Timeline

23 octobre
• L’Open Internet Project (OIP) met en demeure Google France de cesser ses
« agissements parasitaires » et de détourner une partie de l’audience des sites et médias en ligne indexés.
• L’Obs est le nouveau nom du Nouvel Observateur, Patrick Riché (Rue89) devenant DGA en charge des éditions numériques.
• Xavier Niel (Free), sur Europe 1 : « On demande que les portes nous soient
ouvertes » pour LCI qu’il veut « sauver ».
• L’Hadopi publie avec l’Ifop et le GLN une étude sur le livre numérique : 11 % des Français, soit 1 sur 10, est lecteur de ebooks.
• Google investit 542 M$ dans Magic Leap (réalité augmentée).
• Nostalgie lance 9 webradios (années 70), annonce NRJ Group.

22 octobre
• Le Parlement européen vote en faveur de la Commission européenne de Jean-Claude Juncker (EM@ 110), le Hongrois Tibor Navracsics étant confirmé à la Culture, l’Education et (en remplacement de la Citoyenneté) les Sports.
• Netflix annonce la diffusion en exclusivité de « F is for Family », série coproduite par Gaumont (GIT).
• Le Sell (Syndicat des éditeur de logiciels de loisirs), qui organise le salon Pairs Games Week du 29-10 au 02-11 publie la 3e édition de « L’Essentiel du jeu vidéo » : http://lc.cx/JeuxVideo
• Prisma Media annonce 10 M€ d’économies jusqu’en 2019, mais investira 4 à 5 M€(hors acquisitions) dans des projets print et digital.
• Nokia France annonce sur Facebook être « sur le point de devenir “Microsoft
Lumia” ! ».

21 octobre
• David Neichel, président du Sell, confirme sa prévision de croissance de 7% du jeu vidéo en France (lire interview dans EM@108, p. 7).
• UFC-Que Choisir dénonce la piètre qualité de la 3G et de la 4G.
• Yahoo (Marissa Mayer) livre son CA issu des mobiles : plus de 200 M$ au Q3 (18 % du total) pour atteindre 1,2 Mds de $ cette année.
• Amazon passe un accord avec Simon & Schuster (groupe CBS).

20 octobre
• Laurent Fabius à Shanghai tente de convaincre Jack Ma, fondateur d’Alibaba, d’investir en France (lire EM@107, p. 7).
• Apple publie ses résultats 2013/2014 (clos le 27-09) : bénéfice net de 39,5 Mds de $ (+ 6,7 %), pour un CA de 182,7 Mds de $ (+ 6,9 %).
• Google demande à l’Office anticartel allemand de se prononcer dans son conflit avec la coalition de la presse outre-Rhin, VG Media.
• Vice Media lance en France le site « Vice News ».
• Le Cigref publie « L’Entreprise 2020, à l’ère du numérique ».

17 octobre
• Rodolphe Belmer, DG de Canal+, aux Rencontres ciné de l’ARP : « Netflix [peut être taxé sur sa bande passante ou au clic en France, ndlr]. Il suffit de s’adresser à sa tête de réseau à Paris boulevard Voltaire ».
• Le Monde Libre dit avoir à nouveau proposé de racheter LCI.
• France Télévisions lance Ludo, service de VOD gratuit et payant.
• Bolloré veut se renforcer dans Havas, dont il détient déjà 36,2 %.
• Vivendi (Vincent Bolloré) négocie le rachat de L’Express, selon LeJDD.fr, ce que dément le groupe Roularta.
• L’ODI (Observatoire de la déontologie de l’information) publie son rapport 2014 (www.odi.media) : Les réseaux sociaux contribuent aussi au « suivisme journalistique ». • Shareaholic montre que les visiteurs de sites web provenant des réseaux sociaux ont bondi en un an (+ 110 %) au détriment des moteurs de recherche (- 6 %).

16 octobre
• L’ETNO (opérateurs télécoms historiques européens) publie « Think Digital » : http://lc.cx/ETNO-TD
• Twitter lance l’écoute de musique et de contenus sonores, en partenariat avec iTunes et SoundCloud.
• YouTube est sur le point d’être dépassé par Facebook en nombre de vidéos postées, affirme Socialbakers.
• Technicolor devient l’agent exclusif de Warner Bros. Entertainment pour l’octroi de licences de propriété intellectuelle.
• Transpole offre la e-lecture gratuite dans les transports lillois, via l’appli
« BiblioMobi », en partenariat avec bibliothèque municipale.

15 octobre
• Syntec Numérique-BVA : « Près de 60 % des Français souhaitent que l’Etat contrôle plus fortement ce qui est diffusé sur Internet ».
• L’Arcep décide de reporter la publication, prévue le 15-10, de l’indicateur « Qualité de service d’accès à Internet »(EM@110, p. 3).
• Netflix voit sa conquête d’abonnés ralentir pour atteindre 53 millions, dont 15,5 millions à l’international.
• Time Warner annonce le lancement en 2015 de sa chaîne de télévision HBO directement sur Internet (en OTT), l’actuel HBO Go (VOD) étant limité aux abonnés.
• Softbank annonce le rachat de DramaFever (service de vidéo en ligne).
• Le SNJV et l’Idate publient le 1er Baromètre annuel du Jeu vidéo en France : http://lc.cx/JeuxVideo
• L’Idate : les revenus mondiaux de la TV vont passer de 368,9 Mds d’€en 2014 à 424,7 Mds d’€en 2018, soit + 3,6 % par an.
• Google menace de fermer Google News en Espagne où une taxe est envisagée, révèle El Mundo.
• Google élargit sa gamme Nexus (tablette et smartphone sous Android) avec « Nexus Player », décodeur multimédia (films, vidéos, musiques, jeux vidéo, …) connectable sur la TV.
• France Télévision a obtenu 1M€ de réparation de la part de Playmedia (PlayTV) pour avoir repris ses chaînes sans autorisation sur Playtv.fr (jugement du 09-10-14).

14 octobre
• Fleur Pellerin annonce le projet de loi « Création et Patrimoine » pour le 1er semestre 2015 et des « listes noires » de sites web pirates (lire p. 3).
• Iliad (Free) renonce à T-Mobile US (lire EM@107, p. 5).

13 octobre
• Alliance pour la radio numérique terrestre est lancée par le Sirti, le SNRL et WorldDMB (lire p. 4).
• Napster lance sa webradio en France, Napster Découverte.
• Studio Bagel (Canal+) lance Studio Movie, nouvelle chaîne YouTube.

10 octobre
• Altice (Numéricable) est placé par Standard and Poor’s en catégorie spéculative (B+) à cause de son « endettement élevé ».

La météo des livres

L’auteur solitaire, sortant de sa retraite pour affronter le tumulte des grands salons du livre de Francfort ou de Paris, est une image qui a survécu à cette décennie de dématérialisation accélérée du support papier. L’industrie du livre, même numérique, a plus que jamais besoin de ces grand-messes commerciales pour toujours plus médiatiser et mettre en scène leurs auteurs. Les écrivains continuent à cette occasion de signer des autographes, sur des photos, des tirés à part ou, parfois, sur les pages de leur dernier bouquin qu’ils prennent sur des piles, ces piles que l’on ne voit plus guère qu’à cette occasion. C’est pour eux, aujourd’hui comme hier, l’occasion de rencontrer son mystérieux lecteur. Ce dernier n’est plus si mystérieux que cela d’ailleurs, en tout cas pour l’éditeur qui dispose désormais d’une masse d’informations inégalée sur ses lectorats.

« La dématérialisation des livres a fait entrer
le monde de l’édition dans l’ère du Big Data,
des métadonnées et de la recommandation. »

Car pour cette industrie culturelle comme tant d’autres, les données sont la matière première qui a permis de régénérer des modèles économiques devenus moribonds à l’ère du numérique. La dématérialisation correspond bien sûr au déclin du livre imprimé sur du papier et, en même temps, à l’entrée du monde de l’édition dans l’ère du Big Data et des métadonnées. Les maisons d’éditions n’ont désormais plus seulement
les yeux rivés sur les chiffres de ventes et la gestion des stocks, car celles qui ont su rebondir sont désormais des virtuoses de l’analyse des données. Leurs lecteurs sont devenus des sources permanentes d’information précieuses, qui se mesurent en termes d’engagement : c’est-à-dire en rapprochant les ventes de l’achèvement effectif des lectures. Les lecteurs d’aujourd’hui ont dû s’habituer à ce que leurs éditeurs lisent par-dessus leur épaule ! Ils savent désormais exactement non seulement ce que vous avez acheté, mais également si vous avez terminé l’ouvrage, l’endroit où vous vous êtes arrêtés et à quelle vitesse vous l’avez lu… Le tout enrichi des lieux, du mois, du jour et des heures de lecture vous concernant, sans oublier le temps qu’il fait… C’est ainsi qu’une véritable météo de l’édition a vu le jour, permettant de prédire le recul des ventes d’un auteur à succès dont le taux d’engagement baisse livre après livre. De même les data scientists de l’édition prétendent pouvoir annoncer les prochains bestsellers. Ces livres prometteurs sont ceux qui aujourd’hui se vendent encore peu mais qui bénéficient d’un taux d’engagement maximal et qui disposent en plus de recommandations enthousiastes sur les médias sociaux. Une batterie de critères aident les éditeurs à négocier les droits, à investir sur leurs nouveaux champions, à choisir ceux qu’il vaut mieux abandonner et lesquels il vaudrait mieux traduire en priorité.
Tout cela, c’est sans oublier les publicités optimisées qui se cachent au détour d’une page de livre pour une partie du catalogue désormais gratuit – à condition bien entendu d’accepter ces bannières et ces vidéos qui viennent interrompre, un moment, le cours de la lecture. Sinon, pour ceux qui ne veulent pas de ces intrusions publicitaires, le paiement à l’acte ou à l’abonnement illimité prend le relais.
Face aux géants du Net qui ont déjà pris les positions-clés leur permettant de se glisser entre les éditeurs et leurs lecteurs, quitte à confisquer au passage les précieuses données, les éditeurs traditionnels tentent de survivre : du moins ceux qui se sont organisés pour maintenir un lien étroit entre leurs auteurs et leurs lecteurs. Le succès futur d’un écrivain ne pouvant malgré tout pas se réduire en algorithmes ou métadonnées, il reste encore une place pour les découvreurs de talents, qui les couvent, les accompagnent durant le long parcours allant de l’idée initiale jusqu’à l’achèvement d’une oeuvre, qu’elle soit imprimée ou numérique, lue ou de plus en plus écoutée.
C’est sans doute une raison parmi d’autres, tout comme la nostalgie, qui fait qu’aujourd’hui encore, lorsque l’on veut lire en cachette comme cela s’est toujours fait, on recourt à des applications garanties sans mouchard ou à des fichiers pirates…
La lecture dématérialisée et sociale – les ebooks étant capables de nous permettre de partager avec d’autres lecteurs connectés – ne nous a cependant pas fait oublier nos bons vieux livres imprimés, ceux que l’on dévorait sous l’édredon à la lumière d’une lampe de poche. @

Jean-Dominique Séval*
Prochaine chronique « 2025 » : Marché unique numérique
* Directeur général adjoint de l’IDATE, auteur du livre
« Vous êtes déjà en 2025 » (http://lc.cx/Broché2025).

Notification des violations de données personnelles : régime juridique bientôt élargi, source d’incertitudes

Accès frauduleux à des données de santé, piratage de données personnelles, divulgation de photos hébergées sur le cloud portant atteinte à la vie privée, perte d’informations relevant du secret bancaire,…:les failles de sécurité des systèmes d’informations les plus performants défraient la chronique.

Par Christophe Clarenc (photo) et Merav Griguer, cabinet Dunaud, Clarenc Combles & Associés

Les organismes, entreprises ou établissements publics ont l’obligation légale de garantir la sécurité des données à caractère personnel qu’ils traitent ou qui sont traitées pour leur compte par des prestataires. Cette obligation résulte de la loi « Informatique et Libertés », selon laquelle « le responsable du traitement est tenu de prendre toutes précautions utiles, au regard de la nature des données et des risques présentés par le traitement, pour préserver la sécurité des données et, notamment, empêcher qu’elles soient déformées, endommagées, ou que des tiers non autorisés y aient
accès » (1).

Sanctions administratives et pénales
La Cnil (2) a le pouvoir de contrôler, sur place, le respect de ces obligations de sécurité. Elle peut prononcer des sanctions administratives allant de l’avertissement (souvent publié) à la sanction pécuniaire pouvant atteindre 300.000 euros en cas de récidive.
Le manquement à cette obligation de sécurité est également sanctionné par le Code pénal d’une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 300 000 euros d’amende (3). Depuis l’ordonnance «Communications électroniques » (4) de 2011 transposant les directives « Paquet télécom » (5) du 25 novembre 2009, la Cnil est compétente pour examiner les failles de sécurité des opérateurs télécoms (fixe ou mobile) et des fournisseurs d’accès à Internet (FAI). Ces failles de sécurité sont définies comme « toute violation de la sécurité entraînant accidentellement ou de manière illicite la destruction, la perte, l’altération, la divulgation ou l’accès non autorisé à des données à caractère personnel faisant l’objet d’un traitement dans le cadre de la fourniture au public de services de communications électroniques ».
La loi « Informatique et Libertés » impose à ces opérateurs télécoms et FAI – devant être déclarés devant l’Arcep (6) – de notifier à la Cnil les violations des données à caractère personnel (7). Or à ce jour, l’obligation de notification des violations de données personnelles ne concerne pas les grands acteurs de l’Internet qui fournissent pourtant au public des solutions de cloud régulièrement victimes de cyberattaques. Alors que les opérateurs télécoms et les FAI, eux, sont tenus de notifier à la Cnil (8)
– dans les 24 heures de la constatation de la violation – toute destruction, perte, altération, divulgation ou tout accès non autorisé à des données à caractère personnel, et ce quel que soit le niveau de gravité de la violation (accident, malveillance ou négligence). Les personnes dont les données à caractère personnel ont été violées doivent également être informées par leur fournisseur d’accès, sans retard injustifié après constat de la violation des données personnelles (9). Parmi les informations requises figurent :
• le nom du fournisseur ;
• l’identité et les coordonnées d’un point de contact en interne auprès duquel les personnes peuvent obtenir des informations supplémentaires, le cas échéant,
et dans la mesure où l’organisation interne le permet, ce point de contact pourrait
être le correspondant informatique et libertés ;
• le résumé de l’incident à l’origine de la violation ;
• la date estimée de l’incident ;
• la nature et la teneur des données concernées ;
• les conséquences vraisemblables de la violation pour la personne ;
• les circonstances de la violation ;
• les mesures prises pour remédier à la violation ;
• les mesures recommandées par le fournisseur pour atténuer les préjudices potentiels. La Cnil précise que « l’information doit être rédigée dans une langue claire et aisément compréhensible », et être distincte et autonome (10).

Notifications à la Cnil et à l’intéressé
En revanche, si le niveau de gravité de la violation est tel qu’il n’est pas susceptible de porter atteinte aux données ou à la vie privée des personnes concernées, le fournisseur n’a pas l’obligation d’en informer les personnes concernées. Il en va de même pour le fournisseur qui a mis en place des mesures techniques de protection préalables, telles que le chiffrement, rendant incompréhensibles les données à tous tiers non autorisées à y avoir accès (11).
Un inventaire des violations, dans lequel figure notamment les modalités de la violation, l’effet de la violation et les mesures pour y remédier, doit être mis à disposition de la Cnil. Si l’opérateur télécoms ou le FAI ne notifient pas à cette dernière ou à l’intéressé une violation de données personnelles, ils encourent cinq ans d’emprisonnement et
300 000 € d’amende (12). Trois années après l’entrée en vigueur en France de ce régime spécifique de notification applicable aux seuls fournisseurs de communications électroniques, celui-ci fait encore débat.

Extension à tous les acteurs du Net
La proposition de règlement européen – qui sera d’application directe – prévoit
un régime similaire, bien que non identique, pour l’ensemble des responsables
de traitements de données à caractère personnel (13). Seraient également mis
à contribution les sous-traitants, qui auraient l’obligation d’alerter et d’informer le responsable de traitement de la violation de données personnelles. Seraient ainsi concernés l’ensemble des services de la société d’informations : sites de e-commerce, réseaux sociaux, banques en lignes, téléservices des administrations, etc, ainsi que tout organisme qui traite des données personnelles, comme tout simplement pour la gestion de ses ressources humaines.
Or, il apparaît que le respect des obligations de notification de failles de sécurité présente un investissement volumineux, tant en termes de coût que de temps. Alors que les opérateurs télécoms et les FAI peinent à répondre aux obligations requises, il est à craindre que le régime à venir étendant l’obligation de notification des violations de données personnelles à tous les responsables de traitements, soit difficilement praticable pour les TPE et les PME. Le délai actuel de 24 heures ne paraît pas raisonnable, voire impraticable lorsque la violation de données personnelles s’est produite chez le prestataire. Dans le cadre du règlement européen à venir, le sous-traitant aurait donc l’obligation d’informer et d’alerter immédiatement le responsable
de traitement. Toutefois, compte tenu du temps nécessaire à l’identification, la circonscription, la mesure et la correction de la faille par le sous-traitant, puis le temps nécessaire au responsable de traitement pour procéder aux mesures de vérifications, de contrôle et pour notifier, il est à craindre que le délai de 24 heures ne soit dépassé. La proposition de règlement européen prévoit un régime plus souple que celui actuellement réservé aux opérateurs télécoms et FAI. Aussi, une question persiste :
le nouveau régime va-t-il se substituer à l’actuel régime pour ne créer qu’un seul et unique régime de notification des failles de sécurité ? Ou les deux régimes similaires, sans être identiques, vont-ils devoir se juxtaposer créant deux régimes distincts, inégaux et même contradictoires par certains égards ? Une modification de la loi
« Informatique et Libertés » paraît donc nécessaire, afin d’anticiper sur le règlement européen. Des incertitudes demeurent créant une certaine insécurité juridique. En effet, dans la mesure où aucun texte de loi contraignant ne fixe précisément des standards de sécurité à respecter, il est difficile d’identifier avec précision les manquements à la sécurité (par faute ou négligence) susceptibles d’être sanctionnés par la Cnil. Par ailleurs, la notification d’une faille de sécurité ou d’une attaque ayant porté atteinte aux données personnelles de ses clients (par perte, divulgation, accès frauduleux, etc) déclenche une procédure d’instruction par la Cnil. L’autorité administrative compétente dispose d’un large pouvoir de contrôle et de sanction, allant de l’avertissement aux sanctions pécuniaires, étant précisé que la Cnil publie souvent les sanctions qu’elle prononce. Une telle publication a pu être maintenue en page d’accueil du site de la
Cnil pendant plusieurs semaines, causant un préjudice particulièrement important au responsable de traitement en termes de réputation.
La Cnil reconnaît elle-même, dans ses FAQ, qu’« une faille de sécurité peut donner une très mauvaise réputation à une entreprise, dont l’impact économique pourra être bien supérieur à la valeur même des données perdues ». Ainsi, le dispositif actuel, comme
à venir, n’encourage pas les responsables de traitements à la transparence et à la notification à la Cnil des violations des données personnelles. En effet, une entreprise qui notifierait une faille de sécurité ou une attaque ayant porté atteinte aux données personnelles de ses clients, risque non seulement une sanction de la Cnil mais encore la perte de confiance de sa clientèle et l’atteinte à sa réputation et à son image auprès du grand public. Il est donc à craindre que ce dispositif de notification des violations de données personnelles dissuade in fine un certain nombre d’entreprises à jouer le jeu
de la transparence.

Politique de sanction contreproductive
Une politique d’accompagnement dans la mise en oeuvre de mesures de protection optimales et efficaces, mais aussi proportionnées aux risques, paraît devoir être privilégiée en lieu et place d’une politique de sanction. Et ce, dès lors que le responsable de traitement qui notifie la faille de sécurité dont il est victime justifie de diligences et d’efforts suffisants et raisonnables au regard des règles de l’art.
Il en résulterait que le taux de participation des entreprises au respect de ce dispositif de notification augmenterait de manière significative au bénéfice de l’amélioration et
du renforcement de la protection des données et de la vie privée de tous. @

 

Vidéos courtes au Mipcom : le format qui en impose

En fait. Du 13 au 16 octobre, s’est déroulé à Cannes la 30e édition du Marché international des contenus audiovisuels (Mipcom), organisé par l’anglo-néerlando-américain Reed Elsevier : plus de 4.500 acheteurs, dont 1.000 du monde digital, et 13.500 visiteurs s’y sont rendus. Le contenu court s’impose.

En clair. La jeune génération tweete en 140 caractères et apprécie ce qui est bref,
court et concis. C’est le secret des Internet Natives, plus agiles à cliquer que leurs aînés à zapper. Ce n’est pas un hasard si Twitter et Maker Studios faisaient partie
des « keynotes » du 30e Mipcom. « Il y a un déplacement massif de la télévision traditionnelle vers les vidéos courtes sur Internet », a déclaré Ynon Kreiz, PDG de Maker Studios depuis mai 2013, lui qui fut PDG d’Endemol et auparavant encore ancien dirigeant Fox Kids Europe.
Maker Studios, qui est une start-up créée en 2009 et rachetée en mars dernier par Disney pour un demi-milliard de dollars (1), diffuse plus de 55.000 chaînes de vidéos sur YouTube et Dailymotion – également accessibles via son site web Maker.tv ou sa
« Maker box ». Il s’agit d’un Multi-Channel Networks (MCN), ou réseau multi-chaînes, dont le principe de diffusion sur YouTube ou sur Dailymotion, s’impose dans le paysage audiovisuel mondial (PAM) et revendique des audiences massives – 8,5 milliards de vues par mois et plus de 550 millions d’abonnés dans le monde pour Maker Studios –
à faire pâlir les chaînes traditionnelles mais très recherchées par les annonceurs. Les vidéos de ces chaînes sont courtes et très appréciées des jeunes de 15-25 ans : elles durent le plus souvent moins de 4 minutes, voire autour de 2 minutes, plébiscitées par les mobinautes. En France, où l’on compte quelque 35 millions de personnes regardant des vidéos sur Internet, Maker Studios arrive en huitième position des sites vidéo (2) avec 7,4millions de visiteurs uniques sur un mois (en juillet 2014, selon ComScore). Pour Ynon Kreiz, « les formats courts sont des nouveaux médias » qui sont destinés à être partagés sur les réseaux sociaux et à monétiser avec de la publicité ultra-courte.

Si Maker Studio est l’un des plus gros MCN, il n’est pas le seul : Fullscreen, Machinima, Alloy, BigFrame ou encore les réseaux multi-chaînes français tels que Melberries (racheté par Fimalac/Webedia) et Wizdeo sont aussi sur ce créneau en pleine expansion. Canal+, qui détient une participation minoritaire (5 %) dans Maker Studios, tente aussi de tirer son épingle du jeu avec Studio Bagel et CanalFactory. Toujours en France, le 10e Mobile Film Festival, organisé par Mobilevent (3), se tiendra, lui, en février 2015. @

En disant « non » à Netflix, Free protège Canal+

En fait. Le 21 octobre, s’est tenu le 20e colloque NPA-Le Figaro : « Horizon
2020 ». Parmi les intervenants : Bertrand Meheut, président du groupe Canal+, dont Free est le premier distributeur. C’est ce qu’a indiqué Rodolphe Belmer,
DG de Canal+, le 17 octobre aux Rencontres cinématographiques de Dijon.

En clair. 2004-2014. En dix ans, Free s’est imposé comme le premier distributeur de Canal+ grâce à une alliance objective entre la filiale d’Iliad et celle de Vivendi. C’est
la raison pour laquelle Free a refusé de distribuer Netflix. « La résistance nationale [à Netflix] est tombée assez vite. (…) Malheureusement, nos trois concurrents [Bouygues Telecom, SFR et Orange] ont rendu les armes en l’espace de quelques semaines. On avait pourtant les capacités collectivement de résister. Comme Canal+, on a intérêt économiquement à préserver notre modèle. On gagne de l’argent lorsque l’on distribue Canal+ mais beaucoup moins si l’on signe avec ces OTT », a justifié Maxime Lombardini, DG du groupe Iliad, le 17 octobre aux Rencontres cinématographiques. Free a ainsi engrangé une bonne partie des 6,1 millions d’abonnés individuels (1) que compte aujourd’hui la chaîne cryptée (520.000 abonnés à CanalPlay inclus). Et ce,
en multipliant les offres promotionnelles à Canal+ ou à CanalSat : notamment celle à
1 euro par mois pendant un an, lorsque ce n’est pas à 19,90 euros mensuels sur un
an au lieu des 39,90 euros habituels. Free a ainsi fait de Canal+ un produit d’appel
pour recruter rapidement ses propres clients et atteindre aujourd’hui 5,6 millions d’abonnés haut débit (2). « Nous avons établi des liens très proches avec les FAI.
Nous souhaitons garantir la qualité à nos clients. C’est la raison pour laquelle nous avons depuis 2004 des relations très étroites avec Orange, SFR, Free et Bouygues Telecom », a expliqué Bertrand Meheut, président du directoire du groupe Canal+,
lors du colloque de NPA Conseil.
A Dijon, Rodolphe Belmer, son DG, a été plus dissert : « Nous reversons à nos chers opérateurs de téléphonie plus de 150 millions d’euros par an de redevances. (…) Free est le plus grand vendeur de Canal+ en France… Il faut le remercier mille fois, même
si cela nous coûte très cher ! ».
Ce que Maxime Lombardin a confirmé : « Il y a une spécificité française, c’est que l’on
a des box que les opérateurs (comme nous) contrôlent. Cela leur permet, dans une quinzaine de foyers français qui reçoivent la télévision par ces box, de tenir la “tête de gondole” (c’est un peu trivial) : ce sont les FAI qui décident ce qu’il vont pousser ; c’est comme ça que l’on est – comme le dit Rodolphe – le premier distributeur de Canal+
(en dehors d’eux-mêmes). C’est pas par hasard ». @