Timeline

27 mai
• France Télévisions lance une application Smart TV pour Roland- Garros (27 mai-10 juin).

24 mai
• Mediamobile (TDF) annonce sa candidature à l’appel d’offres du CSA pour faire de la RNT en bande L.
• Lekiosque.fr s’internationalise avec « Lekiok.fr » et affiche 1,4 million d’euros de chiffre d’affaires en 2011 .
• Bouygues Telecom annonce sa nouvelle Bbox pour le 18 juin.

23 mai
• Google n’a pas fourni d’informations suffisantes sur ses nouvelles règles de confidentialité, annonce la Cnil.
• La SEC (gendarme boursier américain) déclare vouloir examiner l’introduction en Bourse de Facebook (lire p. 5).
• La Sénat américain s’interroge sur Facebook en Bourse.
• Facebook fait l’objet d’une nouvelle plainte, déposée à New York, pour fausses informations sur les prévisions de chiffres d’affaires.
• L’Idate publie une étude sur le multi-play : « Les offres quadruple play sont encore émergeantes ».
• Enterbrain, cabinet d’études japonais : le marché mondial des jeux vidéo (50 milliards d’euros), les jeux en ligne (dématérialisés) pèse désormais plus de la moitié (58 % en 2011).
• Getty Images est mis en vente, valorisé jusqu’à 4 milliards, selon le « Financial
Times ».

22 mai
• Larry Page (Google) déclare : « Nous avons acquis Motorola Mobility », Dennis Woodside devenant PDG.
• Pierre Lescure, ancien patron de Canal+, pilotera la commission de concertation de l’Hadopi.
• Le Simavelec et le SNSSI veulent une autorité indépendante pour remplacer l’actuelle commission “copie privée”.
• Facebook fait l’objet d’une plainte déposée en Californie pour fausses informations.
• MK2 (son président Nathanaël Karmitz), dans « Challenge » : « Les fournisseurs d’accès à Internet [FAI] doivent se voir obligés [must carry] de proposer toutes les offres [de VOD] ».
• Médiamétrie et GfK comptent 3 millions de foyers français équipés d’une TV connectée.
• NEC présente Gaziru, plateforme de recherche à partir de photos prises de son smartphone.

21 mai
• Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, annonce une réforme du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) avant début 2013 et remet en question le financement du Centre national de la musque (CNM).
• Yahoo vend 20 % de ses 40 % de parts dans le chinois Alibaba pour 7,1 milliards de dollars.
• Facebook voit son action passer en-dessous de son prix d’introduction en Bourse.
• La Commission européenne écrit à Google, pour que soient prises des mesures contre les risques d’abus de position dominante.
• La Cour suprême des Etats-Unis refuse de revenir sur l’amende de 675.000 dollars infligée à un étudiant pour avoir piraté 30 musiques en ligne.
• Allociné et Peopleforcinema signent un partenariat pour que les internautes puissent contribuer en ligne au financement de films.
• Google investit 35 millions de dollars dans la webTV Machinima.

19 mai
• La SACD et Canal+ organisent au Festival de Cannes un débat sur la TV connectée.
• Les 6 nouvelles chaînes de la TNT seront lancées le 12 décembre 2012, révèle
« ET » (Ecran Total).

18 mai
• Le SFIB (industrie informatique) saisit une nouvelle fois le Conseil d’Etat contre la décision de la commission « copie privée » sur les tablettes, et dépose une « QPC ».
• Facebook entre en Bourse au Nasdaq à New York (lire p. 5).
• RAJE, réseau de radios associatives, rejoint le groupe SOS pour se lancer dans la RNT.

16 mai
• François Hollande, élu président de la République le 6 mai, nomme les membres du gouvernement sur proposition de son Premier ministre Jean-Marc Ayrault.
• L’Alliance pour la culture et le numérique est constituée.
• Le Conseil constitutionnel est saisi d’une « QPC », déposée par le Simavelec au Conseil d’Etat, contre la loi « copie privée » du 20 décembre 2011.
• KKR investit 150 millions de dollars dans Fotolia.

15 mai
• La Justice américaine autorise une plainte contre Apple et cinq éditeurs (dont Hachette) pour entente sur les livres numériques.
• Le CSA annonce le retrait des autorisations aux seize chaînes de télévision mobile personnelle (TMP) délivrées en 2010 mais jamais lancées.
• Ubisoft publie ses résultats 2011/2012 (clos le 31 mars) : résultat net de 37,3 millions d’euros (contre une perte l’an passé) et chiffre d’affaires de 1,06 milliard (+ 3,9 %).

14 mai
• Le Commission européenne annonce avoir formellement saisi la Cour européenne de justice pour « clarifier la légalité » de l’accord anti-contrefaçon ACTA.
• La LFP (ligue de football professionnel) signe avec Dailymotion, L’Equipe.fr et YouTube.
• Yahoo annonce la démission de son DG Scott Thomson cinq mois après son arrivée.

Remise en cause par le gouvernement et critiquée en interne pour sa communication, l’Hadopi résiste

Selon nos informations, l’Hadopi écarte toute démission de sa présidente malgré les rumeurs et les pressions. Elle a demandé un entretien avec la ministre Aurélie Filippetti. Quant à sa réunion du 23 mai, elle fut « houleuse ». Grief invoqué : l’Hadopi s’est trop exprimée sur ses premiers résultats.

Marie-Françoise Marais, la présidente de la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet (Hadopi) vat- elle démissionner ? Même s’il n’en a pas été question lors de la réunion « plénière » (1) de l’Hadopi, qui s’est tenue le 23 mai en présence des membres du collège et de ceux de la commission de protection des droits (CPD), cette éventualité est évoquée en interne. « La question de sa démission n’est pas à l’ordre du jour mais elle se pose avec le nouveau gouvernement », explique un de ses membres sous le secret des sources, tout en nous indiquant que « la réunion a été houleuse ». Contactée par Edition Multimédi@, l’Hadopi nous répond : « La question de sa démission ne se pose pas, contrairement à ce que laisseraient entendre des rumeurs ». Pourtant, le gouvernement pousserait vers la sortie Marie-Françoise Marais qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Le 21 mai, la ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, et le 20 mai, la ministre déléguée (2) en charge de l’Economie numérique, Fleur Pellerin, annonçaient en effet « la révision de l’Hadopi » après une phase de « concertation de moins de six mois » qui démarrera « avant l’été ». Cette concertation sera pilotée par Pierre Lescure (3), pas par l’Hadopi elle-même. Autrement dit, ses jours sont bien comptés.

“Hadopi : quel bilan pour quel avenir ? » (colloque le 4 juin)
Toujours selon nos informations, Marie-Françoise Marais a – en toute logique – demandé à s’entretenir avec Aurélie Filippetti. Mais à l’heure où mettons sous presse, la date n’est pas encore fixée par la ministre. Pour les membres de l’Hadopi que nous avons pu contacter, la réunion du 23 mai avait un caractère de « séance exceptionnelle » puisque c’était la première à se tenir depuis l’élection le 6 mai de François Hollande comme président de la République et la nomination le 16 mai du gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Se sont ainsi retrouvés le « triumvirat » – composé de la présidente Marie-Françoise Marais, de la présidente de la CPD, Mireille Imbert-Quaretta, et du secrétaire général, Eric Walter – avec les membres de l’Hadopi, au nombre de dix-neuf (4). Pas d’ordre du jour ! Au sortir de la réunion, un membre nous a expliqué que « la présidente et le secrétaire général ont été vivement interpellés sur certaines de leurs déclarations dans les médias ». Des membres ont reproché au triumvirat de s’être exprimé « sans mesure » durant la campagne présidentielle « en en faisant trop sur ses premiers résultats », alors qu’ils auraient apprécié « plus de sobriété et de retenue » de la part d’une autorité administrative indépendante. Il a été convenu que l’Hadopi ne communiquerait plus sur ses résultats en dehors de son rapport annuel, dévoilé – comme l’an dernier – en juillet
et publié en septembre. « Eric Walter doit-il intervenir le 4 juin à la Sorbonne au colloque ‘’Hadopi : Quel bilan pour quel avenir ?’’ », s’interroge un membre. Curieusement, toujours selon nos informations, aucun commentaire n’a été fait durant cette réunion sur la remise en cause de l’Hadopi par le gouvernement, ni sur le rendez-vous sollicité auprès d’Aurélie Filippetti par la présidente. Succédant à Frédéric Mitterrand, la ministre de la Culture et de la Communication a pourtant confirmé le lundi sur France Inter le lancement d’une concertation entre internautes, sociétés d’auteurs et artistes en vue de lancer « l’acte II
de l’exception culturelle » voulu par François Hollande. La veille, dimanche, Fleur Pellerin, la ministre déléguée (5) chargée de l’Economie numérique, annonçait sur France 3 le lancement « avant l’été » de cette concertation pour une durée de « moins de six mois » : « Au terme de cette concertation, on avisera sur l’avenir d’Hadopi », avait-elle ajouté. Aurélie Filippetti a, quand à elle, déclaré : « Je crois que le système de sanction, tel qu’il a été mis en place et pensé, s’est révélé à la fois inefficace et en plus négatif d’un point de vue du message. (…) La Haute autorité s’est réunie la semaine dernière et a déjà commencé à réviser un petit peu sa ligne stratégique [ce que réfute l’Hadopi, ndlr]. Donc je pense que personne, y compris les membres de cette Haute autorité, ne semblait réellement satisfait du système tel qu’il fonctionnait ».

L’Hadopi est contestée jusque dans ses rangs
Reste que Marie-Françoise Marais a été élue présidente de l’Hadopi jusqu’en 2016 (voici encadré ci-dessous). La question de sa légitimité aurait pu déjà se poser dès janvier dernier lors du renouvellement d’un tiers des membres de l’autorité. « Puisque la présidente était élue par les membres du collège, il aurait été préférable que Marie-Françoise Marais procède en début d’année à une nouvelle élection pour s’assurer qu’elle a toujours le soutien de son équipe et conforter sa position », nous explique une personne proche de l’Hadopi. Ont ainsi été remplacés par décret du 6 janvier 2012 quatre membres titulaires et trois suppléants. Parmi les nouveaux entrants le député de Saône-et-Loire Didier Mathus, un anti-Hadopi déclaré nommé par le président du Sénat – le socialiste Jean- Pierre Bel. D’autant que Didier Mathus a été clair lors de sa nomination il y a cinq mois (6) : « Ayant été l’un des principaux adversaires au Parlement des lois Internet, DADVSI et Hadopi fondées sur une vision purement répressive, (…) il est évident que ce sont les mêmes positions que je défendrai au sein du collège de l’Hadopi ». Quelle que soit l’issue de la concertation, notamment par le remplacement du volet pénal de la loi Hadopi par une éventuelle amende civile dissuasive pour lutter contre piratage sur Internet, le chef de l’Etat l’a promis lors de son meeting de candidat au Bourget le 22 janvier : « Quant à la
loi Hadopi, inapplicable, elle sera remplacée (…) par une grande loi signant l’acte 2 de l’exception culturelle, qui défendra à la fois les droits des créateurs (…) et un accès
aux œuvres par Internet ». Ce changement de cap est consigné dans le 45e des 60 engagements de son projet présidentiel présenté le 26 janvier. François Hollande veut ainsi « dépénaliser le téléchargement », alors que l’Hadopi a transmis en février les tout premiers dossiers d’internautes pirates récidivistes. « Cette ‘’culture à domicile’’ ne doit pas être considérée comme une menace. (…) La loi Hadopi a voulu pénaliser des pratiques », avait fustigé l’ex-candidat lors d’un autre discours, celui du 19 janvier à Nantes. La lutte contre le piratage sur Internet. @

ZOOM

Marie-Françoise Marais : présidente de l’Hadopi jusqu’en 2016 ?
Marie-Françoise Marais, conseillère à la Cour de cassation à la retraite depuis deux ans mais maintenue en activité « en surnombre » jusqu’au 19 mai 2013, a été élue le 8 janvier 2010 à la présidence de l’Hadopi. Et comme le prévoir le décret du 29 décembre 2009,
la durée de son mandat est de six ans – jusqu’en janvier 2016 dans le cas de Marie-Françoise Marais. Or la plupart des membres du collège et de la CPD ont des durées
de mandat, tirées au sort, inférieures à six ans, à savoir deux ou quatre ans. Seuls Jean Berbinau et Franck Riester ont un mandat de six ans. Avec le renouvellement par tiers des membres, lesquels doivent élire le président de l’Hadopi, qu’advient-il de la légitimité du président au bout de quatre ans ? @

DigiWorld : la dérive des continents

L’Europe numérique d’aujourd’hui présente une image bien troublée, qui vient essentiellement du décalage accru entre
la diffusion des usages, chaque jour plus importante, et la maîtrise de ces technologies venues très majoritairement d’autres continents. Bien sûr, cette évolution s’inscrit dans un contexte économique bien plus large. Le monde multipolaire annoncé est bien là, succédant à la « triade » (Amérique du Nord, Europe occidentale et Asie-Pacifique) conceptualisée par Kenichi Ohmae, qui nous servit de grille de lecture durant toute la seconde moitié du XXe siècle. Mais cette approche statique s’inscrivait dans la vision longue que nous enseigna Fernand Braudel, du déplacement des économies des mondes de l’Est vers l’Ouest, de Rome à San Francisco, Jacques Attali proposant à sa suite sa vision des nouveaux équilibres intégrant la Chine, Le Brésil, l’Inde et, à plus long terme, l’Afrique. Nous voici donc au cœur d’un basculement historique, qui s’est produit précisément au tournant des années 2010.

« Le Vieux Continent n’a pas su maintenir ses champions, dont les plus prestigieux – notamment dans les télécoms – se sont peu à peu retrouvés isolés et fragilisés. »

L’Europe numérique représentait encore 28 % du marché mondial en 2012, en seconde position derrière l’Amérique du Nord mais en retrait face à l’Asie en pleine croissance. Cette différence s’est encore creusée sous la pression des dettes européennes. Sur les trois dernières décennies, de 1990 à 2020, les marchés du « DigiWorld » ont ainsi connu trois cycles, de plus en plus courts avec des plafonds de croissance de plus en plus bas. La croissance annuelle des marchés numériques était de plus de 15 % au long des années 1990 (plus précisément depuis 1993), avant de connaître un ralentissement brutal à l’éclatement de la bulle Internet. Après 2003, la croissance s’est à nouveau accélérée, mais n’atteignant cette fois-ci que 7 %, avant d’être à nouveau frappée par la crise économique globale à partir de l’automne 2008. La reprise ne permis de retrouver que des niveaux modestes de croissance, à moins de 5 % au cours des deux années suivantes. La maturité de ces marchés s’est ainsi traduite par une « commoditisation » progressive des TIC, lesquelles – en devenant des biens et services de base et de masse – ne progressent plus que faiblement en valeur. Même les services Internet n’y échappent
pas : leur croissance repose entièrement sur un effet volume. Quant aux prix, non seulement ils n’augmentent pas mais ils sont souvent sans commune mesure avec ceux des produits et services auxquels ils se substituent : par exemple, la VoIP remplaçant
la téléphonie commutée, les offres « illimitées » de musique en ligne par rapport aux ventes de CD ou encore les films en VOD bien moins chers que les billets de salles
de cinéma. Cette dérive des continents tend de plus en plus à isoler l’Europe au profit
des économies émergentes, en la soumettant à une autre pression : la dépendance technologique et industrielle. Le Vieux Continent n’a pas su maintenir ses champions,
dont les plus prestigieux – notamment dans les télécoms – se sont peu à peu retrouvés isolés et fragilisés. Les réseaux très haut débit européens sont très en retard, et la stratégie d’innovation et industrielle inexistante. L’Europe des contenus, ce carburant de l’économie numérique, n’a pas non plus été valorisée : ni par l’émergence de productions à succès continentales et internationales, ni par la constitution de groupes médias pan-européens puissants. Mais nous entrons dans une décennie marquée par la banalisation d’une nouvelle étape de l’Internet structurée par la mobilité, le cloud et le big data. Le seul espoir vient du nouveau cadre européen politique et réglementaire mis en place à la faveur de la crise historique. Les TIC y sont au cœur, intégrant pour la première fois dans un ensemble géographique cohérent : R&D, financement de l’innovation, infrastructures essentielles, création des contenus et diffusion des usages. Elles sont également
l’une des conditions-clés de la réussite de l’entrée de l’Europe dans ce que certains économistes, dans la foulée d’un Jeremy Rifkin, décrivent comme la troisième
révolution industrielle, celle de l’énergie et des nouvelles technologies de l’information décentralisée. @

Jean-Dominique Séval*
Prochaine chronique « 2020 » : Datacenters
* Directeur général adjoint du DigiWorld Institute bye l’IDATE.
Sur le même thème, l’institut publie chaque année son rapport
« DigiWorld Yearbook » coordonné par Didier Pouillot,
directeur de la business unit Stratégies.

Europe : les « Arcep » devront toutes proposer des outils de mesure de la qualité d’accès aux réseaux

Après plus de deux ans de débat, la neutralité du Net a enfin des lignes directrices : le « super-régulateur » européen, l’ORECE, souhaite notamment que les « Arcep » mettent à disposition des particuliers des outils gratuits de mesure de la qualité de leurs accès aux réseaux fixe ou mobile.

Selon nos informations, l’Organe des régulateurs européens des communications électroniques (ORECE), qui réunit depuis dix ans maintenant les vingtsept régulateurs télécoms sous la houlette de la Commission européenne, va lancer une consultation publique portant sur des lignes directrices destinées à préserver la neutralité de l’Internet.

Mesures : par logiciel ou site web
Lors de sa 11e assemblée plénière des 24 et 25 mai à Dubrovnik en Croatie, l’ORECE (1) devait adopter – à l’appui de cette consultation publique – deux rapports, l’un sur les différentes pratiques des fournisseurs d’accès à Internet (FAI) en matière de gestion de trafic (2), l’autre sur une évaluation de l’interconnexion IP. Devaient aussi être adoptées des lignes directrices – à l’attention des régulateurs – sur la qualité de service. Le tout
va être transmis à la Commission européenne. La plus concrète des mesures, qui concernera les millions d’internautes et de mobinautes européens, sera la forte incitation faite aux « Arcep » européennes de mettre à la disposition des particulier
des outils de mesure de la qualité de leur accès à l’Internet fixe et mobile. Objectif : que les abonnés puissent – avec un logiciel de monitoring – contrôler par eux-mêmes les éventuels blocages ou ralentissements de leur ligne et vérifier ainsi que leur FAI et opérateur mobile respectent la neutralité du Net. L’ORECE tient particulièrement à la mise à disposition auprès du public connecté de ces outils de mesure que devront leur fournir – gracieusement – soit les régulateurs eux-mêmes, soit les FAI, soit des tierces parties agréées préalablement. Cette mesure « ex post » sera le pendant de la régulation « ex ante » de l’obligation de transparence des FAI au regard de la neutralité des réseaux.
Dans certains Etats membres, des régulateurs ont déjà pris l’initiative de développer des outils spécifiques de mesure du débit. Ce que l’ORECE souhaiterait généraliser à toute l’Europe. Dans ses Guidelines pour une qualité de service (« QoS »), le super-régulateur européen fait état des bonnes pratiques en matière de mise à disposition d’outils de mesure pour les particuliers. Déjà, dans un premier rapport publié en décembre 2011, l’ORECE avait fait l’éloge de ces outils promus par des régulateurs. En France, l’Arcep – qui a lancé une consultation publique jusqu’au 20 juin sur la neutralité du Net (4) et qui adoptera cet été une décision fixant les indicateurs de QoS à mesurer à partir de 2013 – pourrait s’inspirer de son homologue italien. L’AGCOM propose en effet un logiciel gratuit et téléchargeable sur son site web, NeMeSys (5), qui mesure les performances de chaque FAI en Italie et permet aux internautes de vérifier la qualité de leur accès haut débit. A moins que l’Arcep ne propose un outil fonctionnant directement en ligne, comme c’est le cas au Danemark où le régulateur a créé un site web de mesure en temps réel de sa connexion. Il calcule à partir de la connexion de l’internaute le temps de latence en millisecondes (ping), de download et d’upload en kilobits par seconde, tout en identifiant bien sûr le FAI concerné. La NPT norvégienne propose un site web de mesure équivalent, Nettfart.no. Sur le même principe la Public Utilities Commission de Lettonie propose les mêmes paramètres. En Grèce, le régulateur EETT a développé un outil en ligne baptisé SPEBS (6) qui mesure une multitude de paramètres (7).
Autre solution : l’Arcep pourrait s’appuyer sur des prestataires extérieurs labellisés comme le fait la Suède, où l’organisation indépendante du Net (8) propose un site web de mesure en ligne appelé Bredbandskollen. En Grande-Bretagne, l’Ofcom a certifié dès 2008 les outils de SamKnows qui ont été retenus en 2010 par la FCC aux Etats-Unis (lire ci-dessous), puis en 2011 par la Commission européenne. En France, l’Arcep pourrait s’appuyer sur la société Cedexis qui fournit un outil de monitoring en temps réel aux FAI ou aux sites web, dans les serveurs desquels ont été placés de petits agents numériques (tags). D’autres outils font aussi référence en Europe, tels que Ripe Atlas ou Neubot. @

Charles de Laubier

FOCUS

Google a co-fondé M-Lab pour « mesurer » la neutralité du Net
Aux Etats-Unis, Google a fondé avec l’Open Technology Institute et PlanetLab Consortium un laboratoire de mesure – Measurement Lab (M-Lab). Il s’agit d’une plate-forme ouverte de mesures des connexions haut débit et de performance de certaines applications (9). Une dizaine d’outils sont proposés gratuitement, comme NDT (Network Diagnostic Tool). Le régulateur américain, la FCC (10), le propose en beta-test depuis le 11 mars. BitTorrent est aussi partie prenante dans le M-Lab, aux côtés d’Amazon ou de Skype (Microsoft). En Europe, le régulateur grec (EETT) supporte aussi M-Lab, tout comme SamKnows. Les données recueillies sont exploitées à des fins de recherche sur la qualité et la neutralité du Net. @

Google TV : premier grand défi pour Eric Scherer

En fait. Le 16 mai, le Groupement des éditeurs de contenus et de services en ligne (Geste) a présenté devant 60 personnes la nouvelle Google TV. Eric Scherer – qui préside la commission Audiovisuel et Nouveaux médias – sera le nouveau président du Geste. Il devra relever le défi de la TV connectée.

En clair. Selon nos informations, et comme nous le présentions dès la fin du moins
de mars (1), c’est bien Eric Scherer – directeur de la prospective, de la stratégie et
des relations internationales de France Télévisions (depuis fin 2006) – qui succèdera
à Philippe Jannet à la présidence du Geste. Actuellement administrateur (depuis novembre 2009) de cette organisation professionnelle, Eric Scherer devrait officialiser
sa candidature le 29 mai, lors de la réunion du conseil d’administration et du bureau
du Geste. Il sera ensuite élu lors de l’assemblée générale du 14 juin. Eric Scherer va donner une impulsion audiovisuelle nouvelle au Geste. Philippe Jannet, qui préside le Geste depuis 2000, est en effet un homme de presse écrite (2). Son successeur co-préside la commission Audiovisuel et Nouveaux médias qui a justement fait venir le 16 mai le directeur technique du projet Google TV : le Français Vincent Dureau, considéré comme le père de cette nouvelle technologie audiovisuelle et basé chez le géant du Net à San Francisco. C’est la seconde fois que le dirigeant de France Télévisions réussit à faire venir Vincent Dureau en toute intimité, la présence de journalistes étant refusée ! La précédente fois, les 19 et 20 décembre derniers, c’était pour une démonstration de la toute nouvelle V2 de Google TV, après l’échec de la première mouture lancée aux Etats-Unis en 2010. Mais il s’agit maintenant pour la firme de Mountain View de lancer Google TV en Europe d’ici à l’automne. C’est aussi à cette période que Sony a prévu de lancer sur le Vieux Continent son boîtier estampillé Google.
Selon nos informations, les 60 membres du Geste ont ainsi pu (re)découvrir la V2 de Google avec une nouvelle télécommande- manette de jeu recto-verso (un pad d’un côté, un clavier rétro-éclairé de l’autre) avec commande vocale. Ils ont aussi pu avoir un premier retour d’expérience des Etats-Unis. Mais surtout, grâce à la présence aux côtés de Vincent Dureau de Christian Witt, directeur des partenariats stratégiques de Google TV, ils ont vu la boutique d’applications sur Google Play qui référencera des contenus
ou des services des éditeurs partenaires, ainsi que le portail de VOD Google Play Films. Google TV permet en outre d’analyser le flux vidéo TV que l’on regarde et de proposer des contenus/services s’y rapportant… @