de Redmond emprunte en plus à taux bas sur le marché des obligations et à longue échéance, comme elle l’a fait en février dernier pour la somme record de 10,75 milliards (bien plus que les 6,6 milliards de dollars empruntés par Apple juste avant). Au total, Microsoft dispose d’un encours de trésorerie de quelque 90 milliards de dollars ! Au-là des dépenses courantes du groupe en pleine restructuration (une charge de 7,6 milliards de dollars vient d’être annoncée), des investissements en capital, de la rémunération des actionnaires et du remboursement de la dette, Microsoft prévoit des acquisitions et il ne serait pas étonnant que les cibles se trouvent dans le mobile et/ou le cloud. @

Charles de Laubier

ZOOM

Microsoft confie sa régie e-pub à AOL
Pour se concentrer sur son nouvel « écosystème d’exploitation » Windows 10, le
géant du logiciel renforce et prolonge de dix ans son accord international avec AOL – fraîchement racheté par Verizon en juin (5) – dans la publicité en ligne, y compris pour son moteur de recherche Bing. Annoncé fin juin, ce partenariat consiste à ce qu’AOL gère la publicité en ligne et programmatique sur tous types de supports pour le compte de Microsoft. Cela concernera l’« inventaire » publicitaire de Microsoft, c’est-àdire
les espaces disponibles sur la page d’accueil MSN, sur la messagerie Outlook, les consoles connectées Xbox Live, les communications Skype et les publicités dans
les applications mobiles. Et ce, dans plusieurs pays dont la France. Pour cela, AOL
va embaucher 1.200 employés de Microsoft. Revendiquant plus de 380 millions de visiteurs sur ses différents sites web, les sites d’AOL (AOL.com, TechCrunch, The Huffington Post, …) adopteront en outre Bing à partir du 1er janvier 2016 dans le cadre de ce partenariat étendu aux liens sponsorisés. Là encore, il s’agit pour Satya Nadella de continuer à exister face à Google. @