Newsroom

24 octobre
• Le Conseil européen numérique se déroule à Bruxelles (24-25).
• Lagardère investit dans le fonds numérique de Idinvest Partners.
•Twitter fixe son action entre 17 et 20 dollars pour lever jusqu’à
1,61 Mds de $, ce qui le valorise autour de 11 Mds de $.
• Catherine Trautmann, eurodéputée : « L’Internet haut débit
dans le service universel fait malheureusement toujours défaut ».
• AENA, Association des entreprises du numérique pour l’audiovisuel,
est créée.
• GLN, Groupement pour le développement de la lecture numérique,
est créé.

23 octobre
• Aurélie Filippetti, en Conseil des ministres : « Les travaux et les
concertations sont engagés sur la chronologie des médias, (…),
l’élaboration d’outils nouveaux de lutte contre les sites commerciaux
illégaux et la contrefaçon en ligne » (lire p. 7).
• Digital TV Research estime à 4,33 Mds de $ en 2013 le marché
de la TV payante en Europe (+ 2,8 % sur un an).
• Newsring devrait rejoindre le pôle médias digitaux de Fimalac,
selon TeleObs.NouvelObs.com
• CCM Benchmark et NPA Conseil ont mené l’enquête sur les
applis mobiles : 75 % des mobinautes en utilisent fréquemment 10
ou moins ; 32 % en ont déjà téléchargé des payantes.
• L’Observatoire de la musique : « La part croissante des services
de streaming à la demande n’a jamais été aussi élevée »
(63 % versus 56 % il y a un an).
• Marc Héraud, Sipec : « Le smartphone n’a pas tué l’appareil
photo, tout comme le couteau suisse n’a pas tué le tire-bouchon ! ».
• L’Equipe lance une offre payante « premium » sur son site web.

22 octobre
• La Commission européennecrée un groupe d’experts sur « la taxation
de l’économie numérique » : rapport pour le 1er semestre 2014.
• IAB Europe : « L’encadrement des données pseudonymes est
inapplicable en l’état ».
• Google ouvre les votes pour les YouTube Music Awards.
• Google a acquis la start-up française FlexyCore, spécialiste
d’Android, révèle L’Expansion.
• Netgem annonce l’arrivée d’Arte+7 (replay) sur la Box Videofutur.

21 octobre
• Le parlement européen approuve et renforce avec des sanctions
les propositions de Viviane Reding sur la protection des données
personnelles : http://lc.cx/PE-DP
• Netflix affiche 40 millions d’abonnés dans le monde et en prévoit
43,6 en fin d’année.
• Facebook lance « Stories to share » permettant aux médias de
signaler leurs articles.

18 octobre
• Lagardère annonce la cession de dix magazines pour se
« recentrer sur ses marques les plus puissantes qui ont ce potentiel
de croissance à 360 degrés à l’ère numérique ».
• Google (DoubleClick) et Facebook (FBX) s’allient dans la pub.

17 octobre
• Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, saisit le CNNum
sur le numérique dans le futur accord de libre-échange UE-US.
• Yahoo et Twitter n’ont pas confirmé leur venue au colloque de
l’Arcep sur la répartition de la valeur : aucun OTT n’étaient présents.
• Maxime Lombardini, DG de Free, au colloque de l’Arcep : « Les
opérateurs sont moins rentables que par le passé mais leurs
marges d’Ebitda dépassent encore les 30% ».
• Bertrand Méheut, PDG de Canal+, au colloque de l’Arcep : « Sur
l’ADSL, nous rétribuons la bande passante plus de 5 euros par
mois par abonné, ce qui est considérable ».
• NextRadioTV vise « un résultat positif dès 2014 » dans le numérique.
• Samsung lance Smart Media Player, une box pour connecter une TV.
• Telefonica prend une participation au capital de Rhapsody qui
édite Napster.
• TDF lance à Rennes une expérimentation de TV en mobilité
Wifi+TNT.

16 octobre
• La Commission européenne publie les contributions à son livre
vert « TV connectée » : http://lc.cx/TVC
• Dailymotion diffuse Canal+ au Canada par abonnement
(7,99 $/mois).
• Deutsche Telekom étudie une participation dans Spotify, affirme
Manager Magazin.
• Pierre Omidyar et Glenn Greenwald, respectivement fondateur
d’eBay et ex-journaliste du Guardian, vont lancer un « nouveau
média de masse indépendant ».
• Digital TV Research estime à 15,93 Mds de $ en 2013 le marché
mondial de la vidéo et de la télé en ligne (+ 27,7 % sur un an).

15 octobre
• Gitep Tics, Sfib, Simavelec et SNSII critiquent le rapport « Copie
privée » de Françoise Castex qui veut « préserver un système
d’indemnisation devenu obsolète à l’ère du numérique ».
• Les députés recevront les 26 et 27 octobre le livre « Pour
une réforme du droit d’auteur » (Xavier Gillard), cofinancé sur
Ulule.com, indique Actualitté : http://lc.cx/XG
• Kinopoisk.ru, détenu à 40 % par Allociné, est racheté par Yandex.

14 octobre
• Dailymotion indique s’apprêter à acquérir uns société européenne
et s’implante au Japon.
• Françoise Castex, eurodéputée, présente son rapport « Copie
privée » en commission JURI du Parlement européen et « tente
de la persuader de l’intérêt de légaliser le P2P ».
• Sony annonce la production d’une série TV pour Netflix.
• Facebook acquiert Onavo, start-up spécialisée en applis mobiles.

11 octobre
• Neelie Kroes, dans Le Monde : « L’idée est d’avoir un marché
unique (…), la même licence valable partout en Europe, des
enchères pour les fréquences plus cohérentes d’un pays à l’autre ».
• Xavier Niel, à Sciences Po : « La France est un paradis fiscal » !
• Google fait évoluer ses CGU pour associer photos, commentaires
et avis de ses utilisateurs à des publicités.

La Co-révolution

La saison 2025 des prix littéraires est de retour, avec son lot de rumeurs, de secrets et de scandales. Cette année, c’est au tour du prix Goncourt d’être à l’honneur, et pas seulement pour la qualité évidente du roman couronné. Le prestigieux jury vient de se voir ridiculisé en encensant un auteur… qui n’existe pas.
L’écrivain se cachant derrière son pseudonyme reste insaisissable, et pour cause. Quelle place, en effet, peut-on donner à une plate-forme de création collaborative ?
A une oeuvre co-écrite par des centaines d’internautes ? Chez Drouant, le jury vient
de commander une nouvelle tournée générale de camomille. En revanche, en ce qui concerne les créateurs de la plate-forme, on peut dire qu’ils ont réussi un coup de
pub magistral. Quel chemin parcouru depuis l’apparition confidentiel des premiers
« wikiromans » au début des années 2000, publiés peu après l’émergence des plates-formes de wiki, et du premier roman policier, « A Million Penguins », édité en 2007 par Penguins Book. Si des tentatives de créations collectives furent tentées tout au long
du XXe siècle, il fallut attendre la puissance et la simplicité des nouveaux outils collaboratifs en ligne pour rencontrer le succès. L’encyclopédie Wikipédia fut la
première véritable réussite collaborative, d’envergure planétaire. La co-création a
ainsi progressivement conquis ses lettres de noblesse, gagné en efficacité, tout en élargissement dans le même temps son champ d’action. Comme la révolution industrielle engendra les premiers mouvements coopératifs, comme autant de remparts dressés contre les violences et les risques économiques et sociaux des nouvelles formes de capitalisme, la révolution numérique est née sous le signe de la collaboration et de la participation.

« La sharing economy a signé l’entrée d’Internet
dans son troisième âge : après le Web statique et
le Web social, voici venu le temps du Web collaboratif. »

Cette révolution du partage et de l’entraide communautaires, facilitée par Internet, instille ses germes subversifs portant les noms d’open source, de creative common suivis par une longue procession de termes en « co » : coworking, covoiturage, colocation, colunching, coproduction, … Un dynamitage en règle de l’économie traditionnelle et de ses intermédiaires, avec des milliers de sites web facilitant l’intermédiation directe entre particuliers : location de voitures (Blablacar), d’appartements de vacances (AirBnb), de machine à laver (Lamachineduvoisin), partage culinaires (SuperMarmite), crédit entre particuliers ou peer-to-peer lending (Prêt d’union), financement participatif (Kickstarter),
et même université entre particuliers (Cup Of Teach). On comptait déjà en 2013 plus de 400 sites de services participatifs, rien qu’en France. La longue succession de crises mondiales a également servi de catalyseur et de stimulant au développement d’une économie de la collaboration, de l’altruisme et du partage.
D’abord marginal, ce courant est en train de devenir mainstream. Après les particuliers, les entreprises se sont mises à échanger des services et des ressources. Les villes, elles-mêmes, se lancèrent dès 2012 dans le programme pionnier Collaborative Cities, associant douze villes d’Europe et d’Amérique du Nord.
Les principaux acteurs sont devenus, paradoxalement, de nouveaux géants de l’Internet, participant à la consolidation de milliers de start-up.
Il y a plus de dix ans, les plus enthousiastes prophétisaient, à raison, que la sharing economy signait l’entrée d’Internet dans son troisième âge : après le Web statique et le Web social, voici venu le temps du Web collaboratif. De nouvelles manières de vivre,
de communiquer et de créer se mettent ainsi peu à peu en place pour lesquelles il a fallu imaginer de nouvelles règles de droit afin d’endiguer et canaliser les contentieux accompagnant ces nouvelles pratiques.
C’est en 2014 que la ministre française de la Culture et de la Communication de l’époque édicta la première loi sur la création, incluant des dispositions pour sécuriser les nouveaux usages créatifs et les œuvres « transformatives » sur Internet. Mais cela n’empêcha pas les centaines de co-lauréats du prix Goncourt 2025 de s’entredéchirer pour savoir qui était le véritable auteur de l’idée originale, l’écrivain génial du désormais fameux chapitre 7 ou le contributeur de la chute finale devenue un classique de la littérature mondiale. @

Jean-Dominique Séval*
Prochaine chronique « 2025 » : Télécoms en Europe.
* Directeur général adjoint de l’IDATE.

La Cnil à l’assaut de Google : entre quête du Graal et risque de Waterloo juridique

La Cnil mène la fronde européenne contre Google sur la protection des données personnelles et envisage avant Noël des sanctions, lesquelles pourraient être
plus médiatiques qu’efficaces. Les entreprises européennes pourraient en être
les victimes collatérales. Le bras de fer est loin d’être terminé.

Par (photo), avocat associé, et Hugo Bats, cabinet K&L Gates LLP.

La nouvelle politique de confidentialité de Google, édictée en
mars 2012 pour simplifier et faciliter l’utilisation de ses services,
de la messagerie Gmail aux téléphones Android, a été étudiée
et fortement questionnée au cours d’une enquête initiée au sein
du G29 – groupe de travail des autorités européennes pour la protection des données personnelles et de la vie privée (1) – et menée sous la conduite de la Cnil (2) par six autorités nationales.

 

La réponse graduée de la Cnil
Au terme de l’étude portant sur le document présentant la politique de confidentialité appliquée par Google, la présidente de la Cnil, Isabelle Falque-Pierrotin, explique qu’il s’agit d’un « document écrit de manière extrêmement large ». Selon la Cnil, il présenterait les traitements de façon égale, peu importe le type et l’usage, et informerait peu les utilisateurs sur la nature des données collectées, leur usage, leur combinaison et croisement parmi les services Google et la durée de leur conservation. La Cnil critique également le faible niveau de coopération de la firme de Mountain View (Californie) au motif que cette dernière aurait préféré employer le conditionnel plutôt que de s’engager
de façon précise, notamment en matière de durée de conservation maximale des données collectées.
Le 10 juin 2013, la présidente de la Cnil décidait de mettre en demeure la société Google Inc., sous un délai de trois mois, de se conformer à la loi Informatique & Libertés, avec, entre autres thèmes, l’obligation de définir des finalités déterminées et explicites d’utilisation des données, de procéder à l’information des utilisateurs sur ces finalités,
de définir une durée de conservation claire et de s’interdire de procéder, à défaut de base légale, à la combinaison des données des utilisateurs parmi les divers services fournis par Google.
Au dernier jour du délai de réponse imparti, Google répondait à la Cnil en contestant l’applicabilité de la loi Informatique & Libertés aux services de Google utilisés par des résidents en France, tout en ne justifiant pas avoir entrepris des démarches pour se conformer aux objectifs fixés dans la mise en demeure. La Cnil a annoncé, dans un communiqué du 27 septembre 2013, son intention d’engager une procédure formelle
de sanction, sans dire quand. « Des sanctions peuvent être envisagées avant Noël »,
a seulement dit Isabelle Falque-Pierrotin dans une interview à Libération (3).

L’amende pouvant être infligée par la Cnil – et susceptible de recours devant le Conseil d’Etat – peut s’élever jusqu’à 150.000 euros, ce qui soulève une question de proportion quand le chiffre d’affaires consolidé de Google dépasse 50 milliards de dollars. Dès lors, il y a fort à parier que la sanction serait davantage médiatique et s’inscrirait dans
le calendrier politique de la vaste réforme européenne de la protection des données personnelles. Cette réforme, initiée par la publication le 25 janvier 2012, d’un projet de règlement européen encore en cours de discussion parlementaire (4), est le siège de toutes les oppositions : non seulement entre les tenants d’une élévation ou d’un simple maintien du niveau de protection des données garanti en Europe, mais également ente l’Union européenne et les États-Unis.

Défiance européenne et triple frustration
L’affaire NSA-Prism (5) a suscité des tensions diplomatiques, particulièrement entre, d’une part, la Commission européenne, l’Allemagne et la France et, d’autre part, l’administration Obama. Au-delà des entreprises américaines qui, comme Google et tant d’autres, se retrouvent critiquées en Europe pour leur application du droit américain de la protection
de la vie privée et de la sécurité nationale américaine, le scandale de la surveillance
des communications françaises par la NSA vient renforcer un sentiment de défiance en Europe (6) qui repose désormais sur une triple frustration : l’usage mutualisé des données personnelles au sein de ces groupes mondiaux pour l’ensemble de leurs services (frustration économique) ; l’accusation d’évasion fiscale qu’autorise le jeu des conventions fiscales en vigueur (frustration fiscale) ; la captation par la NSA de données relatives aux communications électroniques des ressortissants européens (frustration régalienne).

Entre Graal et Waterloo juridique
En matière de protection des données personnelles, le G29 a évoqué la possibilité de sanctions lourdes, notamment en indexant l’amende précitée sur le nombre d’utilisateurs. Toutefois, ce type d’amende « multiplicative » n’aurait pas vocation à s’appliquer en l’espèce en droit français (7). Nous en saurons certainement davantage lors de la remise des conclusions du rapporteur de la Cnil, annoncée au plus tôt pour mi-novembre 2013. La Cnil, comme le G29, communiquent sur la menace de sanctions contre Google depuis plus d’un an, avec une telle certitude et une telle récurrence, qu’on peut s’en inquiéter. Non pas pour Google seulement, mais pour l’immense risque de décrédibilisation que représenterait pour ces autorités un Waterloo juridique. On peut comprendre qu’épingler Google constituerait une sorte de Graal pour les représentants de ces autorités et une extraordinaire caisse de résonance dans les débats européens et transatlantiques en cours en matière de protection des données personnelles. Cependant, sur le fond, ce qui est reproché à Google par la Cnil – une fois l’analyse juridique débarrassée des scories de l’émotion anti-américaine – pourrait tout autant être reproché à des centaines de groupes français et européens (8). D’aucuns objecteront que la situation de Google
est différente, voir unique, en particulier de par sa taille. Certes. Mais la taille n’est pas un délit en matière de protection des données. Ce qui serait illicite, selon la Cnil, ce serait l’absence d’un contrat « chapeau » venant consolider l’ensemble des services de Google dans une base légale unifiée, susceptible de justifier une combinaison des données des utilisateurs parmi tous les services de Google. Ce contrat, ou plutôt ce quasi-contrat au sens du droit civil français, qui n’engage que l’entreprise et non le consommateur, ne serait-il pas justement cette privacy policy dont la Cnil critique la finalité transverse entre les services de Google ?
Tout bien considéré, si la Cnil veut sanctionner, elle sanctionnera. La sanction potentielle qu’elle pourrait prononcer entre dans ce que Google peut débourser, financièrement et dans sa communication. A tel point que Google pourrait ne pas avoir besoin ni envie de faire appel.

Or, si cette affaire de privacy policy devait s’arrêter à une sanction par la Cnil, ce serait d’ailleurs préjudiciable aux entreprises européennes. En effet, ces dernières devraient,
le cas échéant, se contenter d’une sanction prononcée par la Cnil contre Google, sans qu’un recours devant le Conseil d’Etat ne puisse permettre de nourrir un débat doctrinal
et juridique plus impartial sur la violation réelle de la loi française qui résulterait d’une telle privacy policy. Or, le Conseil d’Etat – à la différence de la Cnil – n’a pas d’agenda institutionnel ou médiatique et n’a pas de compétition à mener en matière d’influence politique parmi les autorités européennes de protection des données personnelles. Il sera donc très intéressant d’observer les prochains développements de ce bras de fer, tant du côté de la Cnil que de la stratégie de réponse ou de non réponse de Google.
Il semble qu’il faudra à la Cnil bien plus d’arguments qu’elle n’en a développés dans les médias jusqu’à présent, pour articuler une sanction sur un manque de base légale. En effet, la combinaison des données entre divers services d’une même entreprise n’est
pas interdite par nature ; elle n’est même pas soumise au consentement explicite des personnes, en l’état du droit français. Elle est permise tant que l’information des personnes est accessible et complète, que les personnes disposent d’un droit au refus
– en matière de combinaison – qui ne s’oppose pas à la logique du service fourni et que cette logique ne porte pas atteinte aux droits et libertés fondamentaux des personnes.

Google est-il vraiment hors-la-loi ?
Il suffit de lister ces critères juridiques d’appréciation pour constater que leur relativité
peut tout autant conduire la Cnil à trouver matière à sanctionner, qu’elle peut permettre
à Google de démontrer que ses services ne sont pas contraires par nature à la loi française. Si à cette relativité s’ajoute la difficulté de démontrer, service par service, que
la loi française serait toujours applicable à Google, il y aurait lieu pour la Cnil de s’inquiéter que sa volonté de faire de Google un exemple ne finisse par avoir un effet boomerang. Il ne faut pas vendre la peau de l’ours… surtout celui qui orne le drapeau de la Californie. @

Ce que prévoit Aurélie Filippetti dans sa « grande loi » sur la création attendue avant le printemps

La ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, promet de déposer en conseil des ministres une « grande loi » sur la création « avant les élections municipales » de mars 2014 – faute de pouvoir le faire avant Noël.
Elle intègrera un « deuxième volet » consacré au numérique.

La future loi sur la création, qui sera présentée en conseil des ministres avant le printemps prochain, aura deux volets : l’un sur la création physique (1), l’autre sur la création numérique.
« A l’heure où je défends la neutralité technologique, c’est bien de pouvoir avoir une grande loi création qui embrasse aussi les aspects numériques. Mais il n’y aura pas que la réponse graduée ! », a prévenu Aurélie Filippetti le 17 octobre dernier, invitée par l’Association des journalistes médias (AJM).

Gestion collective et chronologie des médias
Faute d’avoir été intégré dans la loi sur l’indépendance de l’audiovisuel public, le transfert de l’Hadopi au CSA risque de faire de l’ombre aux autres mesures envisagées. « Il faut aussi avancer sur les autres sujets numériques pour montrer que le maintien de la réponse graduée transférée au CSA – j’ai supprimé en juin la coupure de l’Internet qui était disproportionnée – est une réponse parmi d’autres. Il y a aussi la piste sur le domaine public, la sécurisation des nouveaux usages créatifs et les œuvres ‘’transformatives’’, les échanges non-marchands, et la dimension offres légales. Il faut que tous ces aspects-là avancent en même temps pour que l’on puisse avoir un paquet numérique global dans un deuxième volet de la grande loi sur la création », a-t-elle expliqué.
Lorsque le CSA aura récupéré les compétences issues de l’ancienne Hadopi, la ministre compte sur lui pour mettre en place le conventionnement des sites web (2).
« Enrichir le CSA de l’idée de conventionnement est bien l’un des piliers des propositions du rapport Lescure qui a été arbitré favorablement par le gouvernement
– conventionnement au service de l’exception culturelle du numérique. Il ne s’agit pas de régulation punitive, mais incitative, au travers d’une régulation souple », a-t-elle poursuivi.
Le contenu de la loi sur la création dépend ainsi d’accords interprofessionnels préalables : la gestion collective pour la musique et la chronologie des médias pour le cinéma. « Cela marchera si, en parallèle, une offre légale se développe. J’y travaille et on essaie d’avancer sur la gestion collective qui, si la concertation interprofessionnelle ne marche pas, sera une gestion collective obligatoire pour la musique. Ce qui permettra une mise à disposition de contenus plus importante, tout en rémunérant les ayants droits. Pour le cinéma, il y a la question de la chronologie des médias : je veux que l’on avance là-dessus ; les blocages ne sont pas normaux ; il y en a trop. Il faut au moins un compromis sur la SVOD (3) d’ici la fin de l’année, sinon une disposition législative pourrait intervenir », prévientelle. Côté musique, selon nos informations, la SCPP (4) et le Snep (5) n’excluent pas de supprimer la licence légale pour la radio en cas de gestion collective obligatoire. Questionnée sur la mission qu’elle a confiée en septembre à Christian Pheline, lequel doit rendre en novembre ses conclusions sur le partage de la valeur de la musique en ligne (streaming notamment) avec les créateurs, elle a répondu : « La gestion collective, c’est une bonne piste à l’ère du numérique. Il faut avancer dans ce sens-là et je préférerais qu’on le fasse avec un accord de leur part, plutôt que par une forme de contrainte. Il y a déjà une gestion collective dans le livre [loi du 1er mars 2012 sur “l’exploitation numérique des livres indisponibles du XXIe siècle” (6), ndlr] et c’est un bon système. La gestion collective doit être obligatoire car
il faut qu’elle soit appliquée à tous si l’on veut que cela marche. Si les catalogues sont cloisonnés ou fragmentés, ce sera toujours plus facile d’aller pirater que de trouver un titre original en offre légale. Mais je ne veux pas aller plus vite que la musique ! »
Côté films, le rapport Lescure propose de passer la SVOD de 36 à 22 mois après
la sortie d’un film en salle mais il y a encore discussion sur ces 22 mois. « Je ne désespère pas : si on a réussi à trouver un accord sur la convention collective dans
le cinéma, on pourra arriver à un accord sur la chronologie des médias ! », espère la ministre.

Taxe sur les terminaux connectés pour 2014
Et d’ajouter : « Sur la VOD, pour laquelle le rapport Lescure propose des dérogations [pour rendre des films disponibles à 3 mois après leur sortie en salle, ndlr], les syndicats de producteurs de cinéma ne sont déjà pas d’accord entre eux. Le président de la République a luimême exprimé qu’il fallait faciliter l’accès à l’oeuvre par l’amélioration du fonctionnement actuel de la chronologie des médias ». Et concernant la taxe sur les terminaux connectés, « on verra comment elle pourra aboutir l’année prochaine ». Le débat parlementaire sur ce projet de loi sur la création s’annonce houleux. @

Charles de Laubier

Audience : Yahoo dépasse Google aux Etats-Unis

En fait. Le 21 octobre, Yahoo a recruté le journaliste David Pogue – jusqu’alors chroniqueur au New York Times. Il aura la responsabilité éditoriale de l’électronique grand public. Le 9 septembre, Yahoo recrutait Megan Liberman – également ex-NYT. A force d’investir dans les contenus, l’audience suit.

En clair. C’est un signe : Yahoo a dépassé pour la première fois en juillet et août derniers Google en terme d’audience aux Etats-Unis. Selon Comscore, Yahoo a affiché un score de 196,5 millions de visiteurs uniques sur le mois de juillet – reléguant pour la première fois Google à la seconde place (192,2 millions). Et la firme de Sunnyvale a renouvelé cette performance au mois d’août avec 196,4 millions de visiteurs uniques, maintenant Google derrière (191,6 millions). Alors que Google était encore en tête en juin avec 192,5 millions de visiteurs uniques, devant Yahoo (188,7 millions). Reste à savoir si le mois de septembre confortera Yahoo en haut du podium des audiences de sites web outre-Atlantique. Mais cette pole position est loin d’être acquise en Europe, notamment en France où Yahoo arrive en seulement quatrième, cinquième ou sixième place selon les mois. Par exemple, pour l’audience du mois de septembre en France, Yahoo est cinquième place avec 21,9 millions de visiteurs uniques (derrière Google, Microsoft, Facebook et Wikimedia/Wikipedia).

En tout cas, la directrice générale Marissa Mayer – nommée durant l’été 2012 après avoir été recruté chez Google (1) – a de quoi se réjouir de la croissance de la fréquentation de Yahoo. En étant devenu média, le pionnier des moteurs confirme sa renaissance dans les services, les contenus et les éditoriaux. En débauchant coup sur coup deux journalistes du New York Times, respectivement Megan Liberman comme rédactrice en chef de Yahoo! News et David Pogue pour préparer une nouvelle offre d’information sur l’électronique grand public d’ici la fin de l’année, le concurrent de Google entend miser plus sur les « talents » que sur des algorithmes. Quitte à intégrer de nouvelles équipes issues des acquisitions de start-up (GhostBird, PlayerScale, Alike, Stamped, Snip, Xobni, Bread, …), sans parler de l’achat de Tumblr pour 1,1 milliard de dollars.
« Yahoo! compte plus de 800 millions d’utilisateurs par mois [dans le monde], en hausse de 20 % sur les 15 derniers mois et la croissance des revenus publicitaires suivra celle du trafic. Et nous ne faisons que commencer », s’était félicité Marissa Mayer, lors de la présentation des résultats du troisième trimestre le 15 octobre (2). Cette revitalisation de Yahoo par profite aussi au cours de Bourse qui est passé depuis un an d’un peu plus de 15 dollars à près de 35 dollars. @