Timeline

28 janvier
• Le CNM (Centre national de la musique) est officiellement créé par Frédéric Mitterrand au Midem (lire p. 3).
• Le FIPA (Festival international des programmes audiovisuels) remet le tout nouveau « Prix de la meilleure Web création ».

27 janvier
• La Tribune annonce : « Le journal s’arrête, Latribune.fr continue… », en attendant le choix lundi du repreneur (FER ou Hi-Media).
• Dailymotion diffuse en avant-première et gratuitement le film « Red Heart » de Halkawt Mustafa (Eye On Films).

26 janvier
• Strategy Analytics : la part de marché mondiale des tablettes sous Android croît de 29 % à 39 %, l’iPad reculant de 68 % à 58 %.
• NextRadioTV (BFM, RMC, O1net, …) affiche un chiffre d’affaires 2011 de 157,3 millions d’euros (+14 %).
• Advanquest Software fournit des applications multimédias et ludoéducatives à Samsung pour sa TV connectée Smart TV.
• L’Union européenne et 22 de ses Etats membres (dont la France) signe au Japon le traité ACTA (lire p. 4).

25 janvier
• La Commission européenne fait ses propositions (dont consentement préalable) pour la protection des données (lire EM@49, p. 7).
• Apple devient la première capitalisation boursière mondiale (412,6 milliards de dollars à 15h35 GMT), devant Exxon Mobil.
• Radio France augmente de 63 % à 6,7 millions son budget numérique pour 2012, avec un projet de plateforme de musique en ligne pour septembre (accords avec SCPP et SPPF).
• L’UPFI (producteurs de musique indépendants) estime que la réponse graduée « p[eut] évoluer ».
• Netflix publie ses résultats annuels 2011 : +44 % du bénéfice net à 232 millions de dollars et +48 % des revenus à 3,20 milliards.

24 janvier
• Nicolas Sarkozy, à propos de la suppression de l’Hadopi prônée par François Hollande : « On nous demande de pratiquer un désarmement unilatéral à l’égard du piratage ».
• Yahoo publie ses résultats annuels 2011 : le CA recule de 21 % à 4,98 milliards de dollars, le bénéfice net aussi de 15 % à 1,05 milliard.
• Google change ses « règles de confidentialité » (centralisation des données personnelles et ciblage/géolocalisation publicitaire) que chaque internaute devra accepter d’ici le 1er mars.
• Facebook a généré en 2011 un écosystème de 1,9 milliard d’euros en France (15,3 milliards dans l’Europe des 27) et créé 22.000 emplois (232.000 au niveau européen), selon Deloitte.
• GfK publie son baromètre REC+ via l’AFP : 92 % des Français ont acheté des biens culturels physiques (livres, DVD/Blu-ray, CD, …) ; 63 % des bien culturels dématérialisés.
• Virgin Mobile France a réalisé 109 millions d’euros de revenus en 2011 (+ 15,3 %), selon Carphone Warehouse.
• L’Hadopi publie une étude sur la musique en ligne : le marché est encore « en phase de transition » et seul les sites payants sont rentables s’ils sont localisés à l’étranger (TVA).
• Twenga porte plainte contre Google devant la Commission européenne pour abus de position dominante.
• Bouygues Telecom indique le lancement au printemps de la Bbox Sensations, en s’associant à la plateforme de jeux en ligne Playcast.
• TF1 revendique son « leader[ship] incontesté des médias français sur la vidéo online » (8,3 millions d’internautes en octobre 2011).

23 janvier
• La CMR 2012 (Conférence mondiale des radiocommunications de l’UIT à Genève) s’ouvre jusqu’au 17 février.
• YouTube (Google) affirme que 4 milliards de vidéo son visionnées par jour et 60 heures de vidéos sont publiées chaque minute !
• L’IFPI publie son rapport annuel : l’industrie mondiale du disque s’élève à 16,2 milliards de dollars en 2011 (- 3 % sur un an). Seul le payant augmente, de 8 % à 5,2 milliards.
• L’IFPI souligne que la musique en ligne génère 33 % des revenus mondiaux 2011, contre 42 % pour les jeux mais seulement 5 % pour la presse, 4 % les livres et 1 % les films.
• L’ARP et la SACD « jugent indispensable d’introduire davantage de souplesse dans une chronologie des médias » et dénoncent « l’inertie (…) dommageable » du cinéma.

23 janvier
• MP3TopDeals (société Gangstapps) invente l’achat groupé de musique numérique (jusqu’à – 80 % de réduction par titre).

20 janvier
• Le Sénat américain reporte le vote sur le projet de loi controversé « Protect Intellectual Property Act » (lire EM@46, p. 7).
• Le CNC et les professionnels du cinéma se prononcent pour la reconduction des accords de 2009 sur la chronologie des médias.
• Le MOTif estime de 35.000 à 40.000 le nombre de titres de BD piratés sur Internet.
• Médiapart va lancer le 27 janvier une télé sur son site et Dailymotion, selon « CB Newsletter ».

19 janvier
• Megaupload (150 millions d’utilisateurs) et 18 autres noms de domaines qui lui sont affiliés sont rendus inaccessibles.
• Anonymous revendique l’attaque de plusieurs sites web américains (DoJ, FIB, RIAA, …) et français (Elysée, …) en représailles à la fermeture de Megaupload.
• Google publie ses résultats annuels 2011 : hausse de son bénéfice de 14,5 % à 9,744 milliards de dollars et son chiffre d’affaires de 29,3 % à 37,91 milliards.
• NRJ lance des applications « Watch » (TV NRJ 12 et NRJ Paris) et « Listen » (webradios) sur Facebook, « une première pour un média français ».
• eMarketer prévoit qu’en 2012 la e-pub aux Etats-Unis (39,5 milliards de dollars) dépassera celle de la presse écrite (33,8 milliards).

18 janvier
• Wikipeadia, Google, RSF et d’autres sites ferment pour protester contre les projets de loi anti-piratage américains SOPA et PIPA.
• L’AFMM et Médiamétrie présente une étude sur le micro-paiement : 27 % des mobinautes ont déjà effectué un achat depuis leur mobile, dont 17 % en mode paiement sur facture.

La fin des programmes ?

Enfin une pause télé en vue ! Un bon fauteuil et un écran connecté, avec en option un grignotage toujours un peu compulsif. Jusque-là, ça n’a pas vraiment changé. Mais pour regarder quoi ? En s’allumant, mon téléviseur m’a reconnu
et me fait trois propositions simultanées : la sélection du
« Top 5 » de mes programmes préférés, des propositions
de programmes « découverte » correspondants à mes goûts, ou un espace de recherche me permettant de rapidement trouver une vidéo sur Internet. En général, et en seulement deux clics, j’accède à un programme qui m’intéresse. La télé simple d’antan
est en fin de retour, après des années de calvaires et de systèmes complexes et peu intuitifs. Mais là où la simplicité des débuts était liée à la faiblesse de l’offre, la simplicité d’aujourd’hui repose sur des technologies logicielles sophistiquées pour guider nos choix dans le maquis des contenus et des programmes. Sur l’écran d’accueil, les logos des chaînes brillent de plus en plus par leur absence ! Rétrospectivement, la période de transition pour en arriver là a été longue, favorisant les aventures industrielles de startup, les développements des leaders d’Internet, des opérateurs télécoms et bien sûr des chaînes de télévision. Chacun développant une interface ou une plate-forme spécifique pour présenter, qui sa propre offre de programmes comme les chaînes, qui des offres
de VOD à l’acte (comme Vudu) ou par abonnement (comme Netflix). Au total, un maquis foisonnant de propositions toujours incomplètes.

« Après les blogs qui ont démocratisé l’accès à la publication de l’écrit, de nouveaux outils démocratisent
la production de la télévision ».

L’affrontement entre les chaînes et distributeurs de programmes, d’une part, et les géants de l’Internet et les fabricants de téléviseurs, d’autre part, a finalement conduit à un équilibre encore instable aujourd’hui. Les seconds sont montés régulièrement à l’assaut des bastions de la TV pour tenter de mettre la main sur leur triple magot : leur audience, leur espaces publicitaires et leurs contenus premium. Les géants de la « Vallée enchantée » s’y sont en effet repris à plusieurs fois : que ce soit Apple TV, d’abord limitée à la diffusion sur le téléviseur de l’offre de vidéos d’iTunes, ou Google TV, tentant d’imposer
la recherche comme mode d’accès privilégié aux vidéos. La firme de Cupertino a ajouté des contenus à son offre pour vendre toujours plus d’équipements, tandis que celle de Mountain View a fait de même pour vendre plus de publicités. A force, les positions
des chaînes se sont effritées sous les coups de boutoir de la concurrence. Les nouveaux entrants ont finalement réussi à imposer de nouveaux standards de navigation : une partie de l’offre des chaînes, lesquelles continuent de créer des programmes très attractifs désormais accessibles via des App Store, est encore visibles sur ces nouvelles interfaces. L’autre partie, noyée dans le grand bain des vidéos, est accessible via un moteur de recherche puissant, seule manière de garantir à l’utilisateur de trouver effectivement ce qu’il souhaite regarder. Et ce, en fonction des informations- clés l’aidant dans ce choix : éditeur, date, longueur, qualité, recommandations, gratuit ou payant, critiques et commentaires. La recherche et la recommandation sont ainsi devenues l’alpha et l’oméga, remplaçant les grilles de programme qui firent les beaux jours des magazines TV. Maintenant que la télévision linéaire n’est plus le modèle dominant, on parle plus aujourd’hui d’un vaste marché de la vidéo. Quelques chaînes à forte identité émergent encore, mais elles ne sont plus les seules capables d’investir dans des créations originales et dans le financement de la retransmission directe d’événements. Le marché audiovisuel est par ailleurs majoritairement alimenté par une infinité de contenus mis en ligne pas les producteurs de toutes natures, monétisant où non leur contenus : une salle d’opéra célèbre propose ses propre rediffusion en qualité HD ; un magazine d’information diffuse ses propre reportages ; des particuliers peuvent lancer leur propre émission en espérant la financer par des recettes de publicité hyper ciblée. Après les blogs qui ont démocratisé l’accès à la publication de l’écrit, ces nouveaux outils démocratisent la production de la télévision. Cela fait un an qu’une quasi inconnue réalise de chez elle l’émission culinaire la plus regardée du PAF ! @

Jean-Dominique Séval*
Prochaine chronique « 2020 » :
Financement de la création par
les opérateurs télécoms
* Directeur général adjoint de l’IDATE.
Sur le même thème, l’IDATE publie son service de veille
« Connected TV Watch Service », par Jacques Bajon.

Le rapport « TV Connectée » de 2011 sera-t-il suivi d’une réforme du PAF en 2012 ?

Publié le 5 décembre, le rapport de la mission sur la télévision connectée (1) appelle
de ses voeux une réaction rapide des pouvoirs publics afin de préparer au mieux
la France aux conséquences de la révolution audiovisuelle annoncée.
La télécommande est dans les mains du gouvernement…

Par Rémy Fekete (photo), avocat associé, Gide Loyrette Nouel.

A l’horizon 2015, 100 % des foyers français seront équipés de téléviseurs connectés (2) permettant potentiellement de surfer, via le petit écran, sur l’ensemble du réseau Internet. Ce que le ministre de la Culture et de la Communication a annoncé comme un « tsunami » (3) promet de modifier nos habitudes de consommation. L’arrivée dans la chaîne des contenus des nouveaux acteurs – que sont les fournisseurs d’accès Internet (FAI), les agrégateurs de contenus et les fabricants de téléviseurs – devrait de plus engendrer des bouleversements profonds dans l’économie de l’audiovisuel.

Repenser l’arsenal juridique
Cette révolution induite par le progrès technologique inquiète les acteurs traditionnels du secteur audiovisuel à plus d’un titre et invite à repenser en profondeur l’arsenal juridique qui régit l’économie des contenus. Le rapport de la mission sur la télévision connectée propose en 13 points des axes de réforme pour tenter de résoudre l’équation suivante : comment adapter le marché français à l’ère de la télévision connectée, sauvegarder la compétitivité économique des différents acteurs de la filière et conserver un système viable de soutien à la création, le tout sans perdre de vue la protection du public et du consommateur ?

• Refonte de la régulation. Le PAF (4) a déjà connu de substantielles évolutions :
le passage de la télévision noir et blanc à la couleur, la lente émergence de chaînes thématiques câblées, rapidement démultipliées par l’offre satellitaire moins régulée, …
Ces étapes demeuraient propres au secteur de l’audiovisuel. Les offres triple et quadruple play ont lié plus étroitement les offres télécoms, Internet et audiovisuelles, mais ce lien demeurait pour l’essentiel un « bundle », une offre de distribution groupée de services
qui demeuraient chacun l’objet d’une régulation sectorielle. Certes, plus récemment, les smartphones et les tablettes ont popularisé la consommation de contenus vidéo en ligne. Mais la télévision connectée représente à cet égard un bouleversement d’une autre
nature : cette fois-ci la fusion de l’offre audiovisuelle et de l’offre en ligne est réelle, matérialisée par l’utilisation du même équipement et d’un mode de consommation identique. Le « téléspectateur » surfe sur Internet en utilisant sa télécommande ; l’internaute regarde la télévision d’un clic.
A la fusion des modes de consommation va répondre une nouvelle étape dans la convergence des acteurs. Celle-ci, initiée il y a plus de dix ans (fusion Vivendi- Seagram), se poursuit par touches (« Orange + »), tout en montrant les difficultés liées à des métiers qui demeurent très distincts (contenant/contenu). Les Google, Apple ou Netflix développent leurs offres audiovisuelles ; l’arrivée des opérateurs mondiaux sur le marché français du contenu audiovisuel lève à nouveau le spectre du bouleversement audiovisuel et de la fin de la sacro sainte exception culturelle française. En particulier, les diffuseurs de services audiovisuels soumis à licence du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA)
et à une réglementation contraignante – en particulier en matière fiscale et parafiscale – s’inquiètent de la concurrence déloyale que pourraient exercer de nouveaux entrants non soumis aux contraintes de la réglementation nationale. C’est aussi la filière de la création audiovisuelle et cinématographique française, largement financée par les diffuseurs, qui pourrait s’en trouver affectée.
Sans remettre en cause les principes de la loi du 30 Septembre 1986 relative à la liberté de communication, la mission « TV connectée » propose donc d’alléger drastiquement certaines obligations qui lui paraissent désormais dénuées de légitimité.

Obligations obsolètes à supprimer
La mission suggère par exemple d’alléger les règles sur la programmation des œuvres cinématographiques et audiovisuelles à la télévision (5), en supprimant : les interdictions certains soirs de la semaine, les quotas d’œuvres cinématographiques, et même les quotas d’œuvres européennes et d’expression originale française, ces règles n’ayant selon les auteurs « plus de justification dans un univers où le téléspectateur peut choisir
le programme qu’il souhaite regarder parmi une palette de services qui inclut des services de médias audiovisuels délinéarisés » (6). Le rapport appelle aussi à homogénéiser les règles concernant les messages publicitaires pour l’ensemble des écrans (7). Enfin, à défaut d’apporter des réponses luimême, le rapport invite le CSA à mener une mission d’analyse et de recommandations sur le thème de la protection des publics et des consommateurs.

Chevauchement CSA-Arcep : fusion ?
Le chevauchement probable entre les compétences du CSA et celles de l’Arcep est à nouveau abordé, le sujet de la télévision connectée offrant une nouvelle opportunité aux tenants de la fusion de ces deux autorités de faire valoir leurs arguments. A tout le moins, le rapport recommande une rapide clarification des compétences de chacune des autorités en matière de télévision connectée, le nombre de différends à traiter pouvant s’avérer croissant. Les rapporteurs ne semblent pas oser trancher une question aussi politiquement sensible et se limitent à rappeler deux options : soit confier à l’Arcep l’ensemble des compétences de régulation de l’économie des réseaux en ligne, soit maintenir l’autorité de ces deux entités, en les fusionnant purement et simplement, ou
en délimitant plus clairement leurs domaines de compétences.

• Compétivité. Plusieurs propositions visent à permettre aux entreprises françaises d’avoir la taille et les ressources nécessaires pour renforcer leur compétitivité face à la concurrence d’acteurs internationaux sur un marché désormais plus ouvert. La mission suggère de rapprocher les règles anti-concentration applicables à l’audiovisuel de celles en vigueur dans la presse, en donnant davantage d’importance aux parts d’audience et
de marché réalisées sur les différents supports de diffusion, qu’au nombre de chaînes contrôlées sur le réseau hertzien comme c’est le cas actuellement.
Le rapport envisage également des voies permettant de développer des offres légales plus attractives pour contrer l’impact des offres illégales et des offres légales
« déterritorialisées » qui font concurrence aux fournisseurs de contenus français.
Il propose d’adapter la chronologie des médias aux usages internationaux en raccourcissant le délai de la fenêtre de vidéo à la demande (VOD) par abonnement (elle est actuellement de 36 mois, alors qu’elle n’est que de 4 mois pour la VOD à l’acte).
Et en contrepartie des obligations de coproduction auxquelles les chaînes établies en France sont soumises,
il est préconisé que le diffuseur diffuseur se voit accorder l’ensemble des droits sur les contenus qu’il co-produit, notamment les droits de VOD.

• Interopérabilité. Les fournisseurs locaux de contenus sont tentés de s’allier à des fabricants de téléviseurs en passant des accords d’exclusivité (8). Ceux-ci risquent à terme, si les normes adoptées ne sont pas compatibles entre elles, de créer un marché éclaté dans lequel le consommateur n’aura pas accès à une offre suffisamment riche.
La logique de l’exclusivité peut en outre conduire à une dangereuse remise en question
de la neutralité du Net (9). Le rapport met donc en garde contre ces risques et propose
de travailler à une normalisation, visant à l’interopérabilité des équipements, basée sur
des standards ouverts.

• Soutien à la création. La France se distingue par son système de soutien à la création, qui soumet notamment les éditeurs et diffuseurs de services audiovisuels à des obligations de financement de la production et de diffusion des contenus. Par ailleurs,
« la télévision connectée est une bombe à fragmentation de l’audience » (10), laquelle, selon les rapporteurs, entraînera inéluctablement une baisse des revenus publicitaires des chaînes qui actuellement alimentent le système de soutien à la création. Ce dernier risque donc à terme d’être sous-alimenté si ses règles ne sont pas repensées. Le rapport préconise le maintien du Compte de soutien à l’industrie des programmes audiovisuels (Cosip), mais propose – pour sécuriser les ressources de ce dernier – d’impliquer les acteurs d’Internet. Il est notamment proposé que les FAI collectent pour le Cosip une contribution perçue sur les échanges générés par les services en ligne, ce qui permettrait d’assujettir indirectement l’ensemble des acteurs de la télévision connectée – y compris ceux qui ont déterritorialisé leurs activités et leurs revenus. Enfin, le rapport préconise
une TVA réduite sur les œuvres numériques pour rétablir l’équité concurrentielle avec
les opérateurs extra-territoriaux. Actuellement, la TVA appliquée aux transactions électroniques (par exemple à la VOD) est de 19,6 % en France, alors que certains de nos voisins européens (notamment l’Irlande) parviennent (grâce à un mode de calcul affiné de la TVA) à proposer des taux inférieurs (11).

Un rapport pertinent, et après ?
Au total, ce nouveau rapport d’analyse pertinent et précis revisite, à l’occasion du développement de la télévision connectée, des problématiques connues de longue date
et présente des solutions déjà envisagées. Il ne reste qu’à espérer qu’il sera cette fois-ci suivi d’effet. @

Ouest-France se diversifie jusque dans le « nuage »

En fait. Le 13 janvier, Précom – filiale de publicité, de radio et de communication du groupe SIPA, maison mère du premier quotidien français Ouest-France – annonce l’acquisition de Cocktail FM par Radio Cristal. Le 5 décembre, SFR est choisi pour héberger ses applications médias en ligne dans le « cloud ».

En clair. L’Association pour le soutien des principes de la démocratie humaniste, laquelle détient quasi 100 % de la Société d’investissements et de participations (SIPA), maison mère du premier quotidien français, Ouest- France (1), devient plus que jamais pluri-média et digitale. Pionnière des nouveaux médias avec la création en 1986 de Ouest-France Multimédia, le groupe de médias du Grand Ouest se diversifie par voie hertzienne et sur
le numérique. Passé l’an dernier de 44 à 53 éditions locales imprimées de Ouest-France, lequel renforce sa proximité « papier », le groupe SIPA fait aussi le grand saut dans le nuage informatique. Sa filiale Précom (détenue à 68 %) a confié à SFR l’hébergement et l’exploitation de ses applications web pour une période de trois ans. L’opérateur télécoms hébergera l’ensemble des applications Internet du groupe média. « Ces applications comprennent notamment les sites de consultation et d’information, les services de e-commerce, les sites d’échanges de données ainsi que la plate-forme de développement dédiée aux développeurs informatiques internes », précise la société Précom dirigée par Patrick Lelièvre (2). Cette filiale sœur de Ouest-France monte ainsi en charge non seulement en tant que régie publicitaire et éditeur de radios (avec Radio Cristal, qui émet dans l’Eure et les Yvelines), mais également sur les différents supports Internet. En 2005, Précom filialise ses activités de régie de publicité sur Internet sous le nom de Précom Multimédia, mais l’absorbe cinq ans plus tard pour « constituer un réseau commercial
bi-média (presse + web) ». Quant à Ouest- France Multimédia, la filiale numérique du quotidien, elle mise désormais sur les tablettes. « Le site web comme outil d’information, on n’y croit absolument pas. (…) Le grand changement pour nous, c’est la tablette », avait lancé son président, Olivier Bonsart (directeur délégué de SIPA), lors du salon La presse au futur à Paris en décembre 2010. SIPA se diversifie aussi avec ses autres filiales : Journaux de Loire (ex-Socpresse), Publiheddo (57 titres) et SofiOuest, laquelle détient
66 % de Spir et 50 % de 20 Minutes. @

Comment va AOL, un an après le rachat du HuffPost ?

En fait. Le 23 janvier, la version française du site d’informations en ligne américain The Huffington Post a été lancé officiellement – en partenariat avec Le Monde. Et ce, un an après le rachat du Huffington Post Media Group par le portail Internet AOL, sa plus grosse acquisition depuis 2009.

En clair. Cela fait un an (1) que le groupe AOL a racheté le site web d’information et de blogging The Huffington Post et c’est son plus important investissement depuis qu’il a quitté le giron de Time Warner en décembre 2009 (2) : 315 millions de dollars (loin devant l’achat de l’agence de vidéos publicitaires Goviral pour 97 millions en janvier 2011). De la quinzaine d’acquisitions (3) réalisées par AOL depuis le spin-off, c’est la plus risqué aussi. Avec le HuffPost, AOL est passé d’une activité de « portail Internet » à celui d’« entreprise d’information » – avec toute la dépendance à la publicité en ligne que cela implique.
Pour élargir son audience (37 millions de lecteurs par mois aux Etats-Unis) et mieux la monétiser auprès des annonceurs, le site d’Arianna Huffington est parti à la conquête de l’Europe. Après la version au Canada lancée en mai 2011 (au Québec en février) et la version britannique en juillet 2011, c’est au tour de la version française d’être lancée, en attendant les déclinaisons espagnole en mars prochain, grecque au printemps, italienne d’ici la fin de l’année, et allemande. Mais le fonds d’investissement américain Starboard Value, qui détient 4,5 % d’AOL Inc, a de sérieux doutes sur cette stratégie. Dans une lettre ouverte envoyée le 21 décembre au PDG Tim Armstrong et à tout son conseil d’administration, le DG de Starboard Value, Jeffrey Smith, n’y va pas avec le dos de la cuillère : « Nous n’accordons aucune valeur aux actifs médias d’AOL, y compris le réseau publicitaire, l’activité de search et (…) l’affichage publicitaire. Nous croyons que la sous-performance d’AOL [en Bourse] est due aux pertes opérationnelles massives dans la publicité en ligne, ainsi qu’aux acquisitions d’activités déficitaires ». Starboard Value estime en outre qu’AOL pourrait actuellement perdre plus de 500 millions de dollars par
an dans la seule publicité sur Internet ! AOL, qui va publier ses résultats annuels 2011
le 1er février, affichait une perte de 782,5 millions de dollars l’an dernier pour 2,4 milliards de dollars de chiffre d’affaires (dont 53 % en epub…). Le Huffington Post, lui, était déjà bénéficiaire lors du rachat par AOL, « de l’ordre de 60 millions de dollars par an », avait indiqué Arianna Huffington à son partenaire français Le Monde en octobre dernier. Le HuffPost français, lui, vise l’équilibre « d’ici 2014 ». @