Le flou artistique persiste sur le nombre exact du peu d’abonnés FTTH en France

Sont-ils 540.000 abonnés en France à la fibre optique jusqu’à domicile ? Ou bien 520.000 ? A moins qu’ils ne soient en-deçà des 500.000… Alors que François Hollande a promis le très haut débit sur 100 % du territoire d’ici à 2022, le nombre exact d’abonnés FTTH demeure inconnu à ce jour !

Par Charles de Laubier

JLSC’est le 28 mai prochain que l’Arcep publiera les premiers chiffres de l’année de son Observatoire du haut et très haut débit. Et comme d’habitude, le régulateur ne fera pas – sauf surprise – la différenciation entre les abonnés FTTH ou Fiber-
To-The- Home (autrement dit, les particuliers ayant la fibre à
leur domicile) et les abonnés FTTO ou Fiber-To-The-Office (comprenez, les entreprises ayant la fibre jusqu’à leurs bureaux).
Et une nouvelle fois, par simplification, par confusion ou par omission (ou les trois), le chiffre de ces abonnés à la fibre optique de bout en bout sera considéré comme étant du seul FTTH.

Confusion entre « à domicile » et « au bureau »
Ce raccourci revient automatiquement à gonfler artificiellement le chiffre des abonnés résidentiels à la fibre optique jusqu’au domicile en France. Même le président de l’Arcep, Jean-Ludovic Silicani (photo), se laisse aller à cette facilité ! « La dynamique du FTTH (…), se confirme : (…) 540.000 abonnés, soit 225.000 de plus (+ 72 %) en un an »,
avait-il en effet asséné en mars dernier dans son édito hebdomadaire (1).
A l’en croire, les 540.000 abonnés comptabilisés au 31 décembre dernier en France seraient tous en FTTH. Or il n’en est rien. Car ce chiffre recouvre non seulement les abonnés FTTH – constituant certes l’essentiel de ce décompte – mais aussi les abonnés FTTO (voir tableau p.11). Mais, curieusement, l’Arcep ne donne pas la répartition entre ces deux catégories d’abonnés à la fibre optique de bout en bout, à savoir d’une part les abonnés « à domicile » et d’autre part les abonnés « au bureau ». De même, le régulateur entretien le flou dans ses communiqués de presse en affirmant aussi, dans celui du 6mars, que « le nombre d’abonnements FTTH (540 000 accès fin décembre 2013) s’est accru de 72 % en un an, soit +225 000 abonnements ».
Ce qui est à nouveau erroné ! Car, encore une fois, ce chiffre de 540.000 inclut les abonnés FTTH et ceux FTTO. Ce « péché par omission », puisqu’il n’est pas question de FTTO dans les communications de l’Arcep sauf à se plonger dans le dédale des chiffres complets que l’Observatoire du haut et très haut débit met en ligne (2), trompe presque tout son monde sur le succès supposé de la fibre optique à domicile en France. Résultat : les agences de presse et les médias ramènent eux aussi le chiffre en question au seul FTTH… Selon Valérie Chaillou, analyste à l’institut d’études Idate que nous avons contactée, « les accès FTTO concernent principalement les TPE (3) qui en ont des usages professionnels mais des accès similaires à ceux des résidentiels, avec peut-être davantage de garantie des débits ». D’après ses estimations, il y aurait en France
« environ 20 000 abonnés FTTO ». C’est donc au moins ceux-là, si ce n’est plus étant donné que l’incertitude persiste, que l’on devrait retrancher pour connaître la réalité du FTTH en France. Et il n’y a pas de quoi pavoiser car, qu’ils soient 520.000 voire moins
de 500.000, les abonnés à la fibre optique à domicile restent non seulement trop peu nombreux par rapport aux ambitions affichées par le chef de l’Etat de « 100 % en très haut débit d’ici 2022 (dont 80 % en FTTH) », voire pour remplacer à terme l’ADSL, mais aussi au regard des 2,7 millions de foyers français actuellement « éligibles » au FTTH. Cela veut dire que moins de 20 % d’entre eux ont à ce jour estimé utile de s’abonner, soit à peine 2 % du total des foyers français… Est-ce pour masquer cet échec patent, les premières offres commerciales de fibre à domicile ayant tout de même été lancées en 2007, que le chiffre réel du FTTH semble maquillé ? Ce manque d’attrait, à ce jour, du FTTH ne va-t-il pas contrarier – en plus de la crise économique et la chasse aux déficits publics – le trop ambitieux plan « France Très haut débit » qui prévoit un investissement massif de 20 milliards d’euros d’ici à 2022 ? La note pourrait même doubler selon des hypothèses hautes et en y intégrant l’indemnisation d’Orange en cas d’« extinction de l’ADSL » (4) pourtant plébiscité – contrairement au FTTH – par les Français. Encore
faut-il que les opérateurs télécoms déploient effectivement la fibre (5).

L’Arcep se dit prête à clarifier le chiffre
Sollicitée par Edition Multimédi@ pour obtenir la répartition entre les abonnés « à
domicile » et ceux « au bureau », l’Arcep nous a répondu : « Nous ne faisons pas le distinguo entre FTTH et FTTO, mais nous envisageons une évolution à moyen terme
de l’Observatoire pour publier ce chiffre [du nombre précis d’abonnés à la fibre optique jusqu’à domicile] ». Mais le régulateur nous indique qu’aucune décision n’a encore été prise à ce sujet. Pour une clarification des chiffres de la fibre optique en France, il faudra donc attendre. @

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