YouTube se dit « incontournable » pour les créateurs

Le 19 juin, Christophe Muller, directeur des partenariats de YouTube – pour les régions Europe du Sud et de l’Est, Moyen-Orient et Afrique de Google – est intervenu lors d’UbiQ au Palais Brongniart à Paris. Il était accompagné de Denis Ladegaillerie, fondateur de Believe Digital.

En créant UbiQ Events, Gwenaël Flatres a sans doute l’ambition de faire de ce rendez-vous international du divertissement numérique le MipTV et le MipCom de l’Internet. Il fut d’ailleurs le directeur du développement de ces deux salons professionnels organisés par Reed Midem. UbiQ a l’ambition d’être la place de marché « B2B » des projets cross media et concerne aussi bien la télévision et la musique que le jeu vidéo ou les contenus de marque. « L’ambition d’UbiQ est de provoquer un vrai partage d’expériences entre les opérateurs des différentes industries du divertissement (TV, musique, jeux vidéo), pour faire face aux enjeux d’une industrie en pleine mutation », a expliqué Gwenaël Flatres. Parmi les quelque 70 conférenciers et plus de 200 sociétés réunies dans un salon (venues d’une trentaine de pays), Google a confirmé la présence de sa filiale YouTube, aux côté de Denis Ladegaillerie, président fondateur du producteur de musique Believe Digital (1). « Avec plus de 72 heures de vidéos mises en ligne chaque minute et plus de 4 milliards de vidéos vues chaque jour, YouTube est une plate-forme de diffusion et promotion incontournable pour les artistes, créateurs de contenus et annonceurs de toutes tailles. Nous sommes très heureux de (…) partager les retours d’expériences de nos partenaires, comme la formidable success story qu’est Believe Digital aujourd’hui », a déclaré Christophe Muller, directeur des partenariats de YouTube (2). UbiQ entend ainsi faciliter les partenariats entre créateurs de contenus et plates-formes de distribution numériques. Des artistes deviennent aussi des médias à part entière grâce à leurs communautés de millions de fans. « Les audiences se fragmentent et les annonceurs doivent suivre leurs audiences où qu’elles soient. Dès lors les medias et la publicité doivent se réinventer autour de la notion d’engagement et de complémentarité dans la sphère digitale », a estimé Gwenaël Flatres. Car après la musique, c’est au tour de la télévision de subir « un choc au moins équivalent avec l’arrivée de la télévision connectée, des nouvelles tablettes et de la VOD ». Quant au jeu vidéo, ajoute-t-il, il fait face à la distribution dématérialisée mais aperçoit de nouvelles opportunités de croissance à travers les réseaux sociaux et auprès des producteurs et diffuseurs de contenus TV, musique, mais aussi livre et presse magazine. @

Jérôme Roger, UPFI et SPPF : « Il est urgent d’aider maintenant la filière musicale, avec la création du CNM »

Le directeur général de l’Union des producteurs phonographiques français indépendants (UPFI) et de la Société civile des producteurs de phonogrammes
en France (SPPF), Jérôme Roger, explique ce que la filière musicale – confrontée
au numérique – attend du nouveau gouvernement.

Propos recueillis par Charles de Laubier

Edition Multimédi@ : Le Centre national de la musique (CNM) est remis en cause par le nouveau gouvernement. Cela vous inquiète-t-il ?
Jérôme Roger :
Dans ses 60 propositions pour la France, François Hollande avait défendu l’idée de la création d’un CNM. Les législatives ont retardé ce dossier. Pourtant, il y a urgence car le tissu des PME et des TPE de la production musicale – devenues structurellement déficitaires, en particulier concernant les nouveaux talents – se trouve dans une situation très fragile. Or, les aides d’Etat et les subventions représentent à peine 2 % à 3 % de l’ensemble des revenus des producteurs de musique. C’est pourquoi, nous venons d’envoyer une lettre au président de la République, au Premier ministre et à la ministre de la Culture et de la Communication pour les alerter sur les difficultés de notre secteur. La question du financement du CNM doit être réglée dans le cadre de la loi de Finances 2013, ce qui nécessite des arbitrages avant fin juillet.

EM@ : Le financement même du CNM, lié à celui du CNC (1) et à la taxe sur les services de télévision (TST) versée par les fournisseurs d’accès à Internet (FAI),
est contesté…
J. R. :
Sur un budget global de l’ordre de 145 millions d’euros, 95 millions devaient être financés a priori par les FAI et 50 millions par la profession elle-même. Les FAI ont bénéficié d’un transfert de valeur considérable ces dix dernières années, la musique ayant servi de produit d’appel pour le haut débit. Aucune compensation n’est intervenue pour contrebalancer cet enrichissement sans cause ou pour instaurer un compte de soutien à la production musicale financé par les FAI, solution qui a notre préférence. Pendant cette période, le cinéma et l’audiovisuel ont bénéficié d’une extension de la TST à l’activité des FAI (2). Au gouvernement de prendre ses responsabilités afin que le CNM puisse démarrer en janvier 2013. Nous lui demandons également de prolonger le crédit d’impôt (3) à la production phonographique pour trois ans, à compter de 2013.

EM@ : Qu’attendez-vous de « l’acte II de l’exception culturelle » et de la mission confiée à Pierre Lescure ? Redoutez-vous la disparition de l’Hadopi ?
J. R. :
La méthode choisie par le gouvernement constitue un bon point de départ. Car confier une mission pour préparer l’acte II de l’exception culturelle à une personnalité indépendante, Pierre Lescure, rassure les professionnels sur l’absence d’a priori de la part du gouvernement. Le champ de cette mission est assez large. Limiter son périmètre
à l’avenir à l’Hadopi aurait été dommage car la question du financement de la création
et du développement de l’offre légale sur les réseaux en ligne représentent des enjeux majeurs. Sur le fond, je regrette que, durant la campagne, les représentants du PS n’aient cessé de répéter que l’Hadopi n’avait pas rapporté un centime à la création et qu’elle avait créé un fossé entre le public et les créateurs. La réponse graduée, qui n’a jamais prétendu atteindre cet objectif, constitue un repère dans l’esprit des internautes et son rôle pédagogique et dissuasif semble avoir été bien compris. Il faut lui laisser le temps de
se déployer à 100 % avant de tirer des conclusions hâtives.

EM@ : Avec la Sacem, la SCPP et l’Alpa, la SCPP recourt à la « réponse graduée » : seriez-vous favorable au remplacement du volet pénal de la loi Hadopi (coupure d’Internet) par des amendes dissuasives ?
J. R. :
A l’origine, nous étions plutôt favorables à un système d’amendes. Je relève que
la sanction de la coupure d’accès, fut-elle très temporaire, est mal ressentie par une
partie de l’opinion. Nous sommes prêts à en discuter. Ce débat est d’ailleurs théorique, voire surréaliste, car pour l’heure aucun tribunal ne s’est encore prononcé suite à la transmission d’un certain nombre de dossiers par l’Hadopi.

EM@ : Qu’attendez-vous des futurs états généraux sur le financement de la création ?
J. R. :
Nous sommes plutôt en faveur de mécanismes permettant d’améliorer le financement et le développement des oeuvres qu’en faveur de droits à rémunération. Cette deuxième hypothèse risquerait d’ouvrir la voie à un système de licence globale
que nous rejetons, car personne n’a pu m’expliquer jusqu’à présent ce que signifiaient
les échanges « non-marchands ».

EM@ : Craignez-vous le rachat d’EMI par Universal Music, scruté par Bruxelles jusqu’au 6 septembre ?
J. R. :
Le rachat éventuel d’EMI Recording par Universal Music suscite les plus vives préoccupations de la part non seulement des producteurs indépendants européens,
mais également de certaines majors comme Warner Music. Notre organisation européenne Impala a fait valoir auprès de la Commission européenne qu’une telle opération conduirait à une position monopolistique insupportable pour le pluralisme des acteurs de la production musicale (4). C’est pourquoi, nous lui demandons de s’opposer
à tout rapprochement entre Universal Music et EMI Recording. Nous attendons la publication imminente de la notification de griefs pour envisager la suite.

EM@ : Une autre position dominante inquiète la filière de la musique, celle d’iTunes d’Apple…
J. R. :
Il n’est jamais sain qu’un opérateur économique occupe une position aussi dominante sur un marché. Cela étant, il faut rendre grâce à Apple d’avoir créé, en 2004, un modèle économique basé sur le téléchargement à l’acte de la musique enregistrée.
Il serait néanmoins dangereux que les concurrents d’Apple soient marginalisés. Nous n’avons pas été auditionnés par les autorités de la concurrence à ce sujet. Mais le modèle du téléchargement à l’acte n’est plus aujourd’hui le modèle unique de consommation de
la musique en ligne. Les services de streaming illimité par voie d’abonnement, tels que Spotify et Deezer, offrent des perspectives intéressantes à condition de pouvoir assurer un taux de monétisation élevé.

EM@ : Aurélie Filippetti avait évoqué un forfait de 2 euros par mois rajouté aux frais d’inscription universitaire pour les étudiants : êtes-vous favorable ?
J. R. :
La France, où les ventes numériques représentent à peu près 25 % du total des revenus des producteurs, n’a pas encore rattrapé son retard par rapport aux pays anglo-saxons (5). Les dégâts provoqués par la gratuité et la piraterie en ligne ont été beaucoup plus considérables pour la musique que pour le cinéma. La mission Lescure aura à se pencher sur les mesures incitatives au développement de l’offre légale. Et l’idée d’un forfait permettant aux étudiants de s’abonner ou d’avoir accès, pendant une durée temporaire, à des services musicaux est une piste à creuser.

EM@ : L’UPFI est contre une licence globale ou une gestion collective obligatoire, mais pour une rémunération des artistes… J. R. : La licence globale ou la gestion collective obligatoire, comme étant des solutions facilitant l’accès à l’ensemble des répertoires musicaux, sont des non-sens. Il n’y a pas aujourd’hui de problème particulier d’accès au catalogue pour les plateformes légales. L’octroi de licences individuelles n’a
en rien freiné le développement de l’offre légale, en France comme à l’étranger. Le partage équitable de la rémunération entre artistes et producteurs existe déjà (6). Dans le cadre de la médiation « Hoog », les producteurs avaient pris l’engagement de réguler leur pratique concernant la négociation d’avances et de minima garantis avec les plateformes, ce qui concernait surtout les majors. Quant au projet de directive européenne sur la gestion collective, il porte notamment sur la transparence et les questions de gouvernance.
Nous y sommes favorables. @

Timeline

22 juin
• KKR finalise l’acquisition de Fotolia pour 150 millions de dollars et obtient un crédit bancaire de 150 millions de dollars.

21 juin
• L’ACTA est rejeté par la commission du Commerce international du Parlement européen, dont la plénière se tiendra le 4 juillet.
• Le CPE (écrivains) annonce l’échec des négociations avec les éditeurs du SNE sur l’adaptation des contrats au numérique.
• France Télécom inaugure à Marseille sa première ville couverte par la 4G d’Orange, Lyon et Nantes étant les suivantes.
• Facebook voit le nombre de ses utilisateurs baisser, selon ComScore.
• L’AFPlance « E-Diplomacy », outil d’analyse de plus de 4.000 comptes Twitter de chefs d’Etats, de membres de gouvernements, de diplomates, de militants ou encore de journalistes.
• Public Knowledge se prononce contre la fusion Universal Music-EMI, qui aura « le contrôle des services de musique en ligne ».

20 juin
• Apple est condamné aux Pays-Bas à indemniser Samsung pour violation de brevets.
• Apple est condamné en Australie à 2 millions d’euro d’amende pour publicité mensongère sur l’iPad en 4G.
• Facebook annonce la suppression de sa monnaie « Crédits » en fin d’année mais les paiements et les 30 % de commission demeurent.
• Le Snep élit son nouveau président pour deux ans : Stéphane Le Tavernier (Sony Music) succède à Denis Ladegaillerie (Believe Digital).
• UFC-Que Choisir assigne en justice dix opérateurs mobile (dont Orange, SFR, Bouygues Telecom, Free Mobile et Virgin Mobile) pour clauses abusives sur les « offres illimitées ».
• Le Japon (son Parlement) adopte une loi punissant le piratage en ligne de 2 ans de prison et de 20.000 euros d’amende.
• TF1 Vidéo pourrait se séparer de 26 de ses 81 salariés, selon « Lepoint.fr ».
• La Ficam réalise une étude intitulée « Economie du cinéma, de l’audiovisuel et du multimédia ».

19 juin
• La Sacem a nommé pour trois ans son DG en la personne de Jean-Noël Tronc, successeur de Bernard Miyet.
• Forrester Research (son PDG George Colony), dans « Latribune.fr » : « Microsoft pourrait racheter Nokia et tirer profit du futur déclin d’Apple ».
• Spotify lance une application de création de webradios pour concurrencer Pandora.
• Dailymotion est partenaire de Twitter pour « Twitter Cards ».
• ZenithOptimedia (Publicis) revoit à la baisse la croissance du marché mondial de la publicité en 2012 : + 4,3 % au lieu de + 4,8 %. En France : + 1 % au lieu de + 1,4 %.
• Viadeo publie son 6e baromètre trimestriel avec « Satellinet » sur la publicité en ligne : seulement 53 % des professionnels se disent optimistes.
• Lagardère annonce détenir 61,39 % du capital de Le Guide.com.

18 juin
• La Commission européenne publie son « Digital Scoreboard » 2012 : « En investissant si peu, nous nous tirons une balle dans le pied », prévient Neelie Kroes.
• Microsoft (Steve Ballmer) dévoile sa tablette baptisée « Surface ».
• Facebook acquiert Face.com (reconnaissance faciale).
• Twitter va recruter son DG France, selon « Lexpress.fr ».
• Le Procirep, lors de son AG : « Des incertitudes (…) entourent la rémunération pour copie privée en Europe ».
• Netgem lance des « boxes mobiles » pour opérateurs 3G et 4G.

16 juin
• Facebook paye 10 millions de dollars à des internautes l’accusant de publicités abusives utilisant leurs données et photos.

15 juin
• L’Arcep indique que les expérimentations du VDSL2 (50 Mbits/s) pourraient « durer plusieurs mois ».
• L’institut CSA et NPA Conseil publient leur 2e Observatoire TV connectée : 64 % des internautes se disent équipés (+ 15 % depuis octobre 2011) et 74 % utilisent un « 2e écran ».
• Salesforce s’associe à Twitter pour analyser le « buzz » en temps réel.

14 juin
• Corinne Denis (Express-Roularta) est élue présidente du Geste et succède à Philippe Jannet (lire p. 5).
• GfK et NPA Conseil publient leur Baromètre TV en ligne.
• Jouve crée pour l’Institut Français Ifverso.com, une plateforme numérique du livre français à l’étranger.

13 juin
• L’ICANN reçoit 1.930 dossiers de candidats aux nouveaux noms de domaines génériques à 185.000 dollars chaque, dont 54 venant de France (comme Canal+).
• Olivier Huart, DG de TDF, dans « Les Echos » : « La TNT connectée (…) permettra à tous d’accéder à de nouveaux services comme la [VOD] ou la télévision de rattrapage».
• Le GFII présente au salon i-expo son livre blanc numérique sur l’ebook au format ePub.

12 juin
• NPD DisplaySearch : « Plus d’un quart (27 %) des téléviseurs vendus dans le monde sont connectés à Internet ». Ils sont 36 % à l’être en Europe de l’Ouest.

11 juin
• Le SNE et la SGDL s’accordent avec Google sur la numérisation de livres (lire p. 4).
• L’Autorité de la concurrence publie son avis à l’Arcep sur la diffusion hertzienne de l’audiovisuel : « Forte dépendance des opérateurs alternatifs à l’égard de TDF ».
• France Télécom confirme à « PCInpact » un futur blocage par DNS.

La géolocalisation m’a sauvé !

J’en ai encore les genoux qui tremblent ! Je viens d’échapper à un terrible accident de la circulation. Je ne dois mon salut qu’à ma nouvelle voiture équipée, entre autres merveilles de l’électronique embarquée, d’un système LBS (Location Based Service). Mon véhicule est ainsi connecté
à un service adopté par l’ensemble des constructeurs permettant de localiser tous les autres véhicules autour du mien. C’est ainsi que le camion, qui fonçait sur moi au mépris d’un feu rouge impuissant, en étant identifié en temps réel comme une menace, a été dévié de sa funeste trajectoire. Même si je savais que je disposais de cette nouvelle protection, le fait de l’avoir testé en réel m’a quand même pas mal secoué. Ce service, disponible depuis peu sur les véhicules de série, est le résultat de programmes de recherche très ambitieux, parmi lequel le projet SimTD qui réalisa ses premières expérimentations en 2011. Mettre en place des solutions de « Car-to-X Communication » n’était pas une mince affaire, en ce qu’il fallait pouvoir coordonner les informations en temps réel de différentes natures : trafic, météo, signalisation routière, observation vidéo, position des véhicules, etc. D’importants moyens y furent consacrés afin de sauver les vies des 35.000 Européens qui trouvaient encore la mort chaque année sur la route, mais également pour réduire le coût des embouteillages qui pouvaient être estimé – rien que sur les routes allemandes – à 17 milliards d’euros par an. C’est ainsi que nos voitures sont aujourd’hui capables de nous avertir de la présence de verglas ou d’eau sur la route, des accidents ou du freinage brutal d’un véhicule, de travaux, ainsi que de l’état des feux d’arrêt ou des panneaux électroniques à proximité. Sans parler des informations sur l’emplacement de parkings gratuits et bien d’autres services Internet à valeur ajoutée.

« Mon véhicule est ainsi connecté à un service
embarqué et adopté par l’ensemble des constructeurs, localisant tous les autres véhicules autour du mien. »

Et grâce à la diffusion massive des smartphones, il est possible d’obtenir des services de plus en plus puissants à partir des informations localisées des boutiques, des restaurants ou encore des prévisions météos. L’acronyme SoLoMo, utilisé pour « SOcial, LOcal, MObile », décrit bien cette combinaison des trois éléments clés du LBS mobile. Le graphe social y joue un rôle essentiel, grâce à la puissance des recommandations donnant du crédit aux informations localisables. Les utilisateurs de ces services géolocalisés embarqués étaient déjà plus de 136 millions en 2012, rien que dans l’Union Européenne, pour dépasser les 400 millions aujourd’hui. Mais la monétisation de ces nouveaux services restait toujours difficile : les revenues issus de tels services étant toujours en retrait sur leur diffusion : à peine plus de 200 millions d’euros en 2012 en Europe. Mais au rythme d’une croissance rapide, ils dépasseront les 2 milliards d’euros cette année. Ils ont d’abord, le plus souvent, été une source d’enrichissement et de valorisation de services préexistants, hésitant entre services intégrés gratuitement et services payants. Mais le modèle publicitaire a fini par capter une part importante de la valeur, au fur et à mesure que la puissance de la géolocalisation permettait de pousser efficacement des messages ou des promotions à des utilisateurs entrant ou sortant d’une zone précise. Les perspectives attirent sans cesse de nombreuses start-up, qui buttent cependant souvent sur la difficulté de grandir seules. Car ces services n’ont de sens qu’en étant combinés à d’autres, souvent maîtrisés par les géant de l’Internet. C’est ainsi qu’eBay fit l’acquisition en 2011 de Where, une société qui propose un service de géolocalisation de bars et restaurants, ainsi que de publicité locale sur téléphones mobiles. Wallmart a suivi en prenant le contrôle de Kosmix, tandis que Groupon s’emparait de Whrll. Facebook fit de même avec Gowalla, service de “réseautage” social géolocalisé, fermé l’année suivante. Si c’est la fatalité des services LBS mobile d’être une brique essentielle de nos services, convoitée par les puissances du Net, il faut désormais également aller chercher les nouvelles pousses du domaine du côté de la Chine où naquirent les Jiepang, Qieke et autre Kaikai. @

Jean-Dominique Séval*
Prochaine chronique « 2020 » : feu Minitel
* Directeur général adjoint de l’IDATE.
Sur le même thème, l’institut publie chaque année son
rapport « Mobile LBS (Location–based services) : From
traditional navigation to social check-in », par Soichi Nakajima.

Présidence du Geste : la presse tient tête à l’audiovisuel

En fait. Le 14 juin le Groupement des éditeurs de services en lignes (Geste) a tenu son assemblée générale annuelle. Contrairement à ce que nous affirmions dans
le n°58 de EM@, ce n’est finalement pas Eric Scherer (France Télévisions) qui en
a été élu président, mais Corinne Denis (Express-Roularta).

En clair. Mea Culpa. L’élection de Corinne Denis à la présidence du Geste – par
un conseil d’administration renouvelé pour plus des deux tiers lors de l’AG – nous
a donné tort. Eric Scherer, directeur de la prospective, de la stratégie et des relations internationales de France Télévisions, était bien candidat à la succession de Philippe Jannet, mais il n’était pas le seul. S’était aussi déclarée Corinne Denis, DG adjointe
et directrice nouveaux médias du groupe Express-Roularta. C’est finalement cette dernière qui a été élue (« assez confortablement », nous dit-on), alors que plusieurs membres s’attendaient à un vote serré. Eric Scherer devient cependant l’un des quatre vice-présidents du Geste. Il nous a dit être « déçu » car il pensait que les enjeux de l’audiovisuel – déjà devenus préoccupation majeure au sein de cette organisation créée
il y a 25 ans (1) – allaient l’emporter sur les préoccupations de la presse historiquement traitées par le Geste. A l’homme de presse écrite qu’est Philippe Jannet (2) – président
du groupement de 2000 à 2012 et artisan de l’ouverture du Geste à la musique, aux jeux en ligne et à la télévision – aurait pu en effet succéder un homme de l’audiovisuel. « Le candidat devra provenir d’un groupe français d’envergure, présent sur tous les écrans », nous avait-on dit en marge de la matinée « Médias en ligne : What’s Next ? » du 20 mars (3). Nous n’avions donc pas pensé à Corinne Denis. Erreur !
Administrateur depuis novembre 2009 et coprésident de la commission « Audiovisuel et Nouveaux médias », Eric Scherer va continuer à faire de la TV connectée un nouveau cheval de bataille du Geste. « Avec YouTube qui a pris un virage radical en lançant des chaînes thématiques, dont certaines dépassent déjà en audience des chaînes thématiques classiques aux Etats-Unis, tout le monde peut devenir producteur de télévision », a-t-il lancé lors de l’AG du 14 juin. Le 16 mai, les membres du Geste ont d’ailleurs pu rencontrer une seconde fois à huis clos le « père » de la Google TV, le Français Vincent Dureau. Reste que, selon nos informations, Eric Scherer n’avait pas du tout les faveurs de Philippe Jannet, lequel avait dressé en mai le portait du futur président du Geste : « [Il ou elle devra] avoir un regard global, multi sectoriel, une curiosité quant aux évolutions technologiques ». Philippe Jannet devient président d’honneur. @